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COCKNEY - Un argot aux accents révélateurs

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 29 juillet 2024

Selon les experts, le Cockney, un patois de l'East End, aura disparu de Londres d'ici 30 ans au profit du Jafaican, un nouveau dialecte anglais utilisé par les communautés caribéennes et sud-asiatiques. Retour sur les évolutions de cet argot typique de la capitale britannique

Le son des "Bow bells" ne porte plus aussi loin qu'autrefois dans l'East End. En 1851, le tintement des fameuses cloches de l'église St. Mary-le-Bow pouvait être entendu de la City de Londres jusqu'à Camden Town, en passant par Tower Hamlets, Islington ou Hackney. Aujourd'hui, seuls les habitants de la City et de Shoreditch sont réveillés par leur bruit sourd.

Selon la légende, le Cockney, un dialecte anglais des classes-populaires des quartiers de l'est de la capitale britannique, est parlé par les londoniens qui peuvent entendre le son des cloches de Bow. Si ce n'est qu'une croyance urbaine, le déclin de l'usage du Cockney dans l'est de Londres a coïncidé avec celui de la portée du son des cloches de St. Mary-le-Bow, submergé par les décibels de la City et des alentours.

A l'image de la démographie de Londres, un nouveau dialecte remplace progressivement le Cockney: de Whitechapel à Stanford : le multicultural London English, plus communément appelé Jafaican. Ce dérivé de la langue de Shakespeare est utilisé par des populations dont l'anglais est la seconde langue. Il contient notamment des éléments de langage des Caraïbes (Jamaïque et Trinité et Tobago), d'Asie du sud (Inde, Pakistan, Bangladesh) et des fragments de Cockney. La conjugaison du verbe "to be" est ainsi régularisée avec l'emploi de la forme "was" pour tous les temps.

L'émergence du Jafaican, parlé par les importantes communautés asiatiques et les jeunes issus des workers-class, depuis la fin du XXe siècle tend à bouter le Cockney à l'extérieur de la ville vers la région de l'Essex. Mais avant de se pencher sur le futur de cet emblématique accent de l'East End, arrêtons-nous un instant sur son origine.

Vidéo : comment apprendre le Cockney

 

Le Cockney aura disparu de Londres dans 30 ans
Les premières références à ce patois de l'East End remontent au XIVe siècle. Et selon les recherches menées, son étymologie viendrait de l'expression cock's egg en middle english (anglais du moyen-âge), employée pour décrire un ?uf mal formé.

Parlé par la majeure partie de la population des quartiers de l'est pendant 500 ans, le Cockney est depuis les années 1980 sur le déclin. Selon une étude de Paul Kerswill, professeur de socio-linguistique à l'université de Lancaster, le Cockney aura disparu dans 30 ans des rues de Londres. "Le Cockney de l'East End est maintenant en train de se transformer lui-même en Multicultural London English, un nouveau langage hybride de toutes ces populations qui vivent ici et apprennent l'anglais comme une seconde langue", affirme le professeur Kerswill.

Des recherches du Queen Mary College de l'Université de Londres vont dans le même sens. "La majorité des jeunes élèves des écoles de l'East End sont originaires du Bangladesh et cela a un très fort impact sur le dialecte parlé par la population", selon cette étude. "Ce que j'ai actuellement pu établir est que les jeunes du quartier de Tower Hamlets utilisent un type d'anglais lequel n'est pas traditionnellement associé au Cockney", ajoute l'un des auteurs du rapport.

Mais si la disparition du Cockney à Londres semble inévitable à plus ou moins long-terme, bien que quelques distributeurs automatiques de billets installés dans l'East End permettent toujours d'opter pour ce langage, "l'?uf de coq" connaît un net regain dans l'est de l'Angleterre à mesure qu'il se déplace hors du Grand Londres. L'étude du professeur Paul Kerswill suggère ainsi que l'emploi du Cockney est courant dans les comtés de l'Essex et du Hertforshire, comme notamment dans les villes de Romford et Southend."L'usage du Cockney a été transplanté dans ces villes", théorise Paul Kerswill. Un processus qui a commencé lorsque de nombreuses familles londoniennes ont quitté la capitale après la Seconde guerre mondiale.

