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Le chancelier allemand en Chine : voyage tendu prévu vendredi

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Le chancelier Scholz au Conseil Européen le 21 octobre dernier. Photo, Capture d'écran YouTube @Focus Online
Écrit par Mathis Nicod
Publié le 31 octobre 2022, mis à jour le 1 novembre 2022

La Chancellerie a annoncé le 28 octobre le déplacement d'Olaf Scholz à Pékin vendredi 4 novembre, pour y rencontrer Xi Jinping et Li Keqiang, premier ministre chinois. Le tout en moins de 24 heures. Loin de faire l'unanimité à Bruxelles et à Berlin et aux vues des sujets abordés, le voyage s'annonce tendu.

Les sujets abordés par les deux dirigeants 

Taïwan, soutien verbal de Xi Jinping à la Russie, troisième mandat entériné lors du Congrès du Parti chinois, Xinjiang... les relations entre Chine et Europe sont tendues pour ce voyage de Scholz à Berlin, le premier d'un dirigeant européens depuis la fermeture "covid" de la Chine.

Plusieurs chefs d’entreprise accompagneront Scholz, mais pas de précision sur leurs noms. La Chine reste le premier partenaire commercial de l’Allemagne et les discussions économiques seront au centre des rencontres.
Selon le Frankfurter Allgemeinen Zeitung, le CEO de Volkswagen, de Siemens ou encore le président de la fédération de l’Industrie allemande Siegfried Russwurm seront de la partie. D’autres ont pourtant décliné l’invitation, mentionnant un agenda chargé comme le président de la Deutsche Bank, de Mercedes, de Herrenknecht (entreprise de construction de tunnels). 
Selon le communiqué officiel du gouvernement fédéral Allemand, paru vendredi dernier, les dirigeants politiques évoqueront les relations bilatérales, le réchauffement climatique, le conflit Ukrainien et la situation en Asie de l'Est.

La dépendance de l'Allemagne vis à vis de la Chine critiquée au sein de la coalition

Le gouvernement de Scholz est composé de la SPD (socialistes), FDP (libéraux) et des Grünen (écologistes).
Dans une conférence de presse du 18 octobre 2022, la ministre allemand des affaires étrangères A. Baerbock (die Grünen), expliquait qu’ « une dépendance économique unilatérale nous rend politiquement sujet à chantage », en faisant référence à la Russie. Selon elle, l’Allemagne doit s’assurer de ne pas reproduire l’erreur une deuxième fois.
Les opposants au gouvernement sont aussi montés au créneau. Selon Friedrich Merz, président du CDU depuis le départ de Merkel, « un plus mauvais timing n’aurait pas pu être trouvé » dans la presse samedi lors du congrès de son parti à Augsburg. 

Le port de Hambourg, tempête politique outre-Rhin 

Dernier sujet brûlant : le rachat par Cosco, une entreprise d’état chinoise d’une partie du port de Hambourg, qualifié d’infrastructure stratégique critique. 
L’achat concerne une partie du plus petit terminal du port, Tollerort. Le 30 octobre, l’accord a été trouvé : Cosco va acquérir 24.5% des parts, contre 35 prévus à la base. Pas de quoi faire taire les critiques vis-à-vis du Chancelier pour autant.

 

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Le terminal de conteneur Tollerort dans le port de Hamburg. Photo, HHLA

 

Si c'est le signe d’une diminution du contrôle allemand sur son port, ce n’est qu’une petite partie du port qui est rachetée. En comparaison, le port de Pirée en Grèce appartient à 100% à Cosco, et le port de Hambourg n’est pas un exemple isolé.

Macron va-t-il se déplacer en Chine ? 

Deux choses sont confirmées : le président se déplacera pour le sommet du G20 à Bali les 15 et 16 novembre 2022 et aux Etats Unis le 1er décembre, selon un communiqué de la Maison Blanche du 26 septembre.
Les rumeurs fusent : Macron pourrait rencontrer Xi Jinping à Bali, ou se déplacer en Chine. C’est la dernière option qui est envisagée par Noah Barkin, chercheur spécialiste de la Chine pour le groupe Rhodium, et le German Found pour l’Asie, dans un Tweet du 18 octobre.

Au-delà de ces faits non confirmés, il est clair que le voyage unilatéral de Scholz envoie un mauvais signal quant à l'entente européenne sur les relations avec la Chine. Comme le notait Noah Barkin, une visite quelques semaines après le Congrès du Parti Communiste Chinois laisse entendre l’approbation du Chancelier vis-à-vis de la gouvernance de Xi Jinping, au tout début d’un 3ème mandat.

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