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Hong Kong Greater Bay Area, état des lieux et perspectives

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Shenzhen et Hong Kong ne sont qu'à une portée de rivière
Écrit par Patricia Herau-Yang
Publié le 23 mai 2022, mis à jour le 23 février 2024

Depuis que le tsumani Omicron a largement reflué à Hong Kong, les bonnes nouvelles pleuvent sur l’ouverture de la frontière du territoire avec le monde. Mais qu’en est-il de la frontière avec la Chine continentale et Macao ?

Des autorisations de séjour au compte-gouttes entre Hong Kong et la Chine

La question de l’ouverture des frontières commence avec l’autorisation de passer la frontière. Depuis la Chine, pour les ressortissants étrangers ayant un droit de résidence à Hong Kong (HKID), la situation n’a pas changé : ils ont le droit d’entrer à Hong Kong depuis la Chine. Pour les ressortissants étrangers sans droit de résidence, ils sont dorénavant éligibles, comme depuis n’importe quelle région du monde, et peuvent demander à bénéficier de l’autorisation d’entrée pour les touristes, en fonction de leur nationalité. Les Hongkongais ont bien évidemment le droit de rentrer dans la RAS.

Les Chinois ayant une HKID doivent en plus avoir un laissez-passer (Gang’ao tongxingzheng). Dans le cas où celui-ci est expiré, les demandes de nouveaux laissez-passer sont aujourd’hui délivrées au compte-gouttes. Ceci est à rapprocher de la difficulté à renouveler son passeport en Chine continentale depuis plusieurs mois, et est applicable aussi dans le cadre d’une demande familiale.

Il faut ajouter cependant un bémol majeur à ces informations théoriques. En effet, de nombreuses villes et régions de Chine sont aujourd’hui soumises à des restrictions importantes de mouvement, bien au-delà de l’expérience de Shanghai souvent rapportée dans la presse. Ainsi, avant de rejoindre un aéroport ou le moindre transport en commun, avant de pouvoir déposer une quelconque demande de laissez-passer, il faut pouvoir sortir de son compound. Il y a ainsi un pas très significatif entre le droit théorique de voyager et le droit pratique de le faire.

Dans l’autre sens, la situation est assez similaire.

Les Chinois actuellement à Hong Kong et ayant envie de retourner en Chine peuvent le faire, pour autant que leur laissez-passer soit en règle. Les Hongkongais peuvent eux aussi se rendre en Chine, avec un laissez-passer intitulé Huixiangzheng.

Pour les étrangers, il semble que la plupart des visas n’est actuellement pas délivrée malgré la possibilité de déposer. Pour les types de visa autorisés, la possibilité d’avoir un visa dépend avant tout de votre statut vaccinal. Si vous avez opté (et que votre pays de résidence le permettait) pour l’innoculation d’un vaccin chinois, la démarche d’obtention du visa est assez standard (même si le nombre de formulaires à remplir et le niveau de détails des informations demandées laisse rêveur). A Hong Kong, c’est le China visa application center à Wan Chai qu’il vous faudra visiter.

Si votre couverture vaccinale n’inclut pas les vaccins chinois, il vous faudra présenter en plus une lettre d’invitation estampillée par le gouvernement provincial de votre employeur (Foreign affairs office). N’oubliez pas de bien préciser que vous déposerez votre demande à Hong Kong, il y a en effet une communication directe entre la province et l’entité de dépôt. Ce précieux sésame est très difficile à obtenir et il faudra faire preuve de beaucoup de motivation.

Enfin, les documents demandés ayant tous une durée de validité très courte (certificat de l’employeur, lettre de la province, extrait de casier judiciaire, formulaire de dépôt…), réjouissez-vous : vous n’avez pas besoin de réserver un vol (nombreuses annulations en perspective), vous pourrez passer la frontière à pied vers Shenzhen. Il faut voir le verre à moitié plein!

Concernant Macao, les résidents hongkongais (HKID) peuvent y entrer s’ils n’ont pas quitté Hong Kong depuis 21 jours.

