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L’EXPAT DU MOIS – Virgile Mangiavillano : "Je me sens turc !"

Virgile MangiavillanoVirgile Mangiavillano
Virgile Mangiavillano
Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 21 juin 2021

Enseignant de français langue étrangère, Virgile Mangiavillano a exercé dans plusieurs pays avant de poser les pieds en Turquie, en 2010. Depuis, au travail comme en coulisse, ce Français très engagé oeuvre pour le vivre-ensemble.

Son âge qu'il veut garder secret et notre sensation qu'il a déjà mené trois vies. Virgile Mangiavillano est un passionné de théâtre et comme sur scène, ce Français installé en Turquie depuis 2010 se plaît à endosser plusieurs rôles au quotidien. Ce jour-là, c'est dans son costume de professeur de français et coordinateur numérique du lycée Saint-Benoît d'Istanbul, qu'il nous accueille avec le sourire. "L'enseignement est une passion. Et j'ai toujours voulu exercer à l'étranger", raconte-t-il.

Aventurier et bâtisseur de ponts

Sa tenue d'aventurier revêtue et sa Maîtrise de français langue étrangère en poche, en 2002, Virgile s'apprête à changer de décors régulièrement. Et à apprendre de nouvelles langues. Des opportunités professionnelles le conduisent à enseigner à des militaires au sultanat d'Oman, puis à des universitaires en Corée du Sud. En passant par la Chine, où il travaille pour l'Institut français de Pékin. Et Homs, en Syrie, de 2003 à 2005 : "un pays déjà complexe à l'époque et on voit bien le résultat aujourd'hui", regrette Virgile. La Turquie est le premier pays où il exerce plus de trois ans, comme enseignant à l'université Galatasaray avant de décrocher son poste actuel au lycée Saint-Benoît, il y a un an et demi. "Je crois que j'ai hérité ma capacité de migrer de mes ancêtres", observe Virgile, petit-fils d'immigrés italiens venus en France après la Première Guerre mondiale.

Virgile n'oublie pas d'où il vient et surtout ceux qu'il a croisés sur son chemin : "Je suis resté en contact avec beaucoup d'anciens collègues et étudiants, explique-t-il. Je pense souvent à eux et c'est toujours émouvant de les voir évoluer. Malheureusement, j'en ai perdu certains dans la guerre en Syrie. J'en ai aidé d'autres avant qu'ils ne tentent leur chance en Europe, en les hébergeant chez moi, à Istanbul." Dans son appartement à Tarlabasi, un quartier fort d'une grande mixité sociale. Virgile y est aussi gérant de son immeuble et c'est un rôle qui lui tient particulièrement à coeur : "Le vivre-ensemble souffre partout dans le monde, pas seulement en Turquie. Mais je crois que l'on y arrive bien avec mes voisins, bien que nous soyons tous différents." Cette casquette est aussi un moyen pour lui de créer des ponts entre les cultures. Comme celui qu'il a bâti avec son correspondant allemand et sa famille dans les années 1990, lorsqu'il était en sixième. "Nous sommes toujours en contact après toutes ces années. C'est eux qui m'ont donné le goût du voyage. Nous nous sommes revus tous les ans après notre rencontre et ensemble, nous sommes allés au Danemark, en Suède".

Sur le petit écran turc

Depuis quatre ans, Virgile est aussi président de l'Association démocratique des Français à l'étranger (ADFE), une association indépendante de tout parti politique qui rassemble les Français et francophones hors de France unis par une sensibilité de gauche républicaine. Virgile fait partie du comité d'administration international de l'association, composé de 21 membres, représentant les 130 branches à travers le monde. Très engagé, auparavant, Virgile s'est aussi impliqué dans des missions syndicales de la Micel en Turquie. Des valeurs de gauche qu'il doit "à l'éducation humaniste" de ses parents.

Curieux et touche-à-tout, Virgile a mis ses talents d'acteur à contribution en jouant dans deux séries de télévision turques. En coulisse, sportif, Virgile revêt aussi régulièrement jogging et basket pour des entraînements et matchs de badminton. Mais s'il y a bien un costume que Virgile refuse de porter, c'est celui d'expatrié : "Ce terme renvoie souvent à quelqu'un qui travaille au sein d'une grande entreprise, dans un pays étranger pour une durée déterminée, régulièrement confiné dans une communauté d'expatriés. Je ne me retrouve pas dans cette définition. C'est pourquoi, je préfère dire que je suis migrant. Je vis ici, je m'intéresse à ce qui se passe dans le pays, je lis la presse. On peut même dire que je me sens turc !"

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lepetitjournal.com istanbul
Publié le 14 février 2017, mis à jour le 21 juin 2021

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