Le Black History Month célèbre chaque année depuis 1976 l’histoire de la diaspora noire à travers le monde. Fêtée en octobre au Royaume-Uni, elle met en avant les figures et les porte-paroles actuels de la lutte contre le racisme et les discriminations à l’encontre de la communauté noire dans le pays.
En 2020, la police métropolitaine londonienne se retrouve au cœur d’une polémique importante. Des investigations mettent en lumière des pratiques jugées violentes, problématiques et discriminantes de la part des policiers. D’après le Children’s Commissioner, entre 2018 et 2020, 650 mineurs ont été soumis à une fouille à nu. Presque 60% de ces mineurs étaient noirs. Ces statistiques ont été pointées du doigts par des activistes du mouvement Black Lives Matter au Royaume-Uni, qui s’est largement mobilisé à la suite du décès de George Floyd aux Etats-Unis le 25 mai 2020.
Crédit Rob Mieremet
Aujourd’hui, les mouvements anti-racistes britanniques dénoncent les discriminations et le racisme quotidiens auxquels font face les minorités raciales, et notamment la communauté noire de Grande-Bretagne. Ils succèdent à des mouvements de la fin du XXe siècle comme le British Black Panther Party, qui s’était fait connaître lorsque neuf de ses membres, regroupés sous le nom de Mangrove Nine, avaient appelé à la révolte en réaction au racisme de la Metropolitan Police.
Plusieurs personnalités militantes ont repris le flambeau et continuent à dénoncer les discriminations auxquelles la communauté noire fait face au Royaume-Uni. Portées par les médias et les réseaux sociaux, elles ont un écho important dans la société britannique. Portrait de trois voix de la nouvelle génération de l’antiracisme d'outre-Manche.
Imarn Ayton, la porte-parole auto-proclamée de Black Lives Matter UK
Imarn Ayton est une militante britannique née en 1991 à Londres. Elle détient un diplôme d’actrice et de public-speaking. Elle a notamment joué dans le film C.O.O.L.I.O Time Travel Gangster, sorti en 2014.
En parallèle de sa carrière d’actrice, elle s’engage dans la lutte contre le racisme anti-Noirs dans son pays natal. Elle est membre du Black Reformist Movement, qui promeut “l’égalité et la justice pour les Noirs en Grande-Bretagne”. Imarn Ayton se fait remarquer à l’été 2020, alors qu’elle organise plusieurs manifestations Black Lives Matter à Londres, dont l’une rassemble plus de 20.000 personnes. Elle y devient l’une des oratrices les plus exposées du mouvement, s’exprimant publiquement à chacune des mobilisations. Elle a notamment l’occasion d’échanger avec Madonna lors de l’une d’elles. À cet égard, elle est présentée par les médias comme l’une des portes-paroles de Black Lives Matter UK.
Imarn Ayton considère que le Royaume-Uni est en proie à un racisme systémique et institutionnalisé, qu’elle définit comme “une forme de racisme qui s'inscrit dans des pratiques normales au sein des institutions et des organisations”. “Il en résulte que les stratégies, les politiques et les procédures sont conçues ou mises en œuvre d'une manière qui désavantage et discrimine la communauté noire”.
Layla Saad, la “e-activiste” qui combat le racisme à coups de challenges
Layla Saad est une militante née en 1983 aux Pays de Galles. Britannique, musulmane, de père kényan et de mère tanzanienne, elle explique avoir évolué dans un environnement où le racisme était monnaie courante. Formée au droit en Angleterre, elle vit désormais au Qatar.
En 2018, alors à la tête d’un compte Instagram où elle s’exprime quotidiennement sur des problématiques liées au racisme, Layla Saad lance un challenge de 28 jours, sur le hashtag #MeAndWhiteSupremacy. Elle incite les utilisateurs blancs sensibilisés à la cause à se mobiliser tout le long du challenge pour combattre le racisme. Forte du succès de ce challenge, elle décide de lancer un workbook en ligne qui cumule plus de 100.000 téléchargements. Layla Saad publie finalement en 2020 une version physique de ce challenge : Me and White Supremacy: Combat Racism, Change the World, and Become a Good Ancestor, qui se veut un “outil personnel d’antiracisme”. L'ouvrage est très vite honoré du statut de Best seller par le New York Times.
Layla Saad bénéficie aujourd’hui d’une grande exposition sur les réseaux sociaux. Elle cumule par exemple 599.000 abonnés sur Instagram.
Reni Eddo-Lodge, ou la rencontre entre féminisme et anti-racisme
Reni Eddo-Lodge est une journaliste et écrivaine née en 1989 à Londres de mère nigériane. Elle déclare s’être engagée dans la cause féministe à 19 ans, en parallèle de ses études de littérature anglaise à l’université du Central Lancashire. Elle se lance donc tout naturellement vers l’écriture et la participation à des émissions de radio abordant des thématiques liées au féminisme, comme Woman’s Hour, un programme diffusé sur BBC Radio 4.
En juin 2017, elle publie Why I’m No Longer Talking to White People About Race, un essai sur la complexité des rapports raciaux au Royaume-Uni. À propos du titre de son livre (en français, “Pourquoi je ne parle plus de race avec les Blancs ”), elle précise qu’elle ne s'adresse pas à tous les Blancs, mais “juste à la vaste majorité qui refuse d’accepter la légitimité du terme de racisme structurel et ses symptômes”.
Récompensé par de nombreux prix, son livre est projeté sur le devant de la scène après la mort de George Floyd en mai 2020 et les manifestations du mouvement Black Lives Matter qui s’en sont suivies en Grande Bretagne. Why I’m No Longer Talking to White People About Race se hisse alors à la première place des ventes, et Reni Eddo-Loge devient la première femme noire britannique à atteindre cette position dans le classement.
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