Pourquoi la noisette de Giresun séduit-elle les plus grandes marques au monde ? De ses collines verdoyantes à votre table, ce fruit emblématique incarne un savoir-faire unique de la mer Noire.
Giresun, berceau de la noisette turque
Nichée entre mer et montagnes, Giresun bénéficie d’un climat doux et humide, idéal pour la culture du noisetier. Depuis l’Antiquité, cette ville de la mer Noire s’est imposée comme un haut lieu de la production de noisettes. Aujourd’hui encore, ses collines verdoyantes abritent des vergers en terrasses qui façonnent le paysage local et rythment la vie économique de la région.
Autrefois cultivée dans les foyers, la noisette s’est enracinée dans les gestes du quotidien et dans les mémoires. Ici, elle se récolte, se transmet, se célèbre, se raconte au fil des saisons comme un repère naturel de l’année et du territoire.
Une variété renommée dans le monde entier
Parmi les nombreuses variétés cultivées en Turquie, la “Giresun Tombul”, littéralement la “ronde de Giresun” occupe une place à part. Appréciée pour sa forme sphérique quasi parfaite, sa coque fine et sa teneur élevée en huile, elle est reconnue comme l’une des meilleures noisettes au monde. Sa saveur douce, légèrement beurrée, séduit les chocolatiers et les confiseurs les plus exigeants.
Cette excellence n’est pas le fruit du hasard : elle repose sur un terroir unique, une tradition agricole ancienne et un savoir-faire transmis avec soin. Récoltée à la main, séchée naturellement, la noisette de Giresun se distingue aussi par son rendement élevé et ses qualités gustatives constantes. Elle bénéficie d’ailleurs d’une indication géographique protégée en Turquie (coğrafi işaret), un label officiel qui atteste de son origine et renforce sa renommée sur les marchés nationaux et internationaux.
Un trésor local à l’assaut du marché mondial
Avec près de 70 % de la production mondiale, la Turquie domine le marché de la noisette et Giresun y joue un rôle stratégique. Ses récoltes alimentent chaque année les circuits d’exportation vers l’Europe, l’Asie ou encore l’Amérique du Nord. Cette filière est un pilier de l’économie locale, assurant des revenus à des milliers de familles et soutenant de nombreuses coopératives agricoles.
En 2023‑2024, la Turquie a exporté 303 458 tonnes de noisettes, générant environ 2,35 milliards de dollars.
Rien que de janvier à octobre 2024, les exportations ont atteint 254 000 tonnes, en hausse de +20 % en volume et +57 % en valeur par rapport à l’année précédente. L’Union européenne reste le principal marché, tandis que la Chine enregistre une progression spectaculaire de ses importations.
Ce dynamisme repose à la fois sur la qualité des noisettes turques et sur une intervention stratégique de l’État. Le TMO (Toprak Mahsulleri Ofisi) joue un rôle clé dans la régulation du secteur : achat de stocks pour stabiliser les prix, soutien logistique, subventions et points de vente répartis dans tout le pays.
Derrière ces chiffres, c’est l’histoire d’un fruit local devenu un moteur discret mais puissant du commerce international.
Derrière la noisette, un travail de saisonniers
Chaque été, au moment de la récolte, les collines de Giresun s’animent. Des milliers de travailleurs saisonniers, venus de provinces rurales du sud-est de la Turquie, affluent pour participer à la cueillette. Beaucoup sont issus de régions à majorité kurde et reviennent année après année, perpétuant un cycle immuable.
Les femmes y occupent une place centrale. Présentes sur le terrain dès les premières lueurs du jour, elles ramassent les noisettes à la main, souvent avec leurs enfants. Leur rôle est essentiel, mais leurs conditions de travail restent précaires : longues journées, rémunérations variables, absence de protection sociale. Malgré certaines avancées légales, la situation de ces travailleurs saisonniers continue de soulever des questions sur la régulation, l’encadrement et l’équité dans la filière.
Où savourer la noisette en Turquie ?
Dans les pâtisseries de Giresun, la noisette se glisse entre les fines couches d’un baklava, se transforme en pâte à tartiner artisanale ou se savoure simplement grillée, en collation. On la retrouve aussi dans des desserts locaux, des crèmes, ou même des plats salés relevés d’éclats de noisette torréfiée.
Chaque été, plusieurs festivals et événements gastronomiques rythment la région. À Görele, dans la province de Giresun, le Çömlekçi Deresi Fındık Festivali met à l’honneur la récolte et les traditions locales (édition 2025 prévue en juillet). Giresun accueille également des manifestations culinaires où la noisette est à l’honneur, entre dégustations, animations et expositions.
Pour les curieux de passage, la ville propose aussi des boutiques spécialisées, des coopératives locales et des cafés où déguster des produits transformés sur place. Une invitation à découvrir la noisette autrement, au plus près de son terroir.
Ne manquez rien de l’actu. Inscrivez-vous à notre newsletter quotidienne ici
Pour plus de culture, d’actus et de bons plans : suivez-nous sur Facebook, Instagram et X
Sur le même sujet
L'annuaire 
L'agenda 
