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France/Turquie : comparatif du coût de la vie face à l’inflation

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Publié le 18 juillet 2022, mis à jour le 19 juillet 2022

Si, en Turquie, l’inflation s’élevait à 78,62% en juin contre 5,8% en France, quelles en sont les répercussions sur les prix dans les deux pays ? Zoom sur les prix et le coût de la vie à l'été 2022.

Alors que le nouveau salaire minimum est de 5 500 TL net par mois en Turquie (contre 1 302 € net par mois en France), le niveau de vie n’y est plus aussi attractif qu’avant à cause de l’inflation galopante. D’autant plus que certains ne bénéficient pas de ce salaire minimum en Turquie, à l’instar des 10,9% de Turcs au chômage (chiffres officiels pour mai 2022), et alors que l’État turc ne propose pas d’aide comme c’est le cas en France, où le gouvernement va, en septembre prochain, distribuer une prime alimentaire d’urgence de 100 € aux huit millions de foyers les plus modestes, pour contrer la flambée des prix. Même pour les Français de Turquie, dont certains sont éligibles à une aide financière versée par le gouvernement français (pour les bourses scolaires notamment), la situation devient de plus en plus difficile.

Des prix qui ne cessent de flamber en Turquie

En Turquie en 2022, le prix de vente moyen du mètre carré est de 9 363 TL, tandis que le prix de vente moyen du mètre carré en France est de 3 189 €. À Istanbul, ville la plus prisée des touristes et des expatriés, les prix s’envolent ces derniers mois avec un prix moyen de 15 767 TL au mètre carré.

Par ailleurs, les Turcs locataires voient une grosse partie de leur revenu amputée par le loyer ainsi que par les charges pour lesquelles il faudra compter annuellement en moyenne 1 056,26 TL en Turquie contre 150 € en France.

Elmas est franco-turque, installée à Istanbul depuis 2009. "Quand je suis arrivée en 2009, 1 € était égal à 2 TL à peine. Il est aujourd’hui à 17/18 TL", confie-t-elle. Selon elle, ce qui pose aujourd’hui le plus problème, c’est l’augmentation constante des prix dans les supermarchés. Diplômée d’une grande école de commerce en France, Elmas a dû arrêter de travailler pendant la pandémie pour s’occuper de ses jeunes enfants qui ne pouvaient plus aller à l’école. N’arrivant plus à trouver d’emploi car "sur-qualifiée" pour le marché turc, elle est désormais obligée de tout calculer et de se rendre dans plusieurs magasins pour finaliser ses courses. Elle a un rire nerveux en expliquant : "Avant, je disais que la pomme de terre était un repas pour les pauvres. Quand je suis arrivée en 2009, un kilo coûtait 1 TL, aujourd’hui, il en coûte 9 ou 10." (En France, son prix moyen est d’1,75 €). Elmas n’est d’ailleurs pas la seule à tout calculer. Elle ajoute "qu’au lieu de prendre un kilo d’oranges qui représente 4 fruits, certaines familles turques achètent désormais 15 mandarines."

Voici un comparatif des prix de quelques produits alimentaires :

  • Une bouteille d’eau minérale (50cl) : 3 ou 4 TL en Turquie contre 0,70 € en France
  • 12 œufs : 24 TL en Turquie contre 3,10 € en France
  • 1 kg de riz : 19 TL en Turquie contre 1,90 € en France
  • 1litre de lait : 12 TL en Turquie contre 1 € en France

Il devient également compliqué de se déplacer en Turquie, entre les prix du carburant et des transports en commun qui augmentent. Le prix à la pompe (diesel) est en effet d’environ 30 TL en moyenne en Turquie (mais il fluctue sans cesse), et de 2,10 € en France. Tandis qu’un Français pourrait s’offrir 620 litres de diesel par mois avec un SMIC, un Turc ne pourrait en acheter que 184 litres. Une augmentation qui contraint de plus en plus de Turcs à prendre les transports en commun, mais ces derniers aussi sont victimes de l’augmentation des prix. À Istanbul, un trajet (métro, bus, bateau) ne coûte pas moins de 7,67 TL, contre 1,65 € en moyenne en France.

Se priver des petits plaisirs

Face à la crise, cinq familles franco-turques que connaît Elmas "rentrent en France". Et malgré la dernière augmentation de 30% du salaire minimum, annoncée par le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, le 1er juillet dernier, beaucoup de personnes se privent. C’est le cas de la famille de Sinem, une Turque qui travaille à Kadiköy tout en poursuivant ses études. Elle confie tristement : "On peut juste payer ce que l’on doit payer, et c’est tout." Elle explique d’ailleurs que ceux "qui ont les moyens de faire des choses n’ont pas le temps car ils sont obligés de beaucoup plus travailler".

Elmas, elle aussi, fait attention à ses dépenses : "Je ne fais pas faire de sport en club à mes enfants, car avec le coût de l’école française, ce n’est pas possible. Je les inscris aux activités proposées par la mairie." Devoir payer l’école est, en effet, une contrainte financière qui s’ajoute aux difficultés déjà présentes en Turquie, ce qui pousse de nombreux expatriés franco-turcs à rentrer en France où l’éducation est gratuite.

Pour ceux qui sont rémunérés en euros, la vie est cependant plus facile, même si, d’après Elmas, les employeurs "ne veulent plus donner un salaire en euros ou même un bon salaire en TL, parce que cela leur coûte trop cher". Pour autant, elle reste optimiste, car elle sait que les prix fluctuent sans cesse, et rapidement.

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