C’est l’incendie meurtrier d’un immeuble jeudi dernier 24 novembre qui semble avoir déclenché des manifestations dans la ville d’Urumqi au Xinjiang, après que 10 personnes aient péri, fait du confinement imposé par les autorités selon les manifestants.
Les mesures anti-covid mises en cause
Les habitants du quartier de Tianshan, proche du complexe résidentiel Jixiang sous lockdown depuis le mois d’aout, sont descendus dans la rue pour crier leur mécontentement, fait plutôt rare en Chine, qui contrôle étroitement les manifestations publiques. Il semble qu’un total de 19 personnes aient été intoxiquées par les fumées dont 10 ont péri dans cet incendie qui aurait pris 4 heures pour être maîtrisé, en partie du fait des obstacles sanitaires empêchant l’accès aux pompiers selon les observateurs. Publiées en boucle sur les réseaux sociaux, les images des manifestants participant à une marche nocturne vendredi dernier ont aussitôt été supprimées par la police du web. Il semble que depuis, plusieurs quartiers aient été réouverts suite aux protestations.
Milliers de personnes dans la rue à Shanghai
Venus en soutien des manifestants d’Urumqi, plusieurs centaines selon les autorités, milliers selon les participants, d’habitants de Shanghai ont protesté publiquement durant le week-end dans la rue homonyme de la ville, allumant des bougies à la mémoire des victimes et scandant les slogans de « Ouvrez le Xinjiang, ouvrez la Chine » ou encore « Xi Jinping démission ». Ce mouvement fait suite à 3 ans de confinements répétés, à Shanghai comme ailleurs en Chine, le dernier épisode consistant à consigner à domicile toute la population de la ville (24 millions d’habitants) pendant plusieurs mois. Les incidents avaient lieu samedi et dimanche malgré que la police ne soit intervenue une première fois samedi pour disperser les protestataires avec du spray au poivre, mais laissant dans l’ensemble les participants circuler librement.
Troubles à Zhengzhou, Canton…
Cet épisode intervient après que les ouvriers de la plus grande usine chinoise de Foxconn, représentant 60% de sa production des Iphone dans le monde, à Zhengzhou aient également refusé de se laisser confiner et ont fui leur usine. La direction a alors tenté de recruter dans l’urgence de nouveaux travailleurs, promettant des primes exceptionnelles, sans les distribuer au final, donnant lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre en tenue blanche anti-covid la semaine dernière. Confrontée à une nouvelle injonction de confinement partielle, la ville de Guangzhou a aussi connu des épisodes de manifestations, les habitants renversant les barrières de confinement sensées bloquer leur quartier. Enfin, la semaine passée, les réseaux sociaux ont vu circuler des vidéos d’étudiants des universités de Pékin et Nankin tenant des feuilles blanches en signe de protestation contre les confinements, nouveau signe de ralliement également utilisé à Shanghai ce week-end.
#ChinaOnTheEdge#China: Foxconn employees stage protests in Zhengzhou over strict #COVID norms across the country.
— TIMES NOW (@TimesNow) November 23, 2022
Due to policies of the Chinese establishment, a sense of frustration has creeped into the people, which is now coming out,' Maroof Raza, Group Consulting Editor. pic.twitter.com/LsI26lylyv
Les alternatives à la politique du zéro-covid
Alors que le monde entier retrouve sa liberté de circuler, il semble que la Chine n’en n’ait pas fini avec la méthode des confinements forcés, pénalisant au passage la reprise économique et irritant une population empêchée de circuler depuis 3 ans. La pandémie, vaincue par ailleurs, semble encore connaître des épisodes locaux (39 506 cas ce dimanche globalement) alors que les autorités indiquent un taux de vaccination élevé de sa population de l’ordre de 122% sur l’on se réfère aux 3,4 milliards de doses administrées et que l’on tienne compte d’une moyenne de deux doses par personne.
Certes le vaccin Sinovac ne présenterait pas le même niveau d’immunité que ses concurrents américain ou allemand. Récemment l’autorisation d’importer le vaccin BionTech pour l’usage des ressortissants étrangers marque une amélioration. Outre que celui-ci pourrait logiquement être rapidement accessible aux Chinois, la mise au point prévue par la Chine de son propre vaccin ARN et la diffusion des vaccins par spray pourraient changer la donne. De plus, la mortalité actuelle qui concerne les personnes âgées pour la plupart, ne semble plus créer d’écart significatif avec l’âge moyen de décès hors Covid (87 ans pour le premier décès signalé depuis le printemps ce 20 novembre à Pékin), militant pour une acceptation progressive de la libre circulation du virus. L’avenir nous dira si les manifestations récentes de la colère de nombreux Chinois constitueront un facteur d’accélération de cette politique ou au contraire d’une crispation du pouvoir sur ses positions.
A suivre