La soie de Arni (Arani), dans le district de Tiruvannamalai, a été inscrite sur le Registre des Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) en 2007-2008.
Dans le même type de confusion générale qui a entouré l’inscription de la soie de Kanchipuram, ce qui a été reconnu à Arni (Arani) en 2007-2008, ce ne sont pas les saris en soie d’Arni en tant que tels, mais plutôt la soie d’Arani, produite dans le district de Tiruvannamalai. En effet, cette inscription inclut les textiles et les vêtements, notamment les saris. Parmi ces derniers, on distingue trois types différents, tous classés sous la catégorie "Arani Silk".
La ville de Tiruvannamalai
Tiruvannamalai, chef-lieu du district éponyme, est un haut lieu de pèlerinage dans le Tamil Nadu. La ville abrite le huitième plus grand temple du pays, avec le troisième plus haut gopuram, ce qui constitue une prouesse, et pas des moindres, dans un pays comptant plus de deux millions de temples. Tout cela dans une ville de moins de 300 000 habitants.
Le temple Annamalaiyar, également appelé Arunachaleshwarar — il est toujours difficile de retranscrire de façon univoque les noms tamouls —, constitue le centre spirituel de cette ville.
Ce temple est l’un des cinq sanctuaires dédiés à Shiva connus sous le nom de "Pancha Bhoota Sthalams". Chacun de ces sanctuaires est associé à un des cinq éléments naturels que Shiva incarne : l’air, l’eau, le feu, la terre et l’éther. Arunachaleshwarar est dédié au feu, ce qui lui confère une place particulière dans cette symbolique.
La soie d’Arani et l’histoire de la région
L'histoire de la soie Arni remonte au XVe siècle, lorsque l'empire Vijayanagar s'est étendu au district de North Arcot sous le règne de Kumara Kampana, également connu sous le nom de Kampana Udaiyar. Kumara était un commandant de l'armée et un prince de l'empire Vijayanagar qui a mené avec succès l'invasion contre le sultanat de Madurai. Ses exploits forment le thème du poème épique sanskrit Madhura Vijayam. Selon une légende poétique, c'est Ganga Devi qui a donné à Kumara Kampana l'épée de la déesse pour combattre et libérer Madurai du sultanat et rouvrir le temple Meenakshi.
L'introduction de l'empire Vijayanagar a entraîné des changements massifs dans la langue, les vêtements et la culture dans cette région. Les rois de Vijayanagar ont commencé à promouvoir les petites industries, notamment la production de saris en soie à Arani et Kancheepuram.
Les caractéristiques uniques des saris d’Arani
Ce qui distingue les saris en soie d’Arani, c’est leur conception bicolore : un côté du sari affiche une couleur différente de l’autre, ce qui crée un contraste saisissant au niveau du pallu. Par ailleurs, ces saris sont plus légers que ceux de Kanchipuram, et leurs bordures ne présentent pas les couleurs contrastées caractéristiques de ces derniers.
Les motifs, souvent inspirés par les saisons, ainsi que l’utilisation d’or et d’argent purs dans les zaris, comptent parmi les éléments distinctifs des saris d’Arani.
La matière première utilisée est la soie de mûrier, produite par des vers à soie nourris exclusivement de feuilles de mûrier. Cette soie est considérée comme la meilleure disponible sur le marché.
Les artisans et les projets environnementaux
Environ 35.000 artisans travaillent à la fabrication de ces saris. Depuis 2015, selon le journal The Hindu, un projet ambitieux, le Arni Handloom Silk Park, est en cours de développement. Prévu pour s’étendre sur 20 à 25 acres, ce parc devait être achevé en 2018. Il vise à soutenir la production de saris en soie d’Arani tout en limitant la contamination des eaux souterraines causée par les procédés de teinture.
Cependant, à ce jour, le projet n’existe encore que sous la forme d’une page Facebook appartenant à une ONG peu active.
Les prix des saris en soie d’Arani
Les saris en soie d’Arani sont proposés à des prix démarrant entre 8.000 et 9.000 INR (environ 100 à 110 €). Les modèles de meilleure qualité peuvent atteindre 25.000 INR (environ 300 €).
Des saris encore plus onéreux existent, mais ils sont beaucoup plus rares.