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Marc Giacomini, « 2021, une année de reprise pour la coopération bilatérale »

Ambassadeur pérou Marc Giacomini, « 2021, une année de reprise pour la coopération bilatérale »Ambassadeur pérou Marc Giacomini, « 2021, une année de reprise pour la coopération bilatérale »
© GFLOR
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 23 décembre 2021, mis à jour le 6 juillet 2023

En cette fin d’année, l’Ambassadeur de France au Pérou, Marc Giacomini, nous dresse un petit bilan des différents domaines de la coopération entre la France et le Pérou.

Si en 2020, les activités liées à la coopération bilatérale ont été quelque peu mises en sommeil, Marc Giacomini nous explique que 2021 a vraiment été l'année de la reprise, en commençant par le dialogue politique et stratégique.

 

Coopération stratégique et politique, un dialogue complet entre les ministères

La relance du dialogue bilatéral a d’abord été marquée par la tenue du dialogue politique, au niveau des ministères des affaires étrangères, au premier semestre, puis par celle du dialogue stratégique, au niveau des ministères de la défense puis des état-majors, au deuxième semestre.

La venue de la frégate française de surveillance « Prairial » à la base navale de Callao en octobre a été l’occasion de renforcer toujours un peu plus les liens entre les deux marines, française et péruvienne, qui « travaillent beaucoup ensemble et qui échangent régulièrement des informations », nous indique M. l’Ambassadeur. « Entre la France et le Pérou, nous avons des intérêts communs, d'abord en tant que pays riverains du Pacifique. Le Pérou est notamment soucieux de la lutte contre les trafics et de la préservation de sa ressource halieutique dans et à proximité de sa zone économique exclusive ».

Dans le domaine de la défense, Marc Giacomini met aussi en avant l’engagement conjoint pour la paix et la sécurité à l'échelle mondiale. « Il y a un aspect très notable du côté péruvien, c’est qu’ils se sont engagés dans l'opération des Nations Unies pour le maintien de la paix en Centrafrique, MINUSCA. De 200 hommes, ils vont maintenant passer à 400, avec des hélicoptères, c’est donc un apport très significatif dans une zone difficile. Nous sommes très contents de pouvoir les appuyer par l’intermédiaire du CECOPAZ (Centre d’entraînement et de formation pour les opérations de paix), notamment mais pas seulement sur les aspects de formation linguistique parce que pour opérer en Afrique francophone, il vaut mieux parler le français, à défaut des langues locales bien sûr ».

« Cette année, nous avons également participé au salon péruvien de la défense SITDEF (Salon international de technologie pour la défense et la prévention des catastrophes). Nous avons vraiment dans ce domaine une très bonne coopération. Du côté technique, nous avons par exemple fait récemment des sessions de pilotage d'hélicoptère en haute altitude pour former les collègues péruviens ».

« Toujours dans le domaine de la sécurité, nous avons également une bonne coopération opérationnelle dans la lutte contre les trafics de drogues. Le Pérou est le deuxième producteur mondial et serait le principal fournisseur de cocaïne en Europe avant même la Colombie qui est plus orientée vers les États-Unis. Notre coopération se fait dans le cadre de la lutte contre les livraisons avec la DIRANDRO (Direction antidrogues de la police nationale du Pérou) et nous sommes aussi en train de voir comment il serait possible de travailler sur le traitement des causes profondes, les aspects socio-économiques, avec la DEVIDA, l’instance péruvienne pour le développement et la vie sans drogues ».

 

Coopération économique : l’importance des accords de gouvernement à gouvernement pour de la maîtrise d'ouvrage

Au-delà de la promotion de l’ingénierie française, Marc Giacomini souligne qu’il y a un intérêt symbolique très positif à être associé à de grands projets de construction qui sont structurants pour le développement du Pérou.

« Nous avons pu bénéficier d'un contrat d’assistance à maîtrise d’ouvrage pour Egis-APHP avec la construction de deux hôpitaux, un à Cusco et l’autre à Lima, cela s'exécute progressivement, il y a un phénomène d'apprentissage pour ces nouveaux contrats mais ça avance. Nous suivons également de près un second contrat qui est proposé en appel d’offre et qui intéresse Egis ».

« Par ailleurs, nous avons eu ce gros contrat d’assistance à maîtrise d’ouvrage pour Egis-Setec : la “carretera central” et la “via expresa Santa Rosa”. Cette nouvelle route centrale permettra de relier dans des conditions satisfaisantes Lima à l’intérieur du pays. C'est un projet complexe à cause d’une géographie compliquée avec de gros ouvrages d’art et ça va durer des années, mais c'est fondamental pour désenclaver l'intérieur du pays par rapport à Lima. Ses régions sont clé pour la fourniture de produits alimentaires dans la capitale. Elles ont des productions qui pourraient transiter plus facilement, par exemple vers Callao pour l’exportation ».