En quelque sorte, l'évolution de l'anglais à Londres est un baromètre des transformations de la capitale. Pour David Crystal, un autre spécialiste des dialectes du Royaume-Uni, "les accents et les dialectes sont le miroir de notre société, et quand celle-ci change, les accents changent."

Camille Belsoeur (www.lepetitjournal.com/londres) mardi 27 novembre 2012

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Pour vous entrainer :

Le Cockney est un accent mais aussi un argot. Aussi appelé "Rhyming Slang", il consiste à remplacer des mots par des expressions. Le dernier mot de cette expression doit rimer avec celui auquel il se substitue. Voici quelques exemples :

"Use your loaf and think next time" (loaf of bread = head)

"You will have to speak up, he's a bit mutton" (mutt'n'jeff = deaf)

"I'm going on my tod" (tod sloan = alone, or own)

"Are you telling porkies?" (porkies = pork pies = lies)

"Are you going to rabbit all night?" (rabbit and pork = talk)

"Did you half-inch that car?" (half-inch = pinch, meaning steal)

"I haven't heard a dicky bird about it" (dickie bird = word)

Adam and Eve = Believe
Apples and Pears = Stairs
Baked Potato = See You Later
Bat and Wicket = Ticket
Bees Wax = Tax
Bob Hope = Dope (Marijuana)
Bread and Honey = Money
Cat and Mouse = House
Collar and Tie = Pie
Currant Bun = Sun
Dicky Bird = Word (Don't say a Dicky Bird)
Frog and Toad = Road
Holy Ghost = Toast
Jack Jones = Alone (On your Jack)
Jiminee Cricket = Ticket
On The Floor = Poor
Oxford Scholar = Dollar
Oxo Cube = tube = the London Underground
Pork Pies = Lies
Rory O'Moore = Door
Sausage and Mash = Cash
Scapa Flow / Scarper = run away/go
Scooby Doo = Clue (Ain't got a Scooby)
Sherbet Dab = Cab
Trick Cyclist = Psychiatrist
Trombone = Phone
Uncle Ned = Bed

D'autres expressions utilisées tous les jours à Londres qui proviennent du Cockney : "leave it out" signify quelque chose come "don't be silly"; "gercha!" peut être utilisé pour "you liar" ou "go away"; "give us a bell" signify "phone me"; "old man/woman" pour "ather/mother" ou "husband/wife"; "old geezer" signifie "an old man"; "straight up" vent dire "honestly"; "hang about" pour "hold on"; "give it some stick" veut dire "to perform strenuously"; "what's the damage?" égale "how much?"; "you're not on !" pour "the answer is definitely NO !"

Enfin voici quelques expressions issues du Jafaican :

Yard Home (from "back yard"). "Out tonight?" "Nah, man, I'm chillin' in my yard."
Blad/bredren/bruv Mate; "blad" is thought to relate to "blood" brother. "What you sayin', blad?"
Yute Kid, kids; from "youth". "Those yutes be runnin' round."
Safe/easy Greeting. "Oh, there he is ... safe, man!"
Ends Neighbourhood, area. "What ends you from?"
Sket Loose woman; short for Caribbean sketel, meaning "slut". "Dat gal is a proper sket."
Low batties Trousers that hang low on the waist; slang for man's buttocks. "Check out dem low batties!"
Nang Good, cool; originally from Australian slang. "Last night was so nang!"
Sick Good. "Dat new skateboard is sick, man."
Deep Rude, horrible. "That was deep."
Allow it/him Leave it/him alone, forget it. "Wanna walk to the shop?" "Nah, allow it, bruv, dat's a trek, innit?"
Nuff Really, very; from "enough". "He was nuff rude."
Buff Attractive; used to describe a man or woman. "Hey, you seen my new man? He's well buff, innit?"
Begging Talking nonsense. "You just beggin' now."
Jamming Hanging around; thought to originate from musical term. "What you up to, blad?" "Just jammin'."
Hype (n) Excitement; (adj) exciting; (v) to get excited. "That's some hype bike you have"; "He got drunk and was runnin' round on a hype."
Chat Talk back, contradict. "Don't chat to me!"
Bare Very, a lot. "I'm bare hungry"; "There were bare people"

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Publié le 27 novembre 2012, mis à jour le 29 juillet 2024