Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour certaines de nos éditions, nos équipes à travers le monde vous informent sur la situation et les conséquences d’une crise sanitaire exceptionnelle. Nous leur avons demandé de nous envoyer de leurs nouvelles et de nous expliquer comment elles vivent cette période historique.
Nous accomplissons le miracle permanent de publier chaque jour un journal dans 68 villes dans le monde
Hervé Heyraud, président-fondateur des éditions lepetitjournal.com
Je vis très bien le confinement car nous sommes en famille et avons conscience de l’enjeu. Par ailleurs, j’ai une forte habitude et une longue expérience de plus de 20 ans de télétravail, donc je suis équipé et organisé en fonction. C’est aussi naturellement le cas pour lepetitjournal.com puisque nous accomplissons le miracle permanent de publier chaque jour un journal dans 68 villes dans le monde. Je suis en relation étroite avec nos partenaires dans le monde entier et j’en profite pour les féliciter. Enfin, je voudrais vous remercier chers lectrices et lecteurs pour votre fidélité et soutien sans faille. Nous sommes également aux côtés de nos partenaires annonceurs face à cette crise inédite. Que pouvons-nous faire de plus pour vous aider dans cette situation mondiale difficile ? Dîtes-nous, témoignez, commentez, suggérez ! Surtout n’hésitez pas à me solliciter. Prenez soin de vous et #restezchezvous
Le plus important pendant cette période est de garder un contact régulier avec nos principaux clients
Erwann Guillaume, directeur commercial associé
Confiné depuis le 16 mars j’ai dû adapter ma manière de travailler. Déjà pour le contexte, J’ai 2 enfants de 12 et 3 ans, donc avec 2 rythmes différents, j’essaie de combiner la gestion du grand qui heureusement étudie quasiment de manière indépendante et du petit qui heureusement dort bien et beaucoup pendant sa sieste. Pour mes fonctions, nous avons une réunion d’équipe commerciale tous les jours, ce qui permet de garder le contact avec l’équipe et j’essaie d’assurer mes contacts clients de manière assez réactive dans la mesure du possible, la situation publicitaire reste assez calme, ce qui nous permet d’ailleurs de préparer la prospection et de réfléchir à des axes de développement, Le plus important pendant cette période de confinement est de garder un contact régulier avec nos principaux clients et d’être à leurs côtés et écoute pendant cette période compliquée
Nous faisons de notre mieux pour vous éclairer en ces temps parfois obscurs
Damien Bouhours, directeur éditorial et partenariats
L’équipe internationale est composée d’anciens expatriés qui ont tous vécu des situations où le télétravail était une nécessité. J’ai par exemple vécu plusieurs coups d’Etat en Thaïlande ou même des inondations monstres. Nous sommes donc parés pour ce confinement, tout de même exceptionnel, de par sa nature et son étendue. D’un point de vue journalistique, c’est une période riche en informations. Nous faisons de notre mieux pour vous éclairer en ces temps parfois obscurs et pourquoi pas vous détendre avec des sujets plus légers. Nous sommes ravis de constater que vous êtes de plus en plus nombreux à nous lire et nous espérons contribuer modestement, à notre échelle, à vous aider à passer cette période compliquée où que vous soyez dans le monde.
Nous n’avons jamais été aussi proches de vous !
Sandra Camey, journaliste pour lepetitjournal.com international
Ayant fait toutes mes études supérieures à distance durant mes expatriations, j'ai passé la plupart de mon temps l'ordinateur sous le bras. Le télétravail est donc chose courante pour moi. Mais ce confinement met un tiers de la population dans la même situation. C'est le moment de créer du contenu qui se rapproche au plus près de vous et de dépasser notre créativité pour mettre à votre disposition des contenus aussi inédits que la situation dans laquelle nous sommes. En confinement, nous n’avons jamais été aussi proches de vous !
L’équipe de la rédaction internationale est très soudée et pleine d’énergie
Déborah Collet, journaliste pour lepetitjournal.com international
Le confinement me permet d’allier écriture, actualité et pauses gourmandes ! L’équipe de la rédaction internationale est très soudée et pleine d’énergie. Cet esprit d’équipe me motive, chaque jour, à transmettre des informations essentielles auprès de nos lecteurs.
La vie continue !
