Ce jeudi 1er décembre, à l’instar de la baguette de pain française, le thé turc a fait son entrée sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (UNESCO).
Le patrimoine culturel immatériel (PCI) est une catégorie de patrimoine issue de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, adoptée par l’UNESCO en 2003 (ratifiée par 163 États à ce jour). Depuis, chaque année, le Comité se réunit pour évaluer des candidatures et décider d’inscrire ou non les pratiques et expressions culturelles du patrimoine immatériel proposées par les États parties à la convention.
La culture du thé turc, une pratique sociale qui témoigne de l’hospitalité
"La culture du çay (thé)" (en Azerbaïdjan et en Turquie), reconnue comme "symbole d'identité, d’hospitalité et d’interaction sociale", a été inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité cette année.
Selon le communiqué de l’UNESCO : "La culture du thé est une pratique sociale importante qui témoigne de l’hospitalité, crée et maintient des liens sociaux et sert à célébrer les moments importants de la vie des communautés. Bien qu’il existe plusieurs types de thé et de techniques d’infusion, les communautés des deux pays récoltent et consomment principalement du thé noir. Les communautés infusent le thé à l’aide d’une grande variété de bouilloires, produites selon un savoir-faire traditionnel. La boisson est servie chaude, fraîchement infusée, dans des tasses en forme de poire, en verre, porcelaine, faïence ou argent. […] La culture du thé est un élément essentiel de la vie quotidienne de toutes les couches de la société, qui procure un fort sentiment d’identité culturelle. Les porteurs de cette culture sont les cultivateurs et les récolteurs de thé, les propriétaires de salons de thé, les fabricants de thé et les artisans qui fabriquent les outils, les ustensiles et les sucreries associés."
Le thé turc pousse principalement à l’est de la mer Noire, dans la province de Rize. Si la Turquie est le 5e producteur mondial (environ 5% de la production), les Turcs seraient les plus gros consommateurs de thé au monde (entre 3 et 4 kg par personne par an).
En 2022, "la tradition du récit des anecdotes de Nasreddin Hodja" est également entrée sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Par ailleurs, "le travail traditionnel de la pierre d’Ahlat" (dans la région du Mont Nemrut) a été inscrit sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
Le 5 décembre, un anniversaire pour le café turc
Boisson mondialement connue, également fort symbole d’hospitalité, le café turc occupe une place importante dans la culture turque. Le 5 décembre 2013, l’UNESCO, l’a inscrit sur sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Le café serait arrivé pour la première fois en Turquie via le Yémen, sous le règne du sultan ottoman Soliman le Magnifique (1520-1566). Vers le milieu du XVIe siècle, des cafés publics ont commencé à s'ouvrir à Istanbul, permettant à un public plus large d'accéder à cette boisson de plus en plus populaire. À mesure que la dégustation du café turc se popularisait, les marchands ont commencé à échanger des grains de café au-delà des frontières.
La caractéristique principale qui différencie le café turc des autres types de café est la finesse de la mouture. Les grains sont moulus en une poudre, puis cuits lentement dans de l'eau bouillante. Cette méthode permet d'obtenir un marcs qui coule au fond de la tasse, et qu'il ne faut pas mélanger. Le café turc peut être consommé sans sucre (sade), avec un peu de sucre (az şekerli) ou sucré (şekerli). Il est servi dans de petites tasses (sans cuillère), accompagné d'un verre d'eau et, souvent, d'un loukoum.
Le café turc est un élément essentiel de la vie sociale turque. Il est souvent servi après un repas. Il est aussi au cœur de la tradition du "kız isteme" (la demande en mariage). Alors que la famille du futur époux se rend chez la future mariée pour demander sa main, la future épouse doit préparer du café turc pour son "prétendant" et sa famille. Selon la tradition, elle doit ajouter du sel (voire du vinaigre !) au café… Si le futur marié arrive à boire le café, c’est qu’il pourra passer sa vie avec elle ! Il existe également la tradition de la "lecture du marc de café" : après avoir bu le café, la tasse est placée à l'envers sur la soucoupe, les formes laissées par le marc sont ainsi "interprétées" par une "liseuse de marc", censée prédire l’avenir…
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