Après deux jours de ralentissements exceptionnels, vendredi et samedi, le trafic est progressivement revenu à la normale, dimanche, à Douvres. Français et Anglais se rejettent la responsabilité d’une situation inédite, entre conséquences du Brexit pour les uns, et manque d’organisation pour les autres.
Un cauchemar. Pour des milliers de Britanniques quittant l’Angleterre ce week-end, le début des vacances s’est rapidement transformé en une file d’attente interminable. Principale voie d’accès à l’Europe pour le Royaume-Uni, le port de Douvres s’est retrouvé submergé par le nombre important de personnes – près de 20 000 voitures en deux jours, contre 8 000 hors saison – souhaitant se rendre en France. Au moins quatre heures d’attente étaient nécessaires pour accéder au site, samedi.
Interrogé par The Guardian, Bogdan Negrea, qui devait voyager jusqu’en Roumanie, était dépité. « C'est la pire situation que nous ayons jamais connue. C'est affreux. Sur une échelle de 1 à 10, je mets 11. Le trajet est extrêmement ennuyeux », a-t-il développé. « Ce n’est pas idéal », abonde Barbara Degroot, qui souhaitait rejoindre l’île de Wight avec sa famille. Bloquée depuis plusieurs heures sur la route, elle avait déjà manqué le ferry de samedi midi.
« Le manque de personnel ruine les vacances » des Britanniques
Côté anglais, le port privé de Douvres a rapidement rejeté la responsabilité des embouteillages sur les autorités françaises. Dans un communiqué, le site pointe notamment « l’insuffisance de personnel à la frontière française », qui « ruine le début des vacances » des Britanniques. Outre les 120 policiers déjà présents sur place, 80 autres collègues ont été appelés en renfort. Une aide bienvenue mais loin d’être suffisante, le retard accumulé s’avérant trop important.
De son côté, Liz Truss, favorite des sondages pour succéder à Boris Johnson, a jugé la situation « inacceptable », exhortant la France à prendre « des mesures pour augmenter la capacité à la frontière et limiter de nouvelles perturbations pour les touristes britanniques ». Son concurrent au poste de Premier ministre, Rishi Sunak, est allé dans son sens, accusant la France de manquer de personnel. « Il est absolument inacceptable que des familles soient bloquées dans leur véhicule », a-t-il ajouté.
Le Brexit également mis en cause
Tout en assumant la responsabilité d’une partie des ralentissements, le préfet des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc a tenu à « remercier » les policiers français pour leur travail. « Qui peut croire que parce que nous avons un peu de retard, tout le système déraille ? », a-t-il poursuivi. Samedi, il invoquait plutôt une « triple responsabilité » pour expliquer les nombreux embouteillages.
Outre un grave accident de la circulation sur l’autoroute M20 ayant limité l’accès à Douvres pendant cinq heures, un « incident technique » chez Eurotunnel, reconnu depuis par l’entreprise, aurait causé un retard « d’une heure quinze » d’une partie des équipes travaillant aux postes de contrôles du port. Mais l’explication principale réside selon lui dans conséquences du Brexit. « Il va falloir apprendre à vivre dans un monde qui a changé. Avant, une carte d’identité suffisait (pour traverser la Manche, ndlr). Désormais, il faut un passeport tamponné. Et s’il y a quatre passagers dans la voiture, ça veut dire quatre passagers à tamponner… ».
Dimanche soir, le trafic était revenu à la normal. Un représentant CGT de la compagnie maritime DFDS avertit néanmoins qu’une telle situation pourrait se reproduire à l’avenir : « Avec le Brexit, au moindre grain de sable, ça ne passe plus ».