Didier Pujol, directeur de notre édition de Hong Kong
Depuis le début de la crise du coronavirus, c’est à dire janvier à Hong Kong et en Chine, les déplacements ont été réduits au strict nécessaire. L’ensemble de la population a été incitée à travailler à la maison, personnels administratifs compris et chacun est censé porter un masque dans les espaces publics. Pour l’instant, le virus n’a pas vraiment changé nos habitudes pour l’équipe de rédaction dans la mesure où nous travaillons tous depuis chez nous. Nous avons pu maintenir nos réunions de rédaction hebdomadaires au club de la presse local mais nous évitons de nous éterniser en ville et ne participons plus à de grandes réunions. L’ensemble des associations françaises ont, à ce titre annulé leur calendrier de rencontres physiques pour plusieurs semaines. De même, nos événements tels qu’afterworks du Petit Journal ont été mis en suspens. La plupart des échanges avec les partenaires ont lieu sur les réseaux sociaux et par skype car de nombreuses personnes sont sous le régime de la quarantaine après être rentrées de l’étranger. Nous essayons, tant que se faire se peut, de relayer les messages de prudence du consulat ainsi que les mesures du gouvernement en matière de prévention. La vie continue !
À Rome, le temps semble s’être arrêté depuis quelques semaines
Karine Gauthey, directrice de notre édition de Rome
À Rome, le temps semble s’être arrêté depuis quelques semaines. La ville normalement si effervescente est devenue depuis l’annonce du confinement d’un calme presque oppressant. Les actions engagées début mars sur les balcons se font de plus en plus rares, l’on s’habitue à cette situation inhabituelle. Si l’on ose arpenter les rues du centre historique romain pour se dégourdir les jambes et admirer quelques instants les places laissées à l’abandon, on n’est pas à l’abris de se faire contrôler par des agents de police qui se montrent de plus en plus intransigeants.
Petit à petit, chacun est obligé de trouver ses marques pour travailler depuis chez lui : installations de fortune, bureau dans la cuisine, bref, chaque espace est réinvesti de manière originale pour tenter de rendre le travail le moins chronophage possible. Les journées s’enchaînent et se ressemblent mais l’on trouve toujours un sujet sur lequel écrire, des curiosités à faire découvrir, et à découvrir soi-même. Le Petit Journal de Rome essaie malgré tout d’égayer le quotidien des lecteurs en faisant fi des complications dues aux circonstances. Je tiens à remercier les collaborateurs qui, de près ou de loin, permettent à l’édition romaine de vivre pratiquement comme si de rien n’était.
Aujourd’hui, la plus grande préoccupation qui occupe tous les esprits est de savoir quand le confinement prendra fin. On regarde, on écoute, on attend, on espère. Quoi qu’il en soit, on s’habitue mais on attend qu’une chose : se déshabituer.
La première semaine a été difficile pour tout le monde, mais maintenant le rythme est pris.
Laurent Colin, directeur de l’édition de Londres
Nous vivons toujours bien même si le gouvernement britannique a saisi avec beaucoup de retard l’ampleur de cette crise sans précédent. En bons citoyens, nous nous sommes confinés (à distance) à l’appel du président Macron. Donc une dizaine de jours avant les Britanniques. Le virus n’a en effet pas de frontière, et cette mesure « hexagonale » nous semblait tout à fait appropriée pour notre sécurité et celle de nos familles. Le travail s’organise à distance forcément, avec des collaborateurs en isolement à Londres ou en France. La moitié de l’équipe a souhaité se confiner en famille à Lyon, Paris, Marseille, Aix… Nous utilisons tous les moyens à notre disposition pour communiquer. Skype, WhatsApp, Zoom, Drive… pour échanger et mener à bien nos recherches et interviews. La première semaine a été difficile pour tout le monde, mais maintenant le rythme est pris.
Nos préoccupations sont nombreuses. La classe à la maison pour les familles avec enfants. Les courses : il est impossible de se faire livrer ses courses à domicile, à part pour quelques heureux privilégiés qui disposaient d’un abonnement hebdomadaires. Le confinement, car hasard de la météo, nous avons vécu la plus belle semaine depuis 6 mois… sans aucun nuage à l’horizon. La crainte d’être infecté et de devoir être pris en charge par le système de santé britannique, complètement débordé. L’attente de savoir combien de temps tout cela va durer et de ne pas voir passer l’été et la hantise de voir l’un de ses proches emportés par l’épidémie.