Il y a un enjeu de développement économique énorme.

« Ensuite, la voie express Santa Rosa qui est un addendum important à ce premier contrat, va permettre de relier directement l’autoroute côtière à l’aéroport. Il s’agit d’un axe de 4 kms pour faciliter l’accès à l’aéroport, en surplomb d’une avenue ».

 

Enfin la coopération pour le développement durable, la coopération culturelle et linguistique

Concernant la coopération pour le développement durable, l’accent est mis sur tous les projets qui contribuent à lutter contre le changement climatique et préserver la biodiversité. « Nous avons un bureau de l’Agence Française de Développement (AFD) ici qui est très actif, nous avons des fonds et de l’assistance technique pour des actions ponctuelles et nous avons aussi un échange de bonnes pratiques, un dialogue avec les autorités de l'État ».

« Pour la coopération plus strictement culturelle, nous avons un FSPI (Fonds de solidarité pour les projets innovants) en cours d’exécution sur la valorisation du patrimoine dans la vallée du Sondondo. Un projet coordonné par l’Institut Français d’Études Andines (IFEA) de restauration d’églises de l’époque coloniale qui ont une valeur architecturale particulière ».

« Et puis, nous démarrons un FSPI sur le français, 600.000 euros sur 2 ans, pour mettre l'accent sur l'apprentissage du français, d'abord à travers des COAR (« Colegio de Alto Rendimiento », des collèges publics d'excellence). Environ 1.000 élèves bénéficient de cours de français fournis par l'Alliance française grâce à notre financement. Nous appuyons également Unipprofif, l'association des professeurs de français du Pérou ».

« Nous souhaitons structurer l’enseignement du français en insérant dans notre réseau des bénéficiaires, de manière indirecte mais néanmoins importante, des lycées qui souhaiteraient prendre des initiatives dans ce sens, sachant que le français est la deuxième langue étrangère enseignée au Pérou. Nous espérons d’ailleurs que le Franco Peruano et le collège français d’Arequipa puissent appartenir au réseau pour soutenir des efforts menés par d’autres dans ce domaine. Il faut savoir que notre lycée français à Lima qui a un peu plus de 1.000 élèves, voit 80% de ses promotions du bac partir étudier en France. C'est très positif pour la connaissance mutuelle et l'entretien de la relation bilatérale à long terme ».

 

L’année 2021 a été marquée, entre autres, par la crise sanitaire et par l’arrivée d’un nouveau président péruvien, tout ce contexte a-t-il perturbé la bonne exécution des projets de coopération entre la France et le Pérou ?

« Bien entendu, nos méthodes de travail ont été impactées. Nous avons commencé à faire les choses différemment mais ça n’a pas empêché d’avancer. Tout a continué selon des modalités adaptées ».

Nous avons toujours les mêmes ambitions en termes de coopération.

« Nous sommes à l’écoute des autorités et il est évident que plus il y aura de stabilité et de continuité dans la présence de nos interlocuteurs, plus ce sera facile d’avancer. Dans la relation bilatérale, pour que des ministres se connaissent, il faut tout de même un minimum de temps et une certaine fluidité politique. Mais pour l’instant, nous sommes heureux de la qualité des discussions que nous avons. Il y a un potentiel très riche au Pérou, une réelle volonté d’avancer dans notre coopération et je dirais, une attitude générale assez francophile ».

 

Pour finir notre entretien, M. l’ambassadeur a souhaité adresser ses vœux à la communauté française pour la nouvelle année :

« Je souhaite à tous les Français qui vivent au Pérou une bonne année et une bonne santé, je crois que c’est le moment. Avec l’arrivée de ce nouveau variant omicron, il faut que nous nous protégions tous. Comme vous le savez, nous avons organisé à destination de la communauté française une campagne de vaccination. Nous avons vacciné fin novembre et début décembre, et nous le referons en janvier pour les rappels. Nous sommes là pour vous soutenir dans ces moments parfois difficiles ».

« Et puis, bien sûr, tous mes vœux de prospérité. J’espère que les affaires vont reprendre et que nous aurons une communauté toujours plus présente et plus dynamique. Nous avons au Pérou une communauté française très active et très visible, je sais que nos compatriotes sont très dynamiques et qu’ils trouveront les voies du rebond au sein d’une économie qui est quand même, malgré les aléas, très résiliente ».

 Tous mes vœux à nos compatriotes !

 

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