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Boycott citoyen en Turquie : une journée sans achats relayée en ligne

Commerces vides, artistes absents, réseaux mobilisés : la Turquie a connu, le 2 avril 2025, une journée atypique sous le signe du boycott citoyen. Décryptage d’un mouvement relayé en ligne.

Photo d’un supermarché Migros en Turquie, l’une des enseignes ciblées par le boycott du 2 avril 2025Photo d’un supermarché Migros en Turquie, l’une des enseignes ciblées par le boycott du 2 avril 2025
Écrit par Sarah Goldenberg
Publié le 3 avril 2025, mis à jour le 4 avril 2025

Une journée sans achats relayée en ligne

 

Le mardi 2 avril 2025, un appel citoyen à ne pas consommer a circulé largement sur les réseaux sociaux en Turquie. Cette initiative, relayée par de nombreux internautes et des étudiants de plusieurs universités, incitait à suspendre toute forme d’achat durant 24 heures : paiements par carte, achats alimentaires, essence, restauration ou commandes en ligne.

L’objectif annoncé : exprimer pacifiquement un malaise face au climat économique et social actuel, à travers une forme de mobilisation numérique.

 

Enseignes vides et soutiens symboliques

 

Dans certaines villes, des commerces ont temporairement fermé leurs portes pour marquer leur participation. Des photos et vidéos relayées sur les réseaux ont montré des rayons peu fréquentés dans plusieurs grandes chaînes de distribution, notamment des enseignes comme Migros, mentionnées dans les visuels partagés.

Certains commerçants ont également apposé sur leurs vitrines des messages de soutien ou de participation, signalant leur adhésion à cette journée de retenue économique.

 

Des artistes internationaux reportent leur venue

 

Le groupe britannique Muse a annoncé sur Instagram le report de son concert prévu en 2025 à Istanbul à l’année 2026, précisant qu’un nouvel organisateur sera désigné. Cette décision est intervenue à la suite de nombreuses sollicitations de fans turcs. D’autres artistes, moins connus à l’international, auraient également repoussé ou annulé leur venue, selon plusieurs publications relayées en ligne.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Réactions officielles et cadre juridique

 

Le ministre turc du Commerce, Ömer Bolat, a qualifié cette mobilisation de “tentative de sabotage économique”, rappelant l’importance de préserver la stabilité nationale. Une enquête a été ouverte à Istanbul concernant les appels au boycott diffusés sur les réseaux sociaux. Selon plusieurs médias, des utilisateurs auraient été interrogés ou interpellés.

Certains messages partagés en ligne rappelaient que le droit au boycott pacifique est inscrit dans la Constitution turque, au titre de la liberté d’opinion et de réunion (articles 25, 26 et 34), tant que l’initiative reste non violente.

 

Une mobilisation sociale, numérique et pacifique

 

Ce mouvement, largement relayé par des jeunes issus de la génération Z et des cercles étudiants, s’est déroulé de manière pacifique, sans appels à la violence. Il témoigne d’une forme d’engagement citoyen ancrée dans les usages numériques, à travers des gestes symboliques et silencieux plutôt qu’une manifestation physique.

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