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L’EXPAT DU MOIS - Sarah Agrali : "Je me suis construite en Turquie"

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Sarah Agrali est créatrice de sites internet (©SP)
Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 7 novembre 2017, mis à jour le 8 novembre 2017

Quand elle est arrivée à Istanbul pour un échange Erasmus il y a trois ans, Sarah Agrali n’aurait jamais imaginé qu’elle y co-dirigerait aujourd'hui son entreprise de design digital. 

Sarah Agrali commande un café turc avant de nous raconter : "A 22 ans, étudiante en communication, je suis venue en Erasmus à Istanbul. Initialement prévu pour un semestre, j’ai pu prolonger mon échange d’un an." Ses souvenirs ne sont pas si lointains. La Parisienne d’origine a aujourd’hui 26 ans et vit toujours près du Bosphore, "incomparable avec la Seine" selon elle. 

Sarah consacre tout son temps à son bébé né il y a un an : Momidiz, une entreprise de design digital. Sarah et Server, son petit ami, proposent des services de création de sites internet, de publicité digitale, de gestion des réseaux sociaux, de graphisme ou encore, de modelage 3D. "Entreprendre à 26 ans, c’est accessible. Je travaille depuis mes 16 ans et l’on est jamais plus épanoui que lorsque l’on travaille sur son propre projet", constate Sarah, qui assure ne plus compter ni les heure ni les weekends passés devant son ordinateur.

Créatrice de sites internet

Le quotidien rythmé par son travail, Sarah réserve tout de même du temps à ses loisirs, à commencer par sa toute dernière passion pour les horloges : "Leur mécanisme me fascine!" Curieuse et touche-à-tout, la Française est aussi férue d’art. "Je n’ai aucun talent artistique, que ce soit en dessin ou en musique par exemple. Mais grâce à mon entreprise, en pensant des sites internet, j’ai l’impression de pouvoir exprimer des émotions et créer quelque chose à mon tour." Son travail lui permet aussi de continuer à vivre sa première passion pour le voyage : "Il me suffit juste d’avoir mon ordinateur avec moi. Dans l’idéal, à l’avenir, j’aimerais concilier voyages et recherches de nouveaux clients." Le bouche à oreille lui a déjà permis de mener des projets pour des clients aux Etats-Unis et à Londres, sans compter ceux en France et en Turquie. 

L’année dernière, Sarah a passé six mois à Los Angeles pour un stage à l’Alliance française, dont elle a entièrement refait le site internet. Sa prochaine destination ? L’Australie peut-être, où sa soeur vit actuellement. "Le goût pour le voyage est dans nos gènes", s’amuse-t-elle, faisant référence à ses ancêtres tcherkesses, aussi dits Adyguéens, un peuple nomade du Caucase. La plupart des membres de la diaspora se trouvent aujourd’hui en Turquie. La famille paternelle de Sarah, elle, a migré à Maksudiye, située à deux heures d’Istanbul. "Je m’y rendais pour les vacances lorsque j’étais petite et je venais parfois à Istanbul. Mais c’est quand j’ai rendu visite à ma soeur, qui était en échange Erasmus ici, que j’ai eu envie de faire pareil", explique la jeune femme. Enfant, elle a grandi entourée de son père d’origine turc et de sa mère d’origine algérienne, deuxièmes générations d’immigrés, ainsi que de ses deux grandes soeurs. "A mon grand regret, je ne connaissais ni le turc ni l’arabe. A la maison, on parlait seulement français", explique Sarah, qui a appris le turc au cours des dernières années. 

"Je me suis construite en Turquie"

Aujourd’hui, elle se sent chez elle en Turquie. "C’est ce que je me dis à chaque fois que je descends de l’avion, poursuit Sarah. Avant mon expérience à Istanbul, j’avais toujours vécu chez mes parents. C’est ici que je suis devenue indépendante et que je me suis réellement construite."  Au terme d’"immigrée", la Française préfère se décrire comme "expatriée". "Le terme ‘expatrié’ sous-entend que l’on part vers quelque chose, et non de quelque chose: Ce n’est pas contraint, ni forcé", explique Sarah, tenant à souligner qu’elle ne dénigre pas la France : "Je reste attachée à sa culture. C’est un pays qui a une bonne situation économique et sociale. Je pense que si on la quitte, c’est que l’on a trouvé un petit plus ailleurs." Et son petit plus à elle, il est à Istanbul. Difficile pourtant de l’expliquer. Un petit plus dans la fumée des vapurs, dans le goût du thé, la douceur des gens, l’immensité de l’Histoire turque et dans "toutes les petites choses du quotidien", liste-t-elle. 

Nul doute que Sarah s'est parfaitement adaptée à sa vie ici. Elle est même adepte de la conduite automobile pourtant atypique dans les rues d'Istanbul : "Il faut être toujours à l’affût, on se s’ennuie jamais, j’adore ça!" Fraîchement installée dans un nouvel appartement à Ataşehir, il n’est pas question pour elle de faire demi-tour maintenant…

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 8 novembre 2017

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