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Avons-nous la même lecture des chiffres et de l’actualité Monsieur Johnson ?

Point d'interrogation bleu sur fond rosePoint d'interrogation bleu sur fond rose
Towfiqu Barbhuiya - Unsplash
Écrit par Laurent Colin
Publié le 5 janvier 2022, mis à jour le 5 janvier 2022

Monsieur le Premier ministre, j’ai encore votre tweet du 31 décembre en tête. J’aimerais partager votre optimisme, mais je dois dire, justement, que je suis partagé.

 

EDITO - A vous lire : « Quels que soient les défis qui nous attendent dans les semaines et les mois à venir, notre situation aujourd'hui est incomparablement meilleure que l'année dernière ».

 

Vous avez raison. Après les deux confinements annoncés le 23 mars 2020 et le 4 janvier 2021, nous sommes en ce début d’année libres comme l’air. De l’air frais que vous nous conseillez de faire entrer quotidiennement dans nos maisons. Une recommandation qui s’accompagne du port du masque obligatoire dans les lieux publics et les transports et d’une incitation à télé-travailler. C’est dire si les contraintes sont nombreuses.

 

Vous avez raison. On ne doit pas s’alarmer du nombre croissant de personnes contaminées chaque jour. 218 000 l’ont été le 4 janvier 2022. Ce chiffre est plus de quatre fois supérieur à celui enregistré le 4 janvier 2021 où « seulement » 50 000 cas de Covid étaient recensés dans tout le Royaume-Uni. Par ailleurs, 2,3 millions de citoyens étaient infectées la semaine de Noël selon une estimation du bureau national des statistiques (ONS), parlant même d’un Londonien sur 15 porteur du virus. La capitale britannique est désignée comme l’épicentre de la vague Omicron avec près de 3 500 hospitalisés avec le coronavirus en ce moment, soit 60 % de plus que la semaine dernière.

 

Mais vous avez raison. Il ne faut pas se contenter de lire ces chiffres et ces « records » égrainés sans relâche par les médias. Il est bon également de les mettre en relief avec le nombre de décès. Rappelons que le 3 janvier 2021, 455 personnes succombaient au Royaume-Uni des suites du Covid-19. Le 3 janvier 2022, il y a deux jours, 43 décès étaient annoncés. C’est beaucoup moins, oui. Mais c’est toujours beaucoup trop.

 

Vous avez raison de vous êtes lancé dans une immense campagne de vaccination qui porte visiblement ses fruits. 77% de la population vivant sur le sol britannique a reçu au moins une dose. 82,5% de la population âgée de plus de 12 ans a bénéficié des deux doses. Et l’injection de rappel (booster jab) a déjà été administrée à 50 % de la population. Un vrai effort de guerre, surtout ces dernières semaines, où près d’un million de personnes ont été vaccinées sur la seule journée du 21 décembre 2021. A la même période l’année dernière, la campagne de vaccination débutait. Le 7 janvier 2021 environ 3 % de la population avait reçu la première dose. A l’instant T, 134 millions d’injections ont été effectuées au Royaume-Uni.

 

Tous ces chiffres vous donnent raison. Aussi, pourquoi durcir le ton et imposer de nouvelles restrictions pourtant en place dans les autres pays du Royaume où l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord ont notamment fermé les discothèques. Allez vous promener à Soho le soir, on y fait la fête en toute insouciance, comme il y a deux ans. Certes, vous venez d’annoncer des tests quotidiens pour 100 000 travailleurs clés qui fournissent des services indispensables dans le pays (transports, livraison de denrées alimentaires, douaniers…), mais est-ce vraiment suffisant pour enrayer la vague Omicron ?

 

Vous avez raison de peu vous soucier de l’épuisement des personnels en première ligne pour combattre le virus et sauver notre population. Plus de 11 000 personnes sont en ce moment hospitalisées dans le pays (dont environ 10 % sous assistance respiratoire), un chiffre en hausse de 50 % par rapport à la dernière semaine de décembre. La pression s’accentue donc sur le système hospitalier, d’autant qu'à la fatigue s’additionne maintenant la plus grande viralité du nouveau variant et l’absence du personnel. Plus de 24 000 absences de soignants ont été signalées en décembre (contre moins de 12 000 en novembre). Même son de cloche chez les pompiers où plus du tiers des véhicules d'intervention étaient immobilisés le jour de Noël faute de personnel, contaminé par le Covid ou devant s'isoler. Ces arrêts maladie plombent évidemment le système public, mais vont également créer des difficultés dans des pans entiers des services et de l’économie britannique.

 

La suite des événements vous donnera-t-elle raison Monsieur Johnson ?