Le samedi 12 février, les dirigeants de six partis d'opposition turcs ont tenu leur première réunion pour discuter de l’introduction d’un "système parlementaire renforcé", dans le cas où ils remporteraient les prochaines élections prévues en juin 2023. Ils se sont de nouveau rencontrés à Ankara le 28 février.
La réunion a eu lieu à l’initiative de président du CHP (Parti républicain du peuple), Kemal Kılıçdaroğlu. Parmi les présents, on comptait la présidente du parti İYİ (Bon), Meral Akşener, le chef du SP (parti de la Félicité), Temel Karamollaoğlu, le chef du DP (parti démocrate), Gültekin Uysal, le leader du DEVA (parti de la Démocratie et du Progrès) Ali Babacan (ancien membre de l’AKP, ministre de l’Économie de 2002 à 2007 et de 2009 à 2011), et le chef du parti Gelecek (Futur), Ahmet Davutoğlu (ancien membre de l’AKP, ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2014).
Lors de cette rencontre, les six dirigeants de partis ont discuté le retour au système parlementaire, et établi une feuille de route qu'ils s’engagent à suivre pour les prochaines élections.
Un communiqué publié à l'issue de la rencontre indiquait qu’un protocole d'accord sur le "système parlementaire renforcé" serait rendu public par les dirigeants le 28 février.
"Construire une Turquie démocratique"
"En tant que six partis politiques, notre responsabilité commune est de surmonter cette crise par la réconciliation et l'unité, et de résoudre nos problèmes profonds sur la base du pluralisme, en élargissant le champ de la politique démocratique", peut-on lire dans le communiqué.
"L'important est de construire une Turquie démocratique où les libertés et droits fondamentaux sont garantis dans le cadre des normes du Conseil de l'Europe et de l'Union européenne, où chacun se considère comme un citoyen égal et libre, où il peut librement exprimer sa pensée et vivre comme il l’entend", indique également le communiqué.
Rencontre historique à Ankara le 28 février : "Pour la Turquie de demain"
Les 6 partis d’opposition turcs se sont de nouveau rencontrés le lundi 28 février, pour annoncer leurs points d’accords autour des thèmes suivants : abolition du système présidentiel, limitation du mandat présidentiel à 7 ans, indépendance de la justice, indépendance de la Banque Centrale, application des décisions de la CEDH, séparation des pouvoirs, liberté d'expression, entre autres.
Depuis 2018, si le CHP, le parti İYİ, le SP, et le DP forment officiellement "l'Alliance de la nation" ("Millet İttifakı", contre "l’Alliance populaire", "Cumhur İttifakı" formée par la coalition au pouvoir : l'AKP et le MHP), le parti DEVA (qui signifie aussi "remède" en turc) et le parti Gelecek n'ont pas encore rejoint l'alliance, mais travaillent avec elle pour le retour au système parlementaire.
La réforme constitutionnelle turque, adoptée par référendum en avril 2017, avait marqué le passage d’un régime parlementaire à un système présidentiel, attribuant les anciens pouvoirs du premier ministre (fonction qui disparaît avec la réforme) au président de la république, Recep Tayyip Erdogan (élu président au suffrage universel en 2014).
Les prochaines élections, présidentielles et législatives, doivent se tenir en juin 2023, néanmoins, l'opposition suggère régulièrement que le gouvernement organisera des élections anticipées, à l'automne 2022.
À noter que le parti prokurde, le HDP, n’a pas été convié à ces rencontres. Le parti avait récolté 11,6 % des votes aux élections législatives de juin 2018 ; 55 députés (sur 600) de ce parti siègent actuellement à la Grande Assemblée nationale de Turquie.