 

Frontières de la Greater Bay Area
Macao sous le ciel bleu (Crédit: Pixabay)

Des quarantaines toujours aussi strictes à l'entrée en Chine

Depuis la Chine ou Macao vers Hong Kong, la quarantaine est régie pour un quota de voyageurs dans le cadre de Return2hk et Come2hk. 5 catégories de personnes entrent aussi dans le cadre des exemptions. Hors de ces cadres, la quarantaine à l’arrivée pour les voyageurs de Chine ou Macao ayant un schéma vaccinal complet ou un certificat de guérison du Covid, au-delà de 12 ans, est de 7 jours. Celle-ci doit être effectuée à son domicile, à l’hôtel, mais excluant les hôtels de quarantaine. Les « Designated Quarantine Hotel » (DQH) sont en effet réservés aux personnes arrivant d’autres régions du monde, hors Chine et Macao. Les personnes non vaccinées (ou de manière incomplète) doivent faire 14 jours de quarantaine dans les mêmes conditions. Celle-ci est ponctuée de deux tests (5è et 12è jour suivant l’arrivée à Hong Kong).

Vers la Chine, la politique générale de quarantaine est beaucoup moins clémente. Elle est aussi beaucoup plus morcelée, le gouvernement ayant laissé beaucoup de liberté aux gouvernements locaux pour définir leurs tactiques afin de contribuer à la stratégie nationale de Zéro-Covid. Globalement, le minimum théorique reste de 21 jours, mais il peut s’étendre bien au-delà en fonction de la virulence d’Omicron dans la province d’arrivée.

Vers Macao, le gouvernement a assoupli ses contraintes à l’entrée pour les résidents hongkongais le 16 mai.

Les voyageurs doivent présenter un schéma vaccinal complet (2 doses au moins, depuis plus de 14 jours et moins de 7 mois). Ils doivent présenter un PCR négatif 24 h avant l’entrée, mais encore faire 14 jours dans un hôtel de quarantaine, puis 7 jours de monitoring ponctués de 3 tests. Pendant le monitoring, un QR code vert leur permettra d’entrer dans les lieux publics ainsi que d'effectuer un certain nombre d’activités y-compris professionnelles. 

 

Frontières de la Greater Bay Area
Les gratte-ciel de Shenzhen (Crédit: Charlie Fong, Wikimedia)

Vers une bulle pour la Greater Bay Area ?

John Lee, qui va prendre officiellement le poste de nouveau Chef du Gouvernement au 1er juillet 2022, avait joué un rôle important dans la négociation de l’ouverture des frontières entre les régions de la Greater Bay Area. Rappelons qu’à la veille de l’arrivée d’Omicron à Hong Kong, les négociations qu’il menait sur la reconnaissance des QR codes, seule à même de garantir un passage efficace des frontières, entre Shenzhen, Hong Kong et Macao, semblaient bouclées.

La communauté des affaires, qui souffre beaucoup de la fermeture des frontières, ainsi que les familles, aux relations très imbriquées, attendent beaucoup de John Lee sur ce sujet.

La piste qui semble privilégiée, mais ceci reste à ce jour à l’état de rumeurs, est la création d’une bulle permettant le passage de frontière entre les régions de la Greater Bay Area. Les personnes ayant ainsi le droit théorique de passer la frontière pourront bénéficier (sous des conditions à définir : quota, tests rapides, démarches diverses…) d’une exemption de quarantaine à l’arrivée. Si côté Hong Kong et Macao la limite géographique à la mobilité est très claire, côté Chine, cela reste très flou : Shenzhen ? Zhuhai ? Province du Guangdong ? Tout semble sur la table. Ces discussions, si elles aboutissent, alors qu’Omicron semble avoir traversé Shenzhen, Hong Kong et Macao de la même manière, permettraient de répondre à de nombreuses demandes chinoises, hongkongaises et macanaises. Mais le temps d’un weekend à Shenzhen pour les détenteurs de passeports étrangers n’est pas encore venu. Un visa, en effet, est un droit d’accès à un pays, et non pas à une ville. Patience, patience…

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