Les plus préoccupés sont très probablement les touristes bloqués en Thaïlande
Pierre Quefellec, directeur de notre édition Bangkok
La Thaïlande n’a pas encore imposé de confinement obligatoire, même si la plupart des gens, sur les recommandations des autorités, restent chez eux et que la plupart des commerces sont fermés. Une partie de l’équipe du Lepetitjournal.com Bangkok vit à la campagne ce qui évidemment est moins stressant que lorsque l’on se confine en appartement et que le tumulte habituel de la capitale a laissé place à un silence de mort.
100% des interviews et des rendez-vous commerciaux se font désormais par visioconférence ou téléphone, alors qu’avant cela, moins de la moitié de ces contacts-là se faisaient à distance. Nous nous concentrons sur le suivi de la situation et les informations pratiques pour rassurer autant que possible. Nous prenons d’ailleurs bien soin d’éviter les sujets inutilement anxiogènes -la situation en elle-même l’est suffisamment- d’autant qu’il faut se ménager, nous et les lecteurs, car on ne sait pas combien de temps cette situation va durer.
Les plus préoccupés sont très probablement les touristes bloqués en Thaïlande par les restrictions de voyage et les annulations de vols des compagnies aériennes. Ils se retrouvent à vivre cette crise à 10.000 kilomètres de chez eux dans des hôtels dont ils ne savent pas jusqu’à quand ils vont rester ouverts, et certains ont des ressources financières limitées. Il y a aussi des expatriés qui s’inquiètent pour leur famille au pays, certains voudraient rejoindre leurs proches, ou les faire venir auprès d’eux surtout quand il s’agit de leurs enfants.
Il y a un décalage saisissant entre la France et la Suède
Fabienne Roy, directrice de l’édition de Stockholm
Vivre et travailler à Stockholm en tant que française est un peu particulier en ce moment. Effectivement, à l'heure du confinement en Europe, la Suède a choisi une autre stratégie, plus souple, afin d'endiguer la propagation du coronavirus, laissant écoles primaires, restaurants et bars ouverts. Il y a donc un décalage saisissant entre la France et la Suède, même si le gouvernement suédois en appelle à la responsabilité de chacun, encourageant le télétravail et la distanciation sociale. De mon côté j’ai choisi le confinement, depuis deux semaines déjà, même s’il n’est à ce jour pas obligatoire. Je travaille donc à distance. Par ailleurs, les restrictions de voyage ont conduit une personne de l’équipe à retourner prématurément en France. Les activités sociales avec nos lecteurs, telles que notre After-work franco-suédois sont actuellement suspendues. Nous continuons en informant du mieux possible nos lecteurs.
Il faut savoir innover, et être créatif !
Albane Akyuz, directrice de notre édition d’Istanbul
Les équipes sont en confinement depuis la semaine du 16 mars, comme en France, choix motivé principalement par la propagation rapide du virus et les leçons tirées de la crise sanitaire en Italie, qui a eu de nombreux échos dans la presse et sur les réseaux sociaux turcs. Nous travaillons tous en télétravail depuis chez nous, par Skype, téléphone, email, whatsapp ; à l’heure actuelle, pas de problème majeur de connexion à déplorer dans le pays.
En Turquie, le confinement obligatoire généralisé n’est pas imposé (mais très recommandé), il est néanmoins obligatoire pour les personnes âgées de plus de 65 (et les personnes fragiles atteintes de maladies chroniques). La Turquie a pris des mesures très tôt avec la mise en place de machines à gels désinfectant dans tous les lieux publics, grandes opérations de nettoyage aux quatre coins du pays etc.
La devise turque du moment est probablement « en l’eau de Cologne nous croyons » ! En effet, les boutiques d’eau de Cologne ont été prises d’assaut dès lors que les autorités ont annoncé le premier cas dans le pays le mercredi 11 mars. Aussi, comme en France et ailleurs, les rayons de papier toilettes et de pâtes ont été dévalisés.
Plutôt que d’annoncer le confinement obligatoire, les autorités turques ont imposé la fermeture petit à petit de tous les lieux de rassemblements (théâtres, salles de concert, cafés, salles de sport etc.), et les restaurants ne sont plus qu’autorisés à préparer des plats à emporter ou à livrer.
Les résidents en Turquie passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, les parents qui ont des enfants (surtout en bas âge) n’attendent qu’une chose… la réouverture des écoles !
