Patricia s'expatrie au Vietnam avec son mari Dam il y a 28 ans. Installée à Hô Chi Minh Ville, elle y est désormais retraitée. Le Petit Journal souhaite avoir son retour d'expérience sur le fait de vivre au Vietnam.
Cet interview est la quatrième d'une série de témoignages d'expatriés installes au Vietnam. Le point commun de l'ensemble d'entre eux ? Ils ont tous choisi de s'installer durablement au Vietnam. Patricia Le Thien, a fait le choix de poursuivre sa carrière de professeur à l’étranger et aujourd'hui retaitée au Vietnam.
"J’ai su tourner la page et je profite pleinement de ma retraite", cela annonce la couleur ...
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Interview d'une retraitée au Vietnam
D'où êtes-vous originaire et que faisiez-vous avant de partir vivre au Vietnam ?
J’ai débuté ma carrière d’enseignante du primaire en 1979 après ma formation à l’EN d’institutrices d’Arras. En 1988, l’année de notre mariage, mon mari - Dam - et moi sommes partis dans les Yvelines où nous sommes restés jusqu’en 1994, année de notre départ à Saïgon, avec notre fille alors âgée de 4 ans.
Le 1er Avril 1994. Dam m’annonce qu’il a l’opportunité de travailler au Vietnam. Nous comptions tenter cette expérience 3 ou 4 ans et j’avais l’intention de prendre quelques années sabbatiques pour faire connaissance avec ma belle-famille, découvrir le pays, apprendre le vietnamien…
Durant les vacances d’été, nous visitons l’école Colette afin d’y inscrire Yoanna… Je vais y travailler jusqu’à la fin de son fonctionnement et même au-delà puisque j’ai pris ma retraite en 2016 au lycée Marguerite Duras !
J’ai donc enseigné 15 ans en France et 22 ans à l’école française d’Hô Chi Minh-Ville dont 16 à l’école Colette et 6 au LFI M. Duras en tant que professeur des Ecoles, avec un contrat de résidente avec l’AEFE.
En tant que mariée à une personne vietnamienne, quelles sont les connexions qui vous ont fait (re)venir ici ? Qu’est ce que cela signifie pour vous ?
Dam est né à NhaTrang. Adolescent, il a quitté son pays avec son frère comme beaucoup de boat people à cette époque et a fait ses études secondaires et universitaires en France, ainsi que 4 de ses frères et sœurs.
Le frère et les deux sœurs de Dam restés au pays sont francophones et les parents, francophiles.
Nous nous rendons fréquemment dans cette station balnéaire située au centre du Vietnam où ils résident. Nous entretenons de bonnes relations et nous multiplions les occasions de nous rencontrer : cérémonies, évènements, repas familiaux…
Je ne parle toujours pas couramment le vietnamien hélas malgré la volonté de l’apprendre en arrivant et, bien plus tard, malgré la promesse faite à ma belle-mère le jour de mon départ à la retraite. On n’apprend une langue que si l