Le 10 février, Jakarta s’apprête à célébrer Imlek, la fête du nouvel an chinois et l’entrée dans l’année du dragon de bois. C’est l’occasion d’aller visiter le quartier chinois de la capitale, Glodok et de découvrir l’ambiance festive de cette fête.
Imlek revêt un caractère important pour la communauté chinoise indonésienne, car ce n’est que depuis 20 ans qu’elle peut enfin célébrer cet évènement. Cette journée a été déclarée jour rouge ou férié seulement depuis 2003 sous la présidence de Megawati Soekarnoputri.
Quartier de Glodok
S’il est un endroit où l’on peut retrouver l’ambiance festive du nouvel an chinois, c’est bien en visitant le quartier de Glodok situé au nord de Jakarta.
Passez la porte de Glodok, symbole de l'entrée dans la ville chinoise de Jakarta. La porte a été inaugurée il y a quelques années ! La première porte dans le quartier avait été construite en 1937 en l'honneur du mariage de la princesse Juliana et du prince Bernhard de Hollande. L'année suivante, la porte avait été embellie pour célébrer les 40 ans de règne de la reine Wilheilmina. Pendant la période d'occupation japonaise, la porte avait été utilisée pour commémorer l'anniversaire de l'empereur japonais Hirohito. Elle avait été ensuite détruite. Une nouvelle construction a vu le jour en 2022.
Une balade dans la petite rue Pancoran, qui se trouve derrière le marché couvert de Glodok, vous plonge dans l’atmosphère des préparatifs de cette fête avant tout familiale.
Le nouvel an chinois ne peut se célébrer sans décorations, partout des stands vendant des lampions rouges et or, des vêtements, des effigies en l’honneur du dragon sont installés dans la petite allée. Les échoppes des marchands d’encens, de fausses monnaies, de gâteaux à base de farine de riz et sucre s’alignent au début de Pancoran. Il faut se frayer son chemin, entre les motos et les pousse-pousse, pour aller plus loin sur le marché et découvrir les stands de légumes, fruits, poulets, poissons, concombres de mer, grenouilles, lapi lapi (sorte de tortue), anguilles …
Les symboliques du nouvel an chinois
Le poisson, symbole d’abondance, les dumpling, la santé financière, le poulet la santé, les nouilles longues de la prospérité et les gâteaux de la douceur sont des incontournables que l’on retrouvera sur les tables des familles chinoises. À la fin du repas familial qui se déroule très souvent chez les grands-parents, de petites enveloppes, appelées Ang Pao, sont distribuées aux enfants et aux célibataires de la famille. Toujours en nombre pair, les billets que l’on trouve à l’intérieur des enveloppes sont symboles de chance.
Pourquoi porter du rouge ?
L’une des légendes les plus populaires est celle de Nian qui raconte qu’à chaque veille de nouvel an, un dragon cruel et féroce venait dévorer les habitants des villages en Chine. Afin de l’éloigner, des torches étaient allumées, des pétards claquaient, on écrivait des vers sur des bandes de papier rouge que l’on collait à l’entrée des maisons. Nian, craignant le rouge, la lumière et le bruit, se tenait ainsi à l’écart. La population pouvait ainsi célébrer la nouvelle année dans le calme et se réjouir en lançant : « Kung-si » félicitations. Ces traditions perdurent aujourd’hui.
On nettoie :
Dans les temples ou les maisons, on s’active, on balaie, on frotte, on lave à grande eau. On se doit de nettoyer les traces du passé afin d’accueillir la nouvelle année.
L’année du dragon de bois
Le lapin est le cinquième animal des 12 signes du zodiaque chinois. Ces 12 signes sont le rat, le bœuf, le tigre, le lapin, le dragon, le serpent, le cheval, le mouton, le singe, le coq, le chien et le cochon. Les signes du zodiaque sont toujours liés à l'un des cinq éléments : métal, bois, eau, feu et terre. L’année 2024 sera celle du bois.
Le temple de Dharma Bahakti Vihara à Glodok :
Ce temple, situé au bout de l’allée Pancoran, est l’un des plus vieux de Jakarta, il a été construit en 1630. En 1740, suite à des attaques d’Européens par des triades chinoises, les Hollandais massacrent 10.000 Chinois et détruisent le temple. Il sera reconstruit en 1755. Un incendie a ravagé une partie du temple en 2015, il est en cours de rénovation.
Néanmoins, c'est là que la communauté viendra prier ce week-end, brûler de l’encens et de la fausse monnaie afin d’attirer santé, prospérité et fortune à la famille. De hautes et grosses bougies sont allumées par les familles et doivent bruler l’année entière. Dans la cour principale, des personnes mendient en ce jour, car ils savent que par tradition, la communauté chinoise distribue de l’argent après avoir prié.
La danse du lion :
La danse du lion ou barongsai, symbole du bonheur et de l’audace, est l’un des évènements que les familles ne manqueraient pour rien au monde. Il est possible d’assister à ces performances dans les centres commerciaux qui en proposent tout au long du week-end.
Visiter Glodok, ses ruelles, son marché, ses échoppes en cette période festive est l’occasion de comprendre cette communauté chinoise qui fait partie intégrante de la vie indonésienne depuis plusieurs siècles.