Beaucoup de personnes travaillent de chez elles, depuis le 16 mars (date de fermeture des écoles dans tout le pays). Les grandes entreprises ont également mis en place un système de télétravail au moment où les écoles ont fermées. Les autorités encouragent les gens à ne pas sortir sauf nécessité. Bien entendu, un grand nombre de personnes ne peuvent pas travailler de chez elles (personnel soignant, livreurs, employés d’usines etc.), et sont donc comme partout les plus vulnérables (même si elles sont censées être équipées de masques/gants etc.).
Côté rédaction, l’édition d’Istanbul/Turquie tente de varier les articles, mais il n’est malheureusement pas facile de trouver des sujets éloignés du coronavirus (sujets pour lesquels on constate un réel intérêt des lecteurs).
On essaye de proposer des articles relatifs à des activités à faire pendant la période de confinement, par ex : la visite virtuelle des musées turcs, ou les séries turques à re(découvrir), ou encore des articles de voyages/visites. Les lecteurs ont l’air d’y être réceptifs ! Il faut savoir innover, et être créatif !
Nous essayons d’aider nos lecteurs dans cette période de confinement
Hélène Burrus, directrice de l’édition de Dubaï
« Restez chez vous » est le mot d’ordre à Dubaï depuis 15 jours mais je suis réellement confinée depuis le 15 mars. Il a fallu d’abord s’habituer à un rythme différent qui peut vite prendre un air de vacances surtout sous le soleil de Dubaï. Restez concentré c’est le plus difficile. Nous utilisons tous les moyens disponibles dans ce pays pour communiquer : Zoom, WhatsApp et Botim.
Nous essayons d’être le plus au fait de l’actualité et d’aider nos lecteurs dans cette période de confinement. Plus de 500,000 pages vues au mois de mars pour notre édition.
La situation indienne s’aggrave de jour en jour
Capucine Canonne, directrice de notre édition de Chennai
Le confinement Indien national a été mis en place mardi 24 mars dernier. Le hasard a voulu que je donne naissance à mon 2nd fils la veille à l’hôpital. Je dois dire que je me sens relativement chanceuse de ne pas rester à l’hôpital trop longtemps et ne pas subir de plein fouet stress et potentielle contamination de moi et ma famille. Une fois rentrés à la maison, les règles sont claires : on ne sort pas, ou alors dans le jardin et dans la piscine. On reste à huit clos au maximum. Le personnel que nous pouvions avoir la chance d’avoir en tant qu’expatriés a été invité à rester chez lui (l’aide à domicile, les chauffeurs car il est interdit pour nous de conduire en Inde). Cette sage décision a néanmoins des conséquences directes sur la vie quotidienne puisqu’il n’existe pas de commerces de proximité dans la zone résidentielle de Chennai. Comment faire ses courses ? Comment s’approvisionner en eau potable régulièrement ? Comment remettre de l’essence dans le générateur qui prend le relai quand l’électricité saute ? Chaque jour est un casse-tête mais nous nous organisons du mieux possible. Je constate d’ailleurs une très grande solidarité entre la communauté des français et francophones de Chennai. Des livraisons à domicile redeviennent doucement possibles et nous faisons attention au quotidien. Je vis cette situation le plus sereinement possible à l’égard de mes enfants et surtout mon nouveau-né. Je garde en tête que plus nous resterons confinés et prudents, plus nous serons en bonne santé. Cependant je ne peux pas en dire de même de tous les indiens et particulièrement toutes ces personnes qui travaillent dans les grandes villes et qui doivent rejoindre leur village natal…
Le travail s’organise lors des périodes creuses des enfants, des siestes ou le soir lorsqu’ils sont couchés. Le confinement permet aux parents de se relayer auprès de la famille. Autour d nous les entreprises ont fermé leur porte, tout le monde est en télétravail chez soi. Seuls les commerces indispensables tournent, les pharmacies, les hôpitaux, les commerces de bouche.
Localement, la préoccupation principale actuelle de nos lecteurs est l’approvisionnement (surtout en eau potable) et….le rapatriement. Le consulat est actuellement en pour parler avec les autorités pour affréter des avions. Un 1er avion partirait ce mercredi, rapatriant les non-résidents (touristes et business trips) et les personnes vulnérables. L’heure n’est pas encore aux expatriés car il est très très compliqué d’obtenir les autorisations, les frontières étant actuellement fermées. La communauté française attend des nouvelles, savoir si son sort sera le même que celui de la Chine à savoir un rapatriement par gros porteurs et par vagues. Les lecteurs sont toutefois conscients que le pic épidémique est en cours en France et que rentrer maintenant ne serait pas propice. Néanmoins, nous ne pouvons nier que la situation indienne s’aggrave de jour en jour avec de forts doutes quant à la gestion sanitaire, notamment dans les régions rurales reculées.
