En 325, à Nicée, les évêques réunis autour de Constantin fixent les bases d’une doctrine appelée à durer. Dix-sept siècles plus tard, cet acte fondateur trouve un nouvel écho à Iznik, où l’anniversaire est célébré.
Le pape à Nicée pour commémorer le concile
Le pape Léon XIV va effectuer à partir du 27 novembre 2025 son premier voyage à l’étranger depuis son élection. Afin de favoriser le dialogue inter-religieux et de rapprocher l’Église catholique des Églises orientales, en particulier l’orthodoxe, c’est en Turquie puis au Liban qu’il a choisi de se rendre. La première étape de son voyage se déroulera à Ankara, Iznik et Istanbul. Si le pape va à Iznik, qui n’est autre que l’antique Nicée, c’est que l’année 2025 est celle d’un anniversaire capital dans l’histoire du christianisme, les 1.700 ans du premier Concile œcuménique, qui se déroula du 20 mai au 25 juillet 325, dans le palais impérial de la petite ville de Bithynie.
La conversion progressive de Constantin au christianisme
À l’orée du IVe siècle, l’Empire romain sortait d’une longue période de persécution des chrétiens, qui avait commencé au 1er siècle sous Néron, par l’accusation d’avoir provoqué l’incendie de Rome, s’était intensifiée au IIIe siècle sous Dèce et Valérien et avait culminé entre 303 et 311, sous Dioclétien. Soucieux de pacifier leurs territoires, Constantin, empereur d’Occident et Licinius, empereur d’Orient, promulguèrent, en 313, l’Édit de Milan, qui accordait la liberté de culte à toutes les religions et légalisait ainsi la religion chrétienne.
Quel événement fit basculer Constantin vers le christianisme ? La légende raconte qu’en 312, à la bataille victorieuse de Milvius, l’empereur vit dans le ciel une croix avec la phrase « Par ce signe, tu vaincras » et plaça désormais le chrisme sur son étendard ; le chrisme est le monogramme du Christ formé à partir des lettres grecques « X » et « P », les deux premières du mot « Χριστός » prononcé « Christós », signifiant « l’Oint » ; et des lettres « α, alpha » et « ω, oméga », première et dernière de l’alphabet grec, symbolisant le tout.
Et même s’il ne rompit que peu à peu avec les croyances païennes et ne se fit baptiser que sur son lit de mort, Constantin fut aussi influencé par sa mère, la future sainte Hélène, première femme de la famille impériale à afficher son christianisme ; il développa ainsie la nouvelle religion en faisant construire les Basiliques du Saint-Sépulcre à Jérusalem et Saint-Jean de Latran à Rome (le christianisme ne deviendra religion officielle que sous Théodose en 380).
Pourquoi Constantin décida-t-il de réunir le Concile de Nicée ?
Autour de 325, des querelles théologiques divisaient le christianisme, en particulier sur la nature du Christ. En effet, Arius, prêtre d’Alexandrie, affirmait que Jésus-Christ était une créature créée par Dieu le Père et donc qu’il n’était ni éternel ni de même nature que lui, alors que d’autres théologiens, dont Athanase, soutenaient qu’il était de même substance que le Père. L’empereur Constantin convoqua donc à Nicée trois-cents évêques venus de tout l’Empire pour donner à la foi chrétienne une unité doctrinale.
Le Concile de Nicée, qu’il présida en personne, fut ainsi le premier concile œcuménique de l’histoire du christianisme. En outre, pour l’Empereur, il constituait l’occasion de montrer la nouvelle alliance entre le pouvoir impérial et l’Église.
Quelles furent les décisions prises au Concile de Nicée ?
Le Concile condamna l’Arianisme dont les partisans furent excommuniés et entérina la divinité du Christ. Il rédigea le « Symbole de Nicée », affirmant que le Fils était consubstantiel au Père, c’est-à-dire de la même nature que lui, pleinement divin et éternel. Cela aboutit au « Credo de Nicée », qui serait complété au Concile de Constantinople en 381 et servirait de fondement à la théologie chrétienne : « Le Fils est engendré, non pas créé, consubstantiel au Père ». Le concile fixa aussi la date de la célébration de Pâques.
La postérité du concile
Si le pape Léon XIV vient célébrer l’anniversaire du Concile de Nicée, c’est qu’il s’agit d’un événement capital dans l’histoire de la chrétienté puisqu’il a posé les bases du dogme encore accepté aujourd’hui par la plupart des Églises, catholique, orthodoxe et protestante et a défini une profession de foi commune. Souhaitons au Saint Père un voyage placé, conformément à ses vœux, sous le signe de l’œcuménisme…
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