« De Offenbach à Gainsbourg », mais en sortant des sentiers battus de la musique française grâce à un accordéon dévoué à la cause du jazz, nous voilà plongés tant dans l’univers du nouveau spectacle que dans la carrière de Fifi la Mer. Stéphanie partage avec nous le récit de sa vie et de sa musique.
Propos recueillis par Luther Beaumont.
Quand commence votre histoire avec la musique ?
J’ai toujours voulu chanter et jouer d’un instrument. En fait, ma vocation n’a jamais suscité le moindre doute, et ce depuis mes premiers moments de vie.
Au vu de ma sensibilité artistique déjà affirmée, je débutai petite le patinage artistique à l’école des enfants du spectacle, et ce jusqu’à mes 13 ans. Mais je me lassais de l’approche assez sportive de l’établissement : je ne voulais faire que de la musique, rien que de la musique ! Toutefois je ne commence qu’à chanter professionnellement qu’à 25 ans, et ne débute l’accordéon qu’à 32 ans !
Sans passer par le conservatoire, donc ?
Non. J’arrive à Londres vers mes 27 ans, et on me demande alors de chanter en français, avec un accordéoniste.
Pourquoi Londres ?
J’avais jusqu’alors vécu à Paris, où je me sentais coincée artistiquement, je voulais m’évader et me produire dans des cafés londoniens pour y jouer du jazz. Quant aux écoles… je craignais un apprentissage uniformisé. Un copain m’avait donné un excellent conseil en ce sens : « À force de jouer, apprends ce qu’il ne faut pas faire, et fais tout le reste » !
Dès mon arrivée à Londres, je me représente sur scène. À l’époque, la loi nous autorisait à jouer très librement dans les cafés et les bars, et j’y passais tout mon temps. Je chantais toujours, avec des guitaristes, des pianistes, commençant les tournées avec mon groupe Steph and the Gang ! Mais ma situation ne s’avérait que peu viable financièrement.
C’est là que je me tourne véritablement vers l’accordéon au vu de la demande de musique française, l’un et l’autre se mariant si bien. Mais la rigueur des accordéonistes que j’ai pu rencontrer ne correspondait pas à mes envies musicales, aussi formidables étaient-ils. Je décide alors de me former moi-même : je prends quelques leçons d’accordéon, puis continue d’apprendre à en jouer en autodidacte.
Puisque j’écrivais les arrangements pour le groupe, j’avais déjà quelques connaissances harmoniques apprises sur le terrain. L’album de Steph and the Gang demeurait toutefois très jazz. Encore une fois, il me fallait prendre mon envol musical et stylistique.
Je continue de progresser, petit à petit, et à force d’écrire je composais des arrangements de plus en plus difficiles à l’accordéon, intégrés dans nos morceaux. Notre succès fut dès lors décuplé.
Comment en avez-vous été amenée à collaborer avec Oliver ?
Avec Steph and the Gang j’étais initialement accompagnée d’un trio composé de guitare, contrebasse et violon. Mais au départ du violoniste, je ne trouve personne pour le remplacer ! Je contacte alors Oliver Wilby au saxophone. Il est le meilleur musicien que je connais, quoiqu’un peu cheeky (espiègle) ! Mais cette espièglerie est mesurée, juste ce qu’il faut.
Je voulais réaliser avec lui une sorte de tribute à la musique française, consacrant et célébrant la musique, sans faire du showbiz. Nous devenons un duo sur scène, où l’on raconte aussi des histoires, entre nos morceaux. Nous avons écrit ensemble la narration du spectacle durant le confinement. Nous y racontons l’immigration italienne, nous contons Montmartre, les bars à charbon et les joueurs de musette le soir, nous discutons Edith Piaf et combien elle travaillait dur… Il s’agit d’un véritable talkshow aussi bien que d’un spectacle musical, qui fait passer du rire aux larmes.
Quelle était votre motivation commune à Oliver et vous?
Déjà, financièrement et en termes de gestion, les tournées à 4 devenaient plus difficiles. Je cherchais à accomplir quelque chose de plus léger. Notre duo est plein de simplicité. La répartition des tâches est très équitable, nous écrivons chacun à peu près la moitié des arrangements. Oliver est formidable et lit très bien la musique, il peut vraiment tout jouer. Mais là, il parle, il se livre, le spectacle fait la part belle à son individualité tout en démontrant d’un véritable partage entre lui et moi.
Quelles ont été les plus belles scènes de votre vie ?
Je pense que la plus excitante est toujours celle à venir… Or nous allons bientôt produire notre talkshow au Crazy Coqs, qui aura lieu le 23 février à 19 heures. Jusqu’à présent, nous avons déjà performé au Carlisle dans le Cumbria et dans d’autres bars… nous avons notamment joué près de 500 fois à la brasserie Zédel. S’y ajoutent les différentes tournées dans les village halls… Mais ce spectacle-là est presque inédit, puisqu’il a débuté en juin avant d’être interrompu par les restrictions sanitaires.
Pourriez-vous résumer en quelques mots pourquoi faut-il se rendre à votre spectacle ?
It’s the safest way to take yourself to Paris.
Pour toute réservation sur ce lien, vous pouvez vous adresser à Stephanie Mair pour accéder à un téléchargement de quatre morceaux gratuits.