Un calme surréaliste s’est abattu sur le pays
Isabelle Bonsignour, directrice de l’édition de Bombay
En Inde, un confinement strict a été mis en place le 25 mars dans tout le pays. 1,3 milliard de personnes doivent rester chez elles et ne sortir que pour des achats alimentaires ou médicaux. Les frontières externes et inter-etat sont fermées, les avions cloués au sol, les trains et les bus à l'arrêt. Seules les personnes travaillant dans les secteurs d'activités considérées essentielles (alimentation, santé, télécoms, banque). Un calme surréaliste s’est abattu sur le pays qui vit habituellement dans le brouhaha.
L'équipe de Bombay est confinée entre l’Inde et la France. Nous communiquons entre nous via un groupe WhatsApp (l’outil de comm favori des Indiens !). Pour les interviews, nous utilisons aussi Skype ou Whatsapp, c’est moins convivial, mais cela permet de continuer à offrir des contenus variés. Un regret : notre réunion mensuelle dans un club anglais typique de la période coloniale.
Depuis l’apparition des premiers cas de coronavirus en Inde début février, notre édition enregistre des records de vue. Les Français installés à Bombay sont demandeurs d’informations principalement sur l'actualité de la crise sanitaire dans le pays et sur les idées pour s’occuper.
C'est un travail de tous les instants
Valérie Pivon, co-directrice de notre édition de Jakarta
Depuis deux semaines il est demandé aux habitants de Jakarta de rester chez eux et de faire du télétravail. Pour nous au LPJJ, nous sommes une petite équipe nous travaillons chacune de chez nous, alors le confinement ne change pas trop nos habitudes de travail. Bien sûr il n'est plus question de sortir pour faire les interviews mais nous avons aujourd'hui beaucoup de contacts et WA fonctionne très bien en Indonésie.
Depuis le début de la crise, lepetitjournal.com de Jakarta informe sur la situation du pays: nous écrivons des points de situations réguliers nous essayons d'informer au mieux la communauté francophone résidente et les touristes. C'est un travail de tous les instants car il faut trouver l'information, la vérifier... Au vu du nombre de pages vues ces deux derniers mois, nous avons triplé notre audience en mars, il semble que nous répondons aux attentes de nos lecteurs. Nous sommes inquiètes de la situation dans le monde et en Indonésie, et redemandons à tous de respecter les mesures de confinements mises en place.
L’Espagne pourra-t-elle se remettre ?
Vincent Garnier, directeur des éditions Madrid et Barcelone
La crise du coronavirus et son développement en Espagne a pris la majeure partie de la population et des pouvoirs publics au dépourvu. Du jour au lendemain les Espagnols et les Français d'Espagne ont glissé d'une vie sociale effervescente à un confinement strict, passant des tapas à Netflix et des manifestations féministes (massives) du 8M aux groupes Whatsapp d'activités pour enfants. Dans les zones les plus touchées par la pandémie -Madrid, la Catalogne, le Pays Basque- et avec une quarantaine renforcée depuis le 30 mars dernier, le confinement est particulièrement bien respecté, en dépit de quelques incidents isolés.
Le jeune et fragile gouvernement espagnol, formé quelques semaines tout juste avant l'explosion de la pandémie dans le pays, résultat d'une coalition volatile entre partis de gauche et formations indépendantistes, doit faire face à une situation d'urgence à laquelle personne n'était préparé. Et tandis que le gouvernement a pris la main sur les compétences des régions pour centraliser les actions menées pour freiner la pandémie et organiser l'action sanitaire, les tensions sont particulièrement sensibles. On reproche par exemple à l'Etat son manque d'expérience et de compétences, dans des domaines qui ont traditionnellement été gérés par les communautés autonomes, à l'instar de l'approvisionnement en matériel médical. L'achat en Chine de plusieurs dizaines de milliers de tests de dépistage défectueux, qui ont dû être retournés à l'envoyeur et ont retardé d'autant la lutte contre le développement de la maladie, a constitué un des échecs les plus cuisants de l'action gouvernementale en la matière.
