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1er mai à Istanbul : ce qu’il faut savoir

1er mai Turquie Istanbul1er mai Turquie Istanbul
Place Taksim, le 30 avril 2023
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 30 avril 2023, mis à jour le 10 janvier 2024

Comme de nombreux pays, la Turquie célèbre, ce lundi 1er mai, la journée du travail et de la solidarité ("Emek ve Dayanışma Günü"). Mais cette fête est particulièrement chargée d’histoire à Istanbul, avec des manifestations interdites ces dernières années sur la symbolique place Taksim. Retour sur l’histoire de cette journée, et petit tour d’horizon sur le dispositif prévu en 2023.

Si c’est en 1912, sous l’empire ottoman, qu’eut lieu à Istanbul le premier rassemblement à l’occasion du 1er mai, cette journée devint "officielle" en 1923. Néanmoins, dès 1924, les rassemblements furent interdits, et ce pour de nombreuses années.

En 1935, cette journée sera intégrée dans le cadre des "jours fériés" du pays comme "Fête du printemps et des fleurs".

Ce n’est qu’en 1976, plus de 50 ans après l’arrêt des rassemblements autorisés, que les célébrations reprendront sur la place Taksim, organisées par la DISK (Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie). Mais, une fois encore, la célébration de cette journée ne le sera que pour un temps…

Une histoire tumultueuse

En 1977, alors qu’une manifestation massive (plus de 500 000 personnes) se déroulait sur la place Taksim, des coups de feu tirés par des nationalistes d’extrême droite, depuis l’actuel hôtel Marmara, causèrent un mouvement de panique qui entraîna la mort d’une trentaine de personnes et une centaine de blessés. Cette tragédie, connue sous le nom de "1er mai sanglant" ("Kanlı 1 Mayıs"), conduisit à une interdiction de manifester pendant plus de 30 ans. Après le coup d’État de septembre 1980, ce jour redevint non chômé. À la fin des années 1990 - début 2000, dans d’autres quartiers comme celui de Kadiköy, s’organisèrent des rassemblements lors desquels eurent lieu de violents affrontements avec les forces de l’ordre.

Ce n’est qu’en 2009, à la demande des syndicats et de la société civile, que la Grande assemblée nationale de Turquie (TBMM) rendit à cette fête son statut de "jour férié". Les rassemblements pour le 1er mai sur la place Taksim furent de nouveau autorisés.

Mais en 2013, alors que la place était en travaux (projet de piétonisation), une trentaine de manifestants qui en forcèrent l’accès furent violemment réprimés, et des affrontements avec la police dans des quartiers voisins provoquèrent blessés et dégâts matériels. Les manifestants reprochaient à la préfecture d’empêcher un rassemblement considéré "hostile" par et pour le pouvoir. Depuis cette année-là*, les manifestations demeurent interdites sur la symbolique place stambouliote, même si chaque année, malgré un conséquent dispositif policier et le "bouclage" total des accès qui mènent à la place, certains tentent de la rejoindre, avec pour conséquences échauffourées et centaines d’arrestations, comme ce fut le cas en 2021 notamment.

Le dispositif pour ce 1er mai 2023

Comme chaque année, cette journée s’annonce "tendue". Les forces de l’ordre seront mobilisées en grand nombre ; sirènes, patrouilles d’hélicoptères et blocages des routes et des transports sont à prévoir.

La préfecture d’Istanbul maintient de nouveau l’interdiction de manifester place Taksim. Des barrières ont été installées dimanche 30 avril pour en bloquer les accès. Dès 6h00 du matin, les routes qui accèdent à la place seront fermées (Sıraselviler Caddesi, Tak-ı Zafer Caddesi, Sadri Alışık Sokak - Atıf Yılmaz Caddesi, Balo Sokak - Turnacıbaşı Caddesi, Zambak Sokak, Meşelik Sokak, Yeni Çarşı Caddesi, Kumbaracı Yokuşu, Asmalı Mescit Caddesi, Meşrutiyet Caddesi,  Hamalbaşı Caddesi, Kamer Hatun Caddesi, İlk Belediye Caddesi, Ensiz Sokak,  İnönü Caddesi,  Mete Caddesi).

De même, à partir de 6h00, les stations de métro Şişhane, Taksim et Osmanbey (M2) seront fermées pour la journée, le funiculaire Kabataş-Taksim (F1) également. 

Le dimanche 30 avril, à l’occasion de l’inauguration, dans la station de métro Taksim, d’une exposition d’affiches du 1er mai, Arzu Çerkezoğlu, la présidente du la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie, a déclaré : "Ce 1er mai est le dernier où la place Taksim est interdite d’accès". 

Cependant, un grand rassemblement autorisé aura lieu sur l’esplanade de Maltepe (rive asiatique) avec la présence de nombreux syndicats.

> Retrouvez le programme de la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie pour ce 1er mai en cliquant ICI

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(*) À partir du 31 mai 2013, la "défense" du parc Gezi par des manifestants écologistes provoqua rapidement des vagues de protestations à travers tout le pays.

 

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