Comment la Turquie est-elle parvenue à franchir un seuil historique dans ses exportations agricoles ? En 2024, le pays enregistre un record inédit, porté par des produits phares et des marchés solides.
Un record d’exportations agricoles en 2024
Avec 36,2 milliards de dollars générés par ses exportations agricoles en 2024, la Turquie franchit un nouveau cap. Cette performance marque une progression de 3,3 % par rapport à l’année précédente, selon les données communiquées par le ministère de l’Agriculture et relayées par Daily Sabah. Le secteur agricole représente ainsi 16 % des exportations totales du pays, juste derrière l’automobile, qui reste en tête avec 37,2 milliards de dollars.
Cette dynamique s’explique par une combinaison de facteurs : soutien gouvernemental, diversification des marchés, modernisation des infrastructures agricoles et hausse de la demande mondiale sur certains produits clés.
Noisettes, fruits secs et origan : les produits phares à l’export
Parmi les grandes forces de la Turquie, on retrouve des productions agricoles à forte valeur ajoutée et à rayonnement international. Le pays est le premier exportateur mondial de noisettes, d’abricots secs et d’origan. Il est également un acteur majeur sur le marché des figues, des tomates et du coton.
L’export repose à la fois sur des produits bruts (comme les fruits secs) et sur des produits transformés, dont la valeur ajoutée contribue à renforcer la compétitivité turque. La diversité des terroirs et la richesse climatique du territoire permettent une offre abondante, variée et adaptée à plusieurs zones géographiques de consommation.
BON À SAVOIR – Turquie: la "passion" des fruits secs!
Des marchés d’exportation bien établis et en expansion
La Turquie exporte aujourd’hui ses produits agricoles vers plus de 200 pays. Les principaux partenaires restent les marchés européens et américains : Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni, Irak et Italie figurent dans le top 5 des destinations.
L’Europe représente une part importante des débouchés, notamment pour les produits labellisés ou répondant à des normes phytosanitaires strictes. Parallèlement, le pays développe activement sa présence en Asie et en Afrique, où la demande pour les produits turcs gagne du terrain grâce à des accords commerciaux et une logistique maritime de plus en plus fluide.
Enjeux logistiques, réglementaires et environnementaux
Malgré ses résultats positifs, le secteur agricole turc fait face à plusieurs défis structurels. Le changement climatique, la pression sur les ressources hydriques et les exigences sanitaires internationales imposent des efforts d’adaptation continus.
En réponse, le ministère de l’Agriculture a lancé début 2024 une nouvelle feuille de route pour le secteur de l’élevage, dans le but de renforcer sa durabilité et sa résilience.
“Nous avons établi une feuille de route pour renforcer notre secteur de l’élevage face aux défis actuels.” Ibrahim Yumaklı, ministre de l’Agriculture et des Forêts
Autre indicateur de cette volonté de régulation : l’instauration d’un quota d’importation de 600.000 bovins d’engraissement pour 2024, révisable selon les besoins du marché. En parallèle, en mars 2025, un appel d’offres a été lancé pour l’exportation de 50.000 tonnes de blé dur, avec des expéditions prévues entre avril et mai.
Exporter, oui… mais à quel prix pour le marché local ?
Alors que la Turquie célèbre ses performances à l’export, certains habitants et observateurs constatent une baisse de la qualité des produits alimentaires vendus sur le marché intérieur, en particulier dans les grandes surfaces. Fruits moins savoureux, légumes abîmés, produits moins variés : ce ressenti s’est accentué ces dernières années, notamment dans les zones urbaines.
Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. D’une part, les produits de meilleure qualité sont prioritairement orientés vers l’exportation, car ils génèrent une plus forte valeur ajoutée. D’autre part, les coûts de production en hausse (engrais, semences, énergie, transport) poussent certains producteurs à réduire leurs marges sur le marché local, affectant la qualité perçue.
À cela s’ajoutent les effets du changement climatique, la croissance rapide de la population - la Turquie compte actuellement environ 85,6 millions d’habitants, selon l’Institut national des statistiques TÜİK – et des tensions logistiques dans certaines régions (infrastructures insuffisantes, rupture de la chaîne du froid, hausse des coûts de distribution).
Résultat : si les performances agricoles turques impressionnent à l’international, elles posent en miroir la question de la qualité nutritionnelle et de l’accessibilité des produits pour les citoyens turcs eux-mêmes, notamment dans les grandes villes.
Un sujet sensible, à la croisée des enjeux économiques, sociaux et alimentaires, qui pourrait bien devenir central dans les années à venir.
La Turquie agricole, entre ambition et résilience
L’année 2024 confirme la position de la Turquie comme puissance agricole montante sur la scène mondiale. Si les performances à l’exportation sont au rendez-vous, elles s’inscrivent dans un contexte de transformation, de structuration et de défis à relever. Avec ses ressources, sa diversité géographique et son ambition politique, la Turquie trace sa voie vers une agriculture compétitive, durable et tournée vers l’avenir.
Expat à Istanbul ou curieux de la Turquie ? Ne manquez rien de l’actu. Inscrivez-vous à notre newsletter quotidienne ici
Pour plus de culture, d’actus et de bons plans : suivez-nous sur Facebook, Instagram et X
Sur le même sujet
L'annuaire à Istanbul
L'agenda à Istanbul