Mais à l'image de ce qui se passe dans bien d'autres pays, le débordement des hôpitaux et le démunissement des personnels de santé face à la maladie, dépourvu d'équipements de protection et de matériel médical dédié, constitue l'image la plus visible de la crise du Coronavirus dans le pays. Les images de l'hôpital de campagne, monté au sein du parc des expositions de la capitale, et les couacs liés à son organisation, sont relayés en boucle sur les chaînes de télévision. La solidarité envers les personnels médicaux est le ciment qui unit la société espagnole dans cette épreuve. Tous les soirs à 20 heures la population sort sur les balcons pour dédier à "ces héros sans cape" un applaudissement bien nourri. Plus de 110.000 cas de Coronavirus sont recensés dans le pays au 2 avril et le cap des 10.000 morts a été franchi, selon les chiffres officiels. Les autorités estiment depuis plusieurs jours que le pays se rapproche du pic de la pandémie, avec un taux de croissance des cas chaque jour un peu moindre -mais toujours positif.
Et tandis que l'escalade vers le pic continue, l'incertitude quant à la date de sortie de la crise sanitaire et son impact sur l'économie du pays reste majuscule. Tombés au début du mois, les chiffres du chômage sont sans surprise exécrables, les pires jamais enregistrés, avec 834.000 affiliés à la Sécurité Sociale en moins. Le nombre de chômeurs a augmenté en un mois de 302.000 inscrits, soit 3,54 millions de demandeurs d'emploi officiellement recensés. Violemment touchée par la précédente crise, l'Espagne, en dépit d'une croissance supérieure à la zone Euro, n'a jamais complètement résorbé le déficit d'emploi généré par l'éclatement de la bulle immobilière en 2008. Pourra-t-elle se remettre de ce second revers ?
Les Français installés en Espagne sont évidemment inquiets d'une situation qui affecte directement le porte monnaie d'un bon nombre d'entre eux, à l'image des entrepreneurs, ce collectif particulièrement nombreux au sein de la population expatriée. Comme la majorité des travailleurs indépendants du pays -les autónomos- ils sont touchés de plein fouet par la crise et ont dû soit baisser le rideau, soit voir leur unique source de revenu ramenée à une peau de chagrin. La solidarité agit, les réseaux s'organisent, à l'image du groupe LinkedIn "Emploi et entrepreneuriat français en Espagne au temps du Covid 19". qui regroupe près de 500 membres déjà. La résilience des entrepreneurs français d'Espagne est grande, elle s'exprime par l'organisation d'une multitude de webinars et de rencontres virtuelles, visant à rompre l'isolement et poser des pistes de réflexion sur la réorganisation de l'activité économique, mais cette hyperactivité ne saurait néanmoins combler les pertes générées par cette situation inédite.
Ce satané COVID a tout gelé
Loanne Jeunet et Vincent Pellerin, directeurs de l’édition d’Ho Chi Minh Ville
Jour 17. L’auto-confinement que nous nous sommes imposé, mon collaborateur et moi, commence à peser. Surtout que la quarantaine forcée n’est pas loin de se mettre en place, à Saigon. De nouvelles restrictions tombent chaque jour ; avant-hier, mon associé a reçu l’ordre de ne plus quitter notre immeuble, mesure également valable pour tous les autres Blancs qui y habitent. J’ai de la chance d’avoir la nationalité vietnamienne, même s’il n’y a rien de logique là-dedans puisque lui et moi avons fait les mêmes déplacements !
C'est lors de périodes difficiles comme ça et lorsque l'ennui pointe le bout de son nez que le manque des proches se fait cruellement ressentir, ajouté à l'inquiétude qu'on a pour nos parents. Mais heureusement, nous sommes de la génération 2.0, donc ultra-connectée, et il est toujours d'appeler papa et maman lorsque le moral flanche ! Et puis, il y a bien pire, comme être à l'hôpital, malade...
