La Turquie célèbre Hıdırellez, la "fête du printemps"

Hıdırellez ou Hıdrellez est une fête qui fait l’éloge de l'arrivée du printemps, ou de l'éveil de la nature, et qui est célébrée dans la nuit du 5 au 6 mai du calendrier grégorien, ou bien le 23 avril du calendrier julien - c’est-à-dire le jour de la Saint-Georges.
Les origines d'Hıdırellez
"Hıdırellez" est un nom composé à partir de ‘Hıdır’ (ou Hızır) et 'Ilyas'. Ce jour-là, la figure prophétique d’Hıdır, associée au printemps et à la renaissance, et le prophète Ilyas, censé apporter la pluie sur les terres arides, se seraient rencontrés. Selon la croyance, ces prophètes protecteurs de la terre et de l’eau, viendraient en aide aux individus et aux communautés dans le besoin.
Deux théories sont discutées sur l’origine de cette fête : l’une met en avant ses racines mésopotamienne et anatolienne, l’autre, la croyance préislamique des peuples turcs d’Asie centrale.
Pendant la domination ottomane, cette fête s’est répandue dans les Balkans, où elle est appelée "Ederlezi" par les Gitans. Pour ces derniers, il s’agit du festival de "tous les Roms".
Vidéo : Pendant la fête d’Ederlezi, extrait du film Le temps des gitans, d’Emir Kusturica, BO de Goran Bregovic.
Les célébrations d'Hıdırellez
Cette fête se pratique souvent dans la nature, près de sources d’eaux, et de lieux saints.
Le soir du 5 mai, on peut voir de nombreuses célébrations organisées par les Gitans dans l’ouest de la Turquie (d’Edirne à Istanbul) notamment. À Istanbul, avant la pandémie de COVID-19, un festival était traditionnellement organisé au bord de la mer Marmara à Ahırkapı, dans la nuit du 5 au 6 mai. Dans le reste de la Turquie, cette fête est également largement célébrée. Danses et musiques sont au programme tout au long de la nuit.
Pour cet événement, différents rituels et cérémonies liés à la nature sont pratiqués, censés apporter bien-être, fertilité et prospérité à la famille ainsi qu’à la communauté, et protéger le bétail et les récoltes pour l’année à venir.
Les différents rituels d'Hıdırellez
De nombreuses pratiques existent pour célébrer Hıdırellez.
La plus connue est sans doute l’écriture de lettres de vœux (sur papier ou rubans), le 5 mai, à attacher à la branche d’un arbre ou à un rosier (parfois à une vigne). Selon certaines pratiques, ces branches (rameaux) peuvent être jetées dans l’eau (fleuve, rivière) à l’issue de la fête.
Il est aussi commun d’accrocher (le 5 mai au soir au moment de la prière du soir) de l’argent ou un portefeuille ouvert à une branche, et de le récupérer le lendemain matin.
Ces dernières années, il est possible de voir des arbres en plastique mis à disposition dans les centres commerciaux, pour que les gens y attachent leurs vœux.

Certains habitants d’Anatolie nettoient leur maison, pour que le jour d’Hıdırallez, Hıdır leur rende visite, et qu’il apporte prospérité à leur foyer.
Dans l’après-midi du 5 mai, on allume un grand feu, et plus tard dans la soirée, il est très commun de voir les gens sauter par-dessus. Selon la croyance, cela guérit les maladies, réalise nos vœux, et prévient du mauvais œil.
Vidéo : Célébrations d'Hıdırellez sur l'île d'Heybeliada, en mai 2019
Cette année, des célébrations sont prévues à Istanbul dans le Topkapı Kültür Parkı (Fatih) du jeudi 5 au dimanche 8 mai. Pour retrouver le programme, cliquez ICI.
Hıdırellez, célébrée officiellement en Turquie et en Macédoine du Nord, a été inscrite en 2017 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.