Pour sa troisième expatriation, après le lycée français de New York et celui de Querétaro au Mexique, Jean Dayet a effectué sa prise de poste au Franco Peruano le 1er août. Une première mission en Amérique du Sud pour cet originaire de Perpignan.
« J’ai vraiment reçu un très bon accueil en arrivant ici. Je suis ravi de venir travailler dans ce lycée qui a une longue expérience, les premières pierres ont été posées à l’époque du Général de Gaulle, et je m'inscris pleinement dans sa tradition d’excellence éducative ».
En arrivant au lycée français de Lima, quelles différences avez-vous déjà pu remarquer avec vos postes antérieurs ?
J'ai un parcours très varié. J'ai fait de toutes petites structures comme à Querétaro où j'ai été le directeur-fondateur, nous avons construit le lycée français de cette ville et ouvert avec une soixantaine d’élèves. Je suis également passé par de plus grosses structures puisque j'ai enseigné à New York, un lycée français d’environ 1 500 élèves, et j'ai dirigé, en tant que proviseur adjoint, une structure à Perpignan de près de 2 500 élèves (une fusion entre un lycée général technologique et un lycée professionnel).
C'est une chance pour moi d'arriver au Pérou. Si j'ai effectivement une expérience professionnelle à l'étranger et en France, le lycée français de Lima a cet atout de scolariser des élèves de la petite section jusqu’à la terminale. En France, nous sommes généralement cloisonnés entre collège ou lycée. C’est une vraie richesse de pouvoir faire : école - collège – lycée. J'apprécie donc tout particulièrement d'avoir ici une vision globale sur cette continuité du parcours éducatif. Et puis, c’est aussi une véritable chance de se retrouver dans cet environnement multiculturel avec des élèves français et péruviens, mais également d’une dizaine d'autres nationalités : espagnol, canadien, américain…
Quelles seront vos priorités pour votre mission à Lima ?
Ma première priorité est déjà d’assurer la continuité de l'excellence éducative qui est l'essence même du lycée. Il est reconnu à Lima pour cette excellence grâce aux résultats de nos élèves qui atteignent les 100% de réussite au baccalauréat et au brevet, mais aussi à l’opportunité de poursuivre ses études en France ou à l'étranger (80% des élèves du FrancoPeruano poursuivent leurs études en France). Nous sommes vraiment une école qui offre le meilleur à ses élèves.
Et puis, puisque nous baignons dans un environnement plurilingue, certains de nos étudiants ont un excellent niveau en anglais, le lycée va s'engager dans un projet de trilinguisme. Les professeurs travaillent actuellement sur ce nouveau projet pour lequel nous allons revoir le projet d'établissement, avec un nouvel objectif, celui de passer à un programme trilingue (français, espagnol et anglais) pour l'horizon du baccalauréat de 2024-2025, et ainsi non pas passer le bac français, mais le bac français international. Il s’agit d’un beau projet et dès l'année prochaine, nous allons commencer à renforcer l'anglais dans tous les niveaux.
Mon troisième axe, c'est le vivre-ensemble : comment réussir à ce que nos élèves obtiennent le meilleur de nos deux cultures et des valeurs françaises, liberté-égalité-fraternité. L’excellence éducative leur apporte une liberté de penser. Nous leur donnons les outils de façon à ce qu'ils pensent de manière autonome. Égalité, puisque quelle que soit la nationalité, tout le monde est traité de la même manière. Et enfin, la fraternité avec beaucoup de moments conviviaux et des rencontres sportives. Un vivre-ensemble résumé en une seule formule latine “Mens sana in corpore sano”.
Par ailleurs, à propos de fraternité, je voudrais souligner l'effort de la France qui a montré que pendant la pandémie, il n'y avait pas de distinction entre les familles françaises et péruviennes. Tout le monde a été traité de la même manière concernant les aides financières apportées. Une centaine de familles péruviennes ont bénéficié d'aide française pendant cette période. Donc rappeler que la France, c’est aussi cette solidarité, cela fait partie des valeurs de l'école.
Dans ces trois premières semaines, avez-vous déjà été confronté à certaines difficultés ?
Les difficultés sont celles que tout le monde a vécu avec la crise sanitaire. Les écoles, privées ou publiques, ont été fermées pendant deux ans de manière continue, donc il y a des habitudes de travail qu'il faut revoir, il faut réapprendre à travailler ensemble. Puis pour les élèves, ces deux années de pandémie ont apporté des souffrances psychologiques, nous y sommes sensibles et nous essayons de les accompagner au mieux.
Concernant le projet délicat de la reconstruction du lycée, vous qui arrivez juste, comment voyez-vous son exécution ?
Il y a une forte attente de la part des parents d’élèves pour ces travaux de reconstruction et comme toute construction, c’est une chose importante. Nous sommes toujours en attente de la garantie financière de l'État français mais c’est en bonne voie, le début des travaux devrait normalement avoir lieu en décembre 2022. Même en France, les travaux dans un collège, ça prend du temps, c’est quelque chose de lourd mais c’est un beau challenge.
Pour le moment, je préfère parler de projet éducatif. Si effectivement, le lycée a besoin de travaux, ce n'est pas pour moi l’axe prioritaire aujourd’hui, nous devons travailler sur ce que nous savons faire et ce sur quoi nous avons la main, c'est-à-dire le projet de l'établissement.
À votre prise de poste, quelles ont été les bonnes surprises ?
La vraie belle surprise a été de voir que toutes les personnes que je rencontre, toutes les équipes, ont ce même désir d'avancer et de tourner la page de la pandémie et des différents qui ont pu exister par le passé. Que tout le monde avance ensemble, c’est ce que je trouve le plus intéressant ! Je suis actuellement dans une phase de rencontre avec tous les opérateurs français à Lima. Je trouve qu’ils sont tous facilitants et qu'ils ont tous ce désir de travailler ensemble.
Avoir des équipes qui ont envie d'avancer et qui s'inscrivent complètement dans nos projets, c'est vraiment quelque chose de très gratifiant !