Tous les jours, nous tentons de garder un rythme. Réveil 8h30, devant son poste à 9h, déjeuner aux alentours de 13h, fin de journée de travail à 18h, séance de sport si motivation il y a, préparation du dîner vers 21h, séries, et au lit. Dans les faits, ce n’est pas toujours évident, le plus dur étant de rester concentré lorsqu’on travaille. Pour ma part, je me suis toujours trouvée plus productive dans un cadre de télétravail, mais dans ces circonstances, et comme tout ce qui est obligatoire, forcément, cela n’a plus du tout la même saveur !… Deuxième contrainte : avoir l’impression que la terre s’est arrêtée de tourner. Ça paraît excessif, mais c’est bien le cas ici, au niveau professionnel ! Plus d’appels commerciaux, plus de réponses aux mails… Ce satané COVID a tout gelé. Dur de garder la motivation dans de telles conditions. Heureusement que dans le journalisme, on peut toujours procéder par téléphone !
Les préoccupations principales de nos lecteurs concernent évidemment l’évolution de la situation de crise sanitaire au Vietnam et les différentes mesures qui l'accompagnent, même s’ils semblent avoir totalement confiance aux décisions prises par le gouvernement vietnamien. Certains se sont aussi interrogés sur un possible retour en France, mais ils demeurent minoritaires. (Un de nos contributeurs a d'ailleurs largué les amarres sur le vol du 29 mars dernier). Enfin, les parents semblent inquiets pour la scolarité de leurs enfants, la rentrée ayant été décalée à plusieurs reprises : quand pourront-ils reprendre totalement les cours ? Le suivi pédagogique à distance suffit-il ? etc.
Je vis en auto-confinement
Philippe Avocat, rédacteur à l’édition d'Ho Chi Minh Ville
Ici au Vietnam, dans ce pays frontalier avec la Chine, des mesures préventives fortes ont été mises en place progressivement par les autorités dès le début du mois de février. Même si la quarantaine n'est pas imposée à tous pour le moment, je vis en auto-confinement, limitant au maximum mes sorties en dehors de l'appartement - toujours masquées - ainsi que mes interactions sociales. J'ai la chance de vivre dans un appartement agréable et de pouvoir exercer ma passion, l'écriture, d'où je le souhaite. J'utilise ce temps de confinement pour avancer dans la rédaction d'un livre et d'articles journalistiques. La seule vraie différence dans mon travail avec la période d'avant-corona, c'est que les interviews ont lieu par Skype ou par téléphone.
Nous allons vers une réduction considérable de toutes les activités
Eric Glover, Conseiller éditorial pour notre édition de Birmanie
Ici en Birmanie, pas de confinement pour l’instant, de toute façon cela serait impossible à mettre en place même si la décision est prise. Mais il est clair que nous allons vers une réduction considérable de toutes les activités.
Pour le travail, cela ne change pas grand-chose puisque je fais presque tous les articles depuis chez moi, avec mon téléphone et internet. Un écueil est que les gens sont moins joignables, moins disponibles. Un autre écueil est que nombre de migrants européens sont repartis chez eux et qu’il n’est donc pas toujours facile d’avoir des contacts. Autre aspect, les contacts commerciaux sont restreints, la plupart des clients de l’édition étant des hôtels ou des restaurants. L’organisation entre Charles et moi fonctionne toujours parfaitement puisque nous sommes habitués à ce système de télétravail. Il est juste clair que vu la précarité des revenus de l’édition, celle-ci est désormais en grand danger car aucun travail commercial ne pourra se faire durant au moins deux mois.
Pour les lecteurs, ici comme partout je pense : leur préoccupation principale c’est eux. J’ai des questions sur les risques, sur les prix des denrées, ce genre de chose.
La fierté de vous informer, de vous aider, de vous donner de la visibilité
Rachel Brunet, directrice de notre édition de New York
Chaque jour, je reçois des messages de remerciement de la part de nos lecteurs, pour notre qualité rédactionnelle, pour notre précision, gage de notre respect à votre égard. Chaque jour, je perçois la satisfaction de nos annonceurs. Tout cela fait ma fierté. Celle de mon édition. La fierté de vous informer, de vous aider, de vous donner de la visibilité. Mais aussi la fierté de vous rencontrer, vous annonceurs et clients.
Découvrez la suite sur cet article, New York : (Petit) Journal d’une rédactrice en chef confinée
Nos valeurs d'union, de solidarité et de civisme s’imposent plus que jamais
Laurence Huret, Co-Directrice associée de l’édition de Singapour
Au cours des derniers jours Singapour est passé d’une dizaine de nouveaux cas par jour, à plus de 50, dont la moitié sont des cas locaux non reliés. Au vue de ce changement, le Premier ministre Lee Hsien Loong a annoncé le 3 avril des mesures de distanciation sociale renforcées durant un mois afin de freiner l’épidémie de Covid-19 : Seuls les commerces qui vendent des produits de première nécessité ou qui fournissent des services essentiels resteront ouverts. Les lieux de travail, à l’exception de ceux faisant partie de secteurs économiques clés, seront fermés. Les écoles et établissements d’enseignement supérieur dispenseront leurs cours en ligne, tandis que les écoles maternelles et crèches seront fermées.
