Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Portugal a accueilli plus de 30.000 réfugiés ukrainiens. Entre prise en charge, aide humanitaire et polémique, l’organisation de l’accueil de ces réfugiés s’organise le mieux possible au Portugal. Lepetitjournal explique comment cet accueil est organisé.
Le deuxième acte de la guerre en Ukraine
Depuis le 24 février, une guerre sans précédent fait rage en Ukraine. La Russie de Vladimir Poutine essaie de prendre le contrôle du territoire ukrainien, un ancien pays satellite de l’URSS. Au début du mois d’avril, un nouvel acte de la guerre a commencé : les forces russes se concentrent sur l’est du pays, dans la région du Donbass. La ville portuaire de Marioupol a été le théâtre d’intenses combats, qui se sont soldés par l’évacuation des derniers militaires ukrainiens présents dans l’aciérie Azovstal, un complexe industriel dans lequel ils résistaient. La ville de Severodonetsk est désormais le nouvel objectif russe.
Cette guerre, au-delà des combats qu’elle implique, provoque d’autres effets néfastes. Entre la crise énergétique et alimentaire et les difficultés économiques, une grave crise humanitaire est aussi au cœur du conflit. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a annoncé vendredi 13 mai que « un tiers des Ukrainiens ont été forcés de quitter leur foyer », soit 6.1 millions de personnes. La Pologne et la Roumanie sont les pays qui accueillent le plus de réfugiés (respectivement 3.3 millions et 900.000 réfugiés) de par leur proximité géographique. Mais de nombreux Ukrainiens trouvent refuge dans d’autres pays européens. En France, 50.000 titres de séjours ont été émis depuis le début de la guerre. Au Portugal, le Service des Etrangers et des Frontières (SEF) dénombrait le 1er juin 38.000 titres de protections temporaires accordés par le gouvernement.
Un programme spécial du gouvernement pour les réfugiés Ukrainiens
Le gouvernement portugais a rapidement réagi suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le flux d’Ukrainiens fuyant leur pays étant impressionnant, les réactions des voisins européens étaient attendues. Au Portugal, le gouvernement a choisi de mettre en place un système de régularisation immédiate des réfugiés ukrainiens. Sur le site du SEF, les arrivants trouvent toutes les informations nécessaires à leur arrivée et peuvent formuler une demande de protection temporaire en ligne. Ce titre, une fois délivré, est valable un an et est renouvelable deux fois pour des périodes de six mois, ce qui donne la possibilité d’être protégé pendant deux ans.
Lepetitjournal s’est entretenu avec Oksana, une membre de l’association Help to Ukraine à Lisbonne -qui se traduit simplement par Aide à l’Ukraine- qui est « très fière de l’aide apportée par le gouvernement portugais ». Cette association a été créée les jours suivants l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier « par des groupes de personnes investis dans l’humanitaire, d’origines ukrainienne, russe et portugaise » dit-elle. Les réfugiés ont accès aux contacts des services afin d’obtenir le numéro d’identification fiscale, de sécurité sociale et du service national de santé. Cet accompagnement permet aux « réfugiés de recevoir les documents nécessaires à leur rapide intégration le plus rapidement possible » selon Oksana.
Le Portugal s’investit donc fortement dans l’accueil des réfugiés depuis le début de l’invasion, à l’image de la communauté européenne, qui ne cache pas son soutien au pays mis en danger par son voisin russe.
Différentes associations sont mobilisées pour accueillir les réfugiés
A l’instar de l’association d’Oksana, d’autres organisations sont mobilisées pour accueillir les réfugiés. Le mantra de Help to Ukraine est de « collecter de l’aide humanitaire pour les Ukrainiens restés sur place, et pour ceux arrivés au Portugal ». Ces organisations promeuvent l’entraide et n’hésitent pas à coopérer entre elles. C’est le cas de Help to Ukraine qui reçoit l’aide de la fondation norvégienne Open Heart qui organise la distribution en Ukraine des biens récoltés au Portugal.
La communauté ukrainienne est devenue la deuxième communauté étrangère du Portugal
Avant le début de la guerre, la communauté ukrainienne était déjà grande au Portugal. Depuis maintenant plus de trois mois, le flux d’arrivées d’Ukrainiens au Portugal n’a cessé d’être alimenté, ce qui a doublé la population de la communauté. Oksana note tout de même que « le flux de réfugiés diminue. La période la plus compliquée était le premier mois ». Ces arrivées ont fait de la communauté ukrainienne la deuxième communauté étrangère du Portugal, après la communauté brésilienne.
Toutefois, s’intégrer dans un pays étranger reste une situation délicate. « Le Portugal est un pays fantastique mais seules les personnes avec de la famille ou des amis peuvent réellement s’adapter » pense Oksana, pointant du doigt de plus grandes difficultés d’adaptation quand on ne « parle pas le portugais ou un très bon anglais ». Il y a, cependant, à la date du 1er juin 3.000 Ukrainiens qui bénéficient de contrats de travail fermes et 4.600 enfants qui sont d’ores et déjà scolarisés dans le système éducatif portugais.
Des pro-russes infiltrés dans des associations d’accueil aux Ukrainiens
Un scandale a éclaté le 29 avril lorsque l’hebdomadaire Espresso a révélé qu’une personnalité de la communauté russe au Portugal aurait encadré l’accueil de 160 réfugiés à Setúbal avec son épouse. Le souci était que les deux protagonistes demandaient, semble-t-il, des informations aux réfugiés à propos de la situation sur place, où se trouvaient leurs familles etc... La municipalité de Setúbal a donc réagi en retirant des équipes d’accueil les deux époux russes.
Mais cette affaire ne s’est pas arrêtée là. L’ambassadrice d’Ukraine au Portugal, Inna Ohnivets, a déclaré quelques jours après sur une chaîne de télévision portugaise que des membres d’organisations pro-russes s’étaient infiltrés au sein des organisations d’accueil des réfugiés ukrainiens. La situation est désormais dans les mains du Haut-commissariat aux migrations.
Un appel à la paix
La communauté internationale appelle à la paix, et au retrait des forces russes du territoire ukrainien. De nombreuses sanctions sont mises en place, notamment par l’Union Européenne qui a voté un embargo sur le pétrole russe. Oksana, à son échelle, espère que « l’horreur va s’arrêter et que le monde pourra vivre en paix. C’est illogique que des groupes de personnes puissent changer des siècles d’amitié et de fraternité entre deux peuples. Il faut que cela cesse ».