Grâce à l’archéologie et à la technologie 3D, Wayaw, une jeune femme qui a vécu à l’époque de l’Empire Inca et enterrée il y a 600 ans, a retrouvé son visage.
2018 : la découverte archéologique de la « Dame de El Sauce »
En 2018, lors de travaux d'installation de tuyaux de gaz dans le quartier de San Juan de Lurigancho à Lima (sur le secteur appelé « El Sauce »), des archéologues de la société Cálidda ont trouvé par hasard une tombe extrêmement intéressante à l'intérieur d'une citerne scellée avec des dalles et surmontée d'une céramique ornithomorphe (en forme d'oiseau).
L'étude bio-anthropologique des os retrouvés, réalisée par Mª del Carmen Vega, a révélé qu'il s'agissait d'une jeune femme d'environ vingt ans qui mesurait 1,48 m (grande pour l'époque). Lors de leur analyse de la tombe, les archéologues Jesús Bahamonde et Cecilia Camargo ont trouvé de multiples restes de tissus et d'ornements qui ont permis de savoir aujourd'hui comment s’habillait cette jeune femme. Par ailleurs, grâce à la découverte de boules de fil et étant donné l'usure des os de la femme, il a été possible d’en déduire qu'elle était fileuse / tisseuse.
Ensuite, la technologie 3D a permis de documenter à la fois la découverte elle-même (qu’il est possible d’apprécier ici grâce à une visionneuse 3D) et surtout le crâne qui a été utilisé comme base pour créer la reconstruction du visage de Wayaw (nom donné par les scientifiques à la jeune femme : “Sauce” en quechua).
Tout un processus de reconstruction faciale pour retrouver l’apparence de Wayaw
Pour réaliser la reconstruction du visage de Wayaw, l’archéologue et fondateur de PAR – Archéologie et Patrimoine Virtuel (Espagne), Pablo Aparicio Resco, a utilisé des techniques médico-légales vieilles de plusieurs siècles dont la première étape consiste en la disposition de marqueurs d'épaisseur sur le visage. Puis, il a réalisé le contour 2D du visage et enfin la disposition 3D des muscles, ajoutés un par un, en s'assurant qu'ils aient le bon volume et qu'ils soient disposés au bon endroit sur le crâne. Plus tard, commence le processus, plus artistique, d'ajout de la peau et de la sculpture numérique, ainsi que la texturation et les finitions finales. Pour finir, tout le travail de conception numérique 3D a été fait avec le logiciel gratuit Blender.
Le fil de Wayaw unit le passé au présent
« Ce visage nous apprend à mieux connaître notre passé afin de valoriser son héritage dans le présent », a indiqué Pablo Aparicio. Le travail de reconstruction faciale a reçu un grand accueil dans la communauté la plus proche du secteur où la tombe a été retrouvée, une communauté qui utilise encore ces anciennes techniques de filature et qui se sent proche de ce patrimoine. La technologie de reconstruction faciale 3D a permis de retrouver, au sens large du terme, la mémoire d'une personne ordinaire, d'une femme qui travaille, qui tisse aujourd'hui des liens entre le passé et le présent.
Étant donné l’importance de la découverte, ce n’est pas seulement le visage qui a été reconstitué, de façon à pouvoir apprécier la physionomie complète de Wayaw, jusqu’à ses vêtements.