L'impact économique humain sur l'environnement ces dernières décennies nous pousse à repenser nos modes de production et de consommation. La ferme urbaine Nãm qui, en recyclant le marc de café pour produire des champignons et participe ainsi à l'économie circulaire est, certainement, un exemple à suivre. Lepetitjournal entrouvre les portes de cette ferme innovante.
40 tonnes de marc de café recyclé par an
Nãm, qui signifie champignon en vietnamien, est une entreprise fondée en 2018 par l'entrepreneur belge Natan Jacquemin. Elle promeut l'économie circulaire, à savoir une économie qui se veut durable sans déchets. Nãm recycle près de 40 tonnes de marc de café par an sur 10.000 tonnes de marc de café jetées dans la région de Lisbonne. Entre 2 tonnes et 2 tonnes et demi de champignons et 3 tonnes d'engrais par mois sont produits dans la ferme urbaine.
Si on prend pour exemple la nature où le déchet n'existe pas, on peut alors penser le concept du déchet comme une opportunité. (Natan Jacquemin, fondateur de Nãm)
Sa production de champignons, à partir de marc de café, ne produit aucun déchet et limite ses émissions de carbone en restreignant les déplacements de l'entreprise à un rayon de 15 km. "En moyenne en Europe un aliment parcourt 1.500 km avant d'arriver dans nos assiettes. Notre objectif chez Nãm est de réduire ce chiffre au maximum parce que c'est le transport qui a le plus gros impact environnemental", souligne l´entrepreneur.
Le processus de transformation du marc de café en champignons
Le processus de production de champignons se fait sur une durée d´un mois à peu près explique Natan Jacquemin en détaillant ce processus.
La première étape consiste dans la récupération de marc de café gaspillé. Nãm récupère grâce à son partenaire Delta, leader dans la production de café au Portugal, entre 200 et 300 kilos de marc de café par jour. Une fois récupérés, ils sont ensuite mélangés à de la paille pour être pasteurisés, cela signifie que le substrat est mélangé et chauffer à 60/70 degré, auquel on ajoute ensuite des spores de champignons. Le champignon va donc utiliser ce substrat, riche en nutriments, pour pousser.
La première phase de la culture est une phase d'incubation. Les champignons sont en effet conservés dans une salle d'incubation dans des conditions similaires à celles sous terre ou sous l'écorce d'un arbre c'est-à-dire dans une pièce sombre, sans beaucoup de circulation d'air et avec une température constante. Actuellement, cette première phase se fait à Odivelas dans l'usine principale.
Pour faire pousser les champignons il faut ensuite les conserver dans des conditions spécifiques : celles du printemps. Ils ont besoin de beaucoup d'humidité, d'air frais et de la lumière. Les champignons poussent dans des vieux conteneurs maritimes en fin de vie et qui sont récupérés par Nãm. Ils sont faits d'inox, et permettent ainsi une bonne isolation.
Au sein de la ferme urbaine, deux types de champignons sont produits : des pleurotes et des shiitake. Après qu'ils aient poussé, les champignons sont récoltés pour ensuite être vendus principalement aux restaurants, dans une zone de 15km pour minimiser les émissions carbones de l'entreprise.
Un cycle sans déchets : production et sensibilisation
Les déchets de la production de champignons, à savoir les sacs dans lesquels ils poussent, sont d'excellents engrais pour les agriculteurs et que Nãm utilise aussi dans son potager. Il n'y a donc aucun déchet issu de la production de ces champignons, c'est pourquoi la ferme est un modèle d'économie circulaire.
Pour sensibiliser la population à ces nouveaux modes de production et de consommation, Nãm organise des visites et des ateliers au sein desquels sont expliqués les processus de production des champignons et plus généralement le concept d'économie circulaire.
De nombreux articles sont aussi publiés sur le site internet de l'entreprise, entre autres des recettes pour cuisiner les champignons ou des articles explicatifs et parfois scientifiques sur les activités de Nãm.