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Après 250 ans d’activité, Debenhams disparaît de toutes les rues

Vue d'un grand magasin Debenhams à LeedsVue d'un grand magasin Debenhams à Leeds
Immanuel Giel - Unsplash
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 7 mai 2021, mis à jour le 7 mai 2021

Nous en savons enfin plus sur les ultimes fermetures des iconiques magasins Debenhams au sein des 101 grandes rues commerçantes de Grande-Bretagne concernées. La liquidation avait fini par être prononcée en début d’année 2021 avec en cause, les mesures de lutte contre le Coronavirus.

 

Historique d’une enseigne vieille de près de 250 ans

À sa genèse, un simple magasin de tissus qui vit le jour en 1778, et qui, par de multiples acquisitions au fil des décennies, devint un véritable emblème des grandes chaînes de magasins à succès dont le Royaume-Uni fut l’un des premiers instigateurs. Le groupe s’était octroyé une certaine réputation parmi les leaders des domaines d’activité du prêt à porter et de beauté. À noter que sa création avait même précédé celle du célèbre Harrods (que le groupe avait d’ailleurs failli racheter en 1959 !). Comptant une clientèle fidèle au possible, ces établissements étaient parvenus, après plus de deux siècles, à couvrir une superficie de presque 1 milliard de km2 entre le Royaume-Uni et l’Irlande. Autant dire que la chaîne avait déjà connu des temps de crise pandémiques, ce qui pour autant n’aura pas empêché le coronavirus d’annihiler toute perspective de survie.

La fermeture des magasins imminente, précipitée par la réouverture tardive des commerces non-essentiels

À l’heure actuelle, 23 magasins ont d’ores et déjà mis la clef sous la porte pour de bon, parmi ceux-ci celui de la capitale. Les prochaines fermetures s’opéreront en date du 8 mai, comme c’est le cas pour les communes de Crawley ou de Derby, et le reste des centres commerciaux fera ses adieux entre les 12 et 15 mai. Du fait que la réouverture des commerces non-essentiels n’ait pu se concrétiser avant le 12 avril, l’écoulement des stocks s’en est retrouvé plus que compromis, et ce malgré les prix réduits tant sur le site web que dans les échoppes.

Une liquidation historique illustratrice de certaines habitudes de consommation en voie de disparition

Car en effet, une telle disparition sonne le glas d’une véritable époque dans le domaine de la consommation, et ce dans la continuité d’autres faillites majeures. Symboles à part entière de la crise actuelle (pour ne citer qu’un autre exemple : la chaîne Beales), ces liquidations témoignent de l’état de la situation du domaine sédentaire , avec les pertes économiques, financières et sociales qui s’ensuivent. Ainsi les habitants de Bournemouth se demandent, selon le Daily Echo, à quoi va ressembler leur high street (grande rue commerçante) à partir du 12 mai, lorsque le centre commercial disparaîtra définitivement.

En dépit de sa notoriété, Debenhams avait pourtant, selon les consommateurs, perdu en qualité et le service client laissait à désirer. L’insolvabilité des loyers de ces millions de kilomètres carrés en temps de confinement a ainsi donné le coup de grâce, avec en arrière-plan l’une des économies les plus touchées par la conjoncture sanitaire.

Un rachat par Boohoo qui ne comble pas le(s) vide(s) laissé(s)…

…Puisque Boohoo est une plateforme de vente en ligne, de plus en plus populaire grâce à la généralisation conjoncturelle des emplettes en ligne. Là encore, ce rachat est un reflet de l’évolution de notre pouvoir d’achat et de notre façon de consommer, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. L’acquisition en question avait elle aussi été annoncée fin janvier.

Ces changements sont d’autant plus représentatifs de la période que nous traversons, puisque les articles vendus par Boohoo sont, d’une part, globalement plus abordables et très prisés des influenceurs, mais aussi du fait que les pratiques du géant de la mode ont été ces derniers mois très décriées à l’égard des conditions de travail de ses sous-traitants.

Ainsi ce rachat induit une triple conséquence : il laisse un goût amer aux habitants des villes destituées de leurs grands magasins préférés, des places libres parfois à l’abandon dans leurs belles avenues, et devrait aussi avoir fait perdre 12 000 emplois d’ici la fin de cette épopée, le tout sur fond de crise sociale.