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UKRAINE - La communauté ukrainienne au Portugal

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 5 mai 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

La communauté ukrainienne est fortement implantée au Portugal et particulièrement aux alentours de Lisbonne, elle est la troisième communauté étrangère dans le pays et représente 11% des étrangers. Une majorité de ces migrants sont arrivés au début des années 2000 profitant de l'ouverture des frontières de l'union européenne. Aujourd'hui, ils suivent de loin à travers les médias l'actualité de leur pays en proie aux troubles.

Une communauté importante
Les Ukrainiens sont nombreux à Lisbonne, et il n'est pas rare de trouver dans les kiosques, des journaux cyrilliques, il n'est pas rare non plus d'entendre du slave dans le métro. En fait, selon les chiffres de 2012 du SEF (Service des Etrangers et des Frontières), ils étaient 44.000 présents sur le sol portugais (avec visas), moins qu'en 2011 (48.000), la majorité de la communauté se concentre autour de Lisbonne. Cette baisse s'explique par la crise économique que traverse le Portugal, les Ukrainiens sont venus pour des raisons économiques, s'ils ne trouvent pas d'emploi rapidement, ils n'ont aucune raison de rester, explique Mario Ribeiro, responsable de l'intégration au Centre National de soutien aux Immigrants (CNAI) à Lisbonne, "le peuple ukrainien est un peuple travailleur, qui cherche à s'intégrer". Selon une étude, réalisée par la "Haute commission pour l'immigration et le dialogue interculturel", 70 % d'entre  eux maîtrisent le portugais.

Le profil du migrant n'est pas homogène. Bien souvent, il s'agit d'une population qualifiée que ce soit dans les sciences où l'industrie mais ils travaillent pour un certains nombre d'entre eux dans le bâtiment. Une chance pour le Portugal qui connaît depuis la crise de 2008, une fuite de ces jeunes diplômés.
Le pays est reconnaissant de ces arrivants et cherche à intégrer cette communauté de la meilleure manière possible. L'université des Lettres de Lisbonne fêtait d'ailleurs en avril, le bicentenaire de la naissance de l'écrivain Chevchenko, véritable symbole national ukrainien.

(Photo : A. Conanec)

Un regard tourné vers l'est


Depuis des mois, la situation chaotique de l'Ukraine accapare l'attention des médias mondiaux. Les images de Maïdan ont fait le tour de la planète, le conflit face au géant russe, la montée de l'extrémisme à Kiev, la désintégration même du pays sont, autant de sujets qui intéressent particulièrement la population ukrainienne du Portugal.
Diverses manifestations ont marqué la vie de ces migrants à Lisbonne, notamment  la démission du président Ianoukovitch. Des manifestations ont lieu de manière épisodique, dans la capitale portugaise. Ils étaient d'ailleurs une trentaine rassemblée le 24 avril dernier face à l'ambassade de Russie. Cette scission qui guette le pays est également visible au Portugal, une partie de la communauté a véritablement coupé les ponts avec un pays jugé corrompu, mais une autre partie s'intéresse de près à la situation, souhaitant un rapprochement avec l'Union européenne, ou au contraire avec la Russie.

Anna est ressortissante ukrainienne de Crimée, 25 ans, elle est étudiante et heureuse du référendum pour le rattachement de la Crimée à la Russie. Celui-ci bien que jugé illégal par la communauté occidentale fait de la Crimée un territoire russe. Elle pense que c'est une bonne chose pour sa famille restée au pays mais espère réellement que le calme va régner dans cette partie du pays.

L'avis de Petr, de l'association ukrainienne de Lisbonne ne diverge qu'un peu, il souhaite une décentralisation, voir une fédéralisation du pays, "ce serait plus juste et la corruption diminuerait. Cela dit, le calme doit absolument régner en Ukraine, l'état actuel n'arrange en aucun cas le peuple ukrainien, mais seulement les intérêts d'une élite partagée entre l'Union européenne et la Russie".
 
Les manifestants du 24 avril étaient dans leur totalité contre l'invasion Russe de Crimée, ils ont joué une pièce dénonçant le ridicule de la position russe, qui illustrait l'invasion de la Crimée et les divers troubles qui perturbent l'est du pays. Les slogans à l'encontre de Poutine étaient nombreux, pour Yaroslav, 42 ans, " il ne peut y avoir de compatibilité entre démocratie et Poutine."

Quel avenir au Portugal
La communauté semble avoir diminué en nombre ces dernières années, cependant il est encore trop tôt pour confirmer cette tendance, et déjà au  CNAI, Mario Ribeiro a remarqué une hausse des demandes de regroupement familial. De plus, l'aide financière apportée par le FMI (14 à 18 milliards de dollars) à l'Ukraine suppose par ailleurs, une baisse des aides sociales, peut être synonyme d'une reprise du flux migratoire vers l'Union européenne et en l'occurrence vers le Portugal pour cette population qui tend à la paix et à de meilleures conditions de vie. L'escalade de violence dans la partie Est du pays, les propos des uns et des autres ne présagent aucune amélioration future.  

Arthur Conanec (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mardi 6 mai 2014
arthurconanec@live.fr

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Publié le 5 mai 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

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