Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Les ports français sont-ils réellement contrôlés par les entreprises chinoises ?

port marseille chine france coscoport marseille chine france cosco
Un navire Cosco dans le terminal Eurofos a Marseille en 2018. YouTube capture @im_joulz
Écrit par Mathis Nicod
Publié le 30 novembre 2022, mis à jour le 1 décembre 2022

Le port de Hambourg vendu à la Chine fin octobre a soulevé de viscérales oppositions en Allemagne, même au sein de la coalition Scholz. Cosco, entreprise d’Etat chinoise et mastodonte du transport maritime mondial, possède maintenant 24,5% des parts du terminal Tollerort, une partie du port de Hambourg. 
Cette acquisition fait partie d’une stratégie d’achat et de financement d’infrastructures de transport sur les 5 continents de la part de la Chine depuis 2013, date de lancement des Nouvelles Routes De la Soie (NRDS). Le but : plus d’échanges bilatéraux, des débouchés pour la puissance productive chinoise et in fine, des avantages politiques. 

Mais qu’en est-il en France ? 

Les acteurs en France : Terminal Link, China Merchant Port, CMA CGM

Cosco et China Merchants Ports (CMPort) sont les deux grandes entreprises intégrées au volet maritime des NRDS. C’est CMPort qui est active en France, depuis l’été 2013, lorsqu’elle achète 49% des parts de Terminal Link, une filiale de CMA CGM, pour 400 M d’€. Terminal Link est en pleine expansion, car son entreprise mère lui cède des terminaux pour alléger sa dette de 18 milliards d’€. Le 26 mars 2020, CMA CGM cède 8 terminaux (Rotterdam, Qingdao, Hô Chi Minh Ville,…) à Terminal Link pour 730 M d’€.
Terminal Link possède un total 21 terminaux dans lesquels passent 22 millions de conteneurs équivalent vingt pieds (EVP) selon le site de CMPort en 2020. En 20 ans d’existence, la filiale atteint un chiffre d’affaires annuel (2021) de 11,850 milliards HK$ soit 1, 45 milliards d€.

Bénéficiant de la “Belt and Road” initiative [Nouvelles Routes de la Soie en Français], CMport a renforcé sa position sur les marchés concernés ces dernières années » site internet de CMPort

3 ports français sous contrôle partiel de CMPort

CMP, à travers ses 49% de Terminal Links possède 25% du Terminal Grand Ouest (TGO) au sein du port Nantes - Saint-Nazaire, 25% du Terminal de Méditerranée dans le Bassins Ouest du port de Marseille-Fos et ~25% du Terminal de France au Havre. 
« Marseille était le projet le plus ambitieux parce que il est dans la Méditerranée, cet espace que la Chine souhaite « posséder » […] c’était par le sud que devait tout se faire » explique Adrien Mugnier Directeur de l'Observatoire Français des Nouvelles Routes de la Soie

Selon le Directeur du think thank, Marseille est désavantagé par le manque de relais ferroviaires, notamment le TGV Lyon-Turin en discussion permanente. « Il y aura toujours trop de débats, ce qui effraie les Chinois »

Le Havre et Dunkerque représentent un intérêt pour la route Nord, qui devrait s’ouvrir avec la fonte des glaces. 

 

route commerciales arctique Chine Russie Europe
Les routes commerciales dans l'océan Arctique. YouTube capture @Lumni, 2021

Pourquoi la Chine achète-t-elle des parts de ports ?

Selon Adrien Mugnier, l’objectif des Chinois « n’est pas exclusivement de commercer avec les autres, […] c’est aussi de fixer « leurs propres règles dans les ports ». Être propriétaire d’un port, c’est peser dans les décisions de gestion. Si cela ne se vérifie pas en France parce que « « l’investissement chinois dans les ports français reste résiduel », c’est le cas dans les ports du Pyrée en Grèce, à Zeebruge et à Valence, où à la Chine possède plus de 50% des parts. 

« il y a une opposition en Allemagne, en France, dans les pays qui ont des intérêts idéologiques opposés » Adrien Mugnier

L’Italie est le seul membre de l’UE à avoir officialisé sa participation commerciale aux Nouvelles Routes de la Soie. Les autres y participent de fait, notamment les Pays Bas et la Belgique. Dans tous les cas, « La France va chercher à accélérer les échanges sur les voies maritimes asiatiques sans toutefois signer vraiment d’adhésion au projet, c’est inenvisageable » tranche le Directeur de l’Observatoire des NRDS
En 2019, la France a exporté pour un total de 23,6 milliards de $. C’est 5 fois plus pour l’Allemagne, avec 107 Milliards $ de produits exportés vers la Chine

Mais la France « ne va pas vers une tendance d’accepter des investissements chinois » selon le chercheur, et « les chinois vont se recentrer sur leur marché intérieur, malgré tous leurs discours d’ouverture » 

Dans tout les cas, « il faut essayer de proposer autre chose et regagner nos parts de marché, avec les pays africains notamment » conclu-t-il;

Sujets du moment

Flash infos