Entre le télétravail et les écoles fermées, personne ne perd plus son temps dans les transports à Hong Kong. Plutôt que de se morfondre en quarantaine, profitez du ralentissement de la ville pour réviser vos classiques avec des ouvrages en rapport proche ou lointain avec la situation.
"Les mains sales" de JP Sartre (1948)
Tout commence par des mains sales, on ne le dira jamais assez! "La pureté, c'est une idée de fakir et de moine" dit Hugo, le principal protagoniste. Vivre sans se salir les mains, dans le quotidien de Hong Kong, est en fait possible si l’on sous-traite tout à sa helper. Si vous n’êtes ni fakir, ni moine, ni esclavagiste, salissez-vous les mains, mais lavez-les!
"Des chauves-souris, des singes et des hommes" de Paule Constant (2016)
Dans un village africain, un mal mystérieux frappe les chauves-souris, les singes et finalement les hommes. Ca vous rappelle quelque chose? Si la chaîne de transmission du coronavirus n'est pas complètement claire (chauve-souris, serpent, pangolin...), elle passe en tout cas par le marché de fruits de mer de Wuhan. Dans le roman, la maladie va révéler chez chacun des membres de la communauté des réactions qui puisent au plus profond de leur personnalité: déni, recherche d’explication dans la magie, la science ou la nature. Et vous?
"La peste" d'Albert Camus (1947)
Si vous l’avez lu, des réminiscences de description de la peste bubonique vous reviennent sans doute (beurk). Si le virus de Wuhan n'est pas la peste, les mesures adoptées en Chine et à Hong Kong pour stopper sa propagation ressemblent à celles adoptées en cas de peste. Certains citadins doivent vraiment se sentir pestiférés en Chine, et on n'aimerait pas passer ses congés dans les villages vacances hongkongais récemment reconvertis en centres de quarantaine.
"Le malade imaginaire" de Molière (1673)
Comédie-ballet étudiée par tous les collégiens, "le malade imaginaire" est centré sur Argan, qui s’imagine être pris de tous les maux et se soigne à coup de saignées. Aujourd’hui, en cette période où un rhume fait craindre le pire, prendre un peu de distance avec la pseudo-médecine et les conseils qui n’ont rien de scientifique, et surtout en rire, fait du bien! Bon à savoir, les statistiques du nombre de médecins en Chine incluent tous les médecins aux pieds nus (qui font de la vulgarisation) et les médecins de médecine traditionnelle. On peut se demander si la médecine traditionnelle ne va pas en prendre un coup, à terme, tellement leurs remèdes incluent des produits animaliers peu contrôlés. Pour le moment, en tout cas, leurs remèdes pour fortifier ses défenses naturelles se vendent comme des petits pains!
"L’Homme au masque de fer"
Parmi la vingtaine de romans et les 16 films de cape et d’épée qui brodent sur le thème du masque de fer, c’est sans doute celui d’Alexandre Dumas "Le vicomte de Bragelonne" qui est le plus connu. Aramis y découvre l'existence du frère jumeau de Louis XIV, qui serait ce fameux prisonnier mis au secret derrière un masque de fer. Si vous vous ennuyez en MTR, imaginez l’identité et la vie cachée de vos partenaires de rame…Le masque est en effet devenu omniprésent à Hong Kong. En Chine, le masque se décline en versions exotiques: masque soutien-gorge, double masque, masque gobelet papier... Verra-t-on un jour un masque de fer?
"Martine est malade" de G. Delahaye et M. Marlier (1976)
Faites découvrir Martine à vos enfants! Au lieu de regarder en boucle des images de malades du coronavirus qui carburent à la respiration artificielle, entourés d'infirmières habillées en cosmonautes, rassurez-vous, rassurez vos enfants, sur la maladie, en lisant Martine.
"La métamorphose" de Kafka (1915)
Une impression que quelque chose a changé vous frappe si vous n’êtes pas accro au masque à Hong Kong en ces temps d'épidémie. Les gens s'écartent à votre passage, vous laissent seul dans l'ascenseur, et la place à côté de vous reste libre dans le MTR. Non, vous ne sentez pas plus mauvais! Mais si en Europe on craint le virus Chinois, à Hong Kong on craint le blanc sans masque. Cachez ce nez que je ne saurais voir.
"La quarantaine" de JMG Le Clézio (1995)
Rien à voir avec un cadeau d'anniversaire de quadra, c'est un roman sur le thème de la quarantaine sanitaire. Le navire du grand-père maternel de Le Clézio avait subi une épidémie de variole et débarqué ses passagers sur l'île Plate, un îlot au large de l'île Maurice. Ce livre aurait dû être prescrit aux passagers du Diamond Princess. En escale le 25 janvier à Hong Kong, le navire de luxe a en effet embarqué un passager clandestin: le coronavirus. Depuis, des centaines de passagers et de staff ont contracté la maladie. Le bateau est devenu un épicentre secondaire du virus, un super-spreader, avec le deuxième plus grand nombre de malades hors Chine. Le navire a enfin jeté l'ancre au Japon. Chacun a prolongé sa croisière enfermé dans sa cabine, en quarantaine stricte. En fonction de leur nationalité, les passagers attendent leur évacuation.
"Le misanthrope" de Molière (1666)
Vous vivez retiré, achetez tout sur Internet et vous enfuyez quand vous entendez votre voisin sortir les poubelles? Vous risquez de devenir misanthrope! Dans cette pièce, Alceste le misanthrope épousera la femme qui acceptera de quitter toute vie mondaine pour se retirer avec lui en province. Alceste finit la pièce seul. Molière nous aide à trouver la juste mesure dans notre protection contre le virus, ne mourrez pas d'ennui! Peut-être que ces quelques lignes y participeront.
"Terreur sur la ville" de GM Ford (2007 version française)
Des terroristes ont répandu un terrible virus à Seattle, la population y périt dans d’atroces souffrances. On pointe du doigt un groupe islamiste, qui semble à l’origine d’une guerre biologique, en une théorie du complot magistrale. En Chine, une théorie du complot circule aussi: le virus aurait été le cadeau d'une puissance étrangère malveillante pour enrayer la success story économique de la puissance. D'après d'autres sources, le virus serait sorti d'un laboratoire à Wuhan en train d'étudier des virus super-puissants. Plus high tech que la chauve-souris ou le pangolin...
"Les animaux malades de la peste" La Fontaine (XVIIè siècle)
Dans ce long poème, la peste décime le monde des animaux. Afin de sauver son peuple, le roi lion propose le sacrifice du "plus coupable". Chacun applaudit mais s’esquive quand il s’agit de se proposer, arguant de son importance dans la communauté. C'est finalement l'âne, le plus naïf, qui est condamné. Le lien entre une épidémie et le mandat du ciel est ancestral, la corruption et l’hypocrisie aussi! "Selon que vous serez puissant ou misérable,/Les jugements de la Cour vous rendront blanc ou noir". A méditer quand les têtes tombent.
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