Face à ces circonstances exceptionnelles, l’équipe de Lepetitjournal.com à Singapour fonctionne déjà en visio-conférences depuis 3/4 semaines dans la Cité-Etat, lors de nos réunions hebdomadaires et interviews, afin de continuer à informer nos lecteurs. Notre édition fête en 2020 ans ses 10 ans d’existence. La célébration de ce bel anniversaire a du être reportée à décembre prochain, lors de la cérémonie de la 3ème édition des Trophées des Français d’Asie-Océanie.
Mes journées sont bien chargées, entre l’animation de l’édition locale de Lepetitjournal.com, les visio-conférences avec nos associés pour évoquer la situation présente et future de notre média, le quotidien en télé-travail à la maison avec mon époux et deux de mes enfants, le soutien auprès de mes parents et mes deux autres enfants confinés en Europe, mes fonctions de Conseillère élue au service des Français de Singapour et les réunions du comité de sécurité avec l’Ambassade de France. Dans le contexte de crise nationale COVID-19, le gouvernement français a pris la décision de reporter les élections des Conseillers des Français de l’étranger prévues le 17 mai à une date ultérieure non confirmée.
L'Australie traverse une période de son histoire plus que singulière
Rim Bohle, directrice de l'édition de Melbourne
Les feux de forêt. Les inondations. Maintenant le coronavirus. L'Australie traverse une période de son histoire plus que singulière où l'on sent que certaines cartes se redistribuent déjà. Malgré les difficultés, quelle chance de pouvoir suivre sur le terrain ce temps de profonds changements subis mais probablement nécessaires. Le Petit Journal Melbourne est fier de pouvoir accompagner la communauté francophone locale en fournissant des informations justes et précises pour tenter de faire un peu sens dans tout ce qui se passe autour de nous.
L'Australie est actuellement en transition vers un confinement, peut-être un jour total. Les lieux publics et un grand nombre de commerce ont rapidement fermé. Plus d'aire de jeux ou d'accès à la plage pour Melbourne. Mais nous pouvons faire de l'exercice à deux et nous rendre dans les supermarchés pour nous ravitailler en biens essentiels. Le gouvernement est toutefois clair. Nous en avons pour 6 mois. Minimum.
Des millions d'Australiens et d'étrangers se retrouvent au chômage. Les services consulaires français ont travaillé sans relâche ces dernières semaines pour aider les personnes sur des visas temporaires, notamment les jeunes à rentrer en France. Beaucoup d'angoisse, d'incertitudes mais aussi un énorme élan de solidarité. Le même qui avait démarré lors des incendies de cet été. Une forme de résilience liée à une envie de réussir à traverser tout cela ensemble.
Notre rédaction travaille depuis toujours en télétravail. Ce n'est pas évident mais j'ai toujours aimé jongler entre mes temps de travail -- souvent la nuit -- et les moments précieux avec mes enfants. Dorian, journaliste étudiant en stage de fin d'année, insuffle un véritable vent de jeunesse sur notre rédaction. Je suis ravie de pouvoir échanger, discuter avec lui en permanence via slack. Ses articles sont très appréciés. Nous n'avons pas d'horaire. Il sait qu'il peut me contacter à tout moment. Dans les moments difficiles, il y a toujours des belles histoires. J'ai de ce fait envie de remercier aussi Lila, une de nos jeunes lectrices, qui m'a contacté au début de la crise du COVID-19 en Australie avec une idée de sujet qui lui tenait à cœur. Ce dernier a fait écho chez nos lecteurs, un article devenant notre troisième record d'audience.
Difficile d'imaginer ce que sera Melbourne, même dans quelques jours. Nous sommes dans cette position particulière de rentrer dans cette pandémie tout en voyant impuissant les dégats qu'elle cause dans d'autres pays. Lepetitjournal.com-Melbourne continuera à vous informer voire a vous divertir pendant ces temps longs d'isolement. Nous y arriverons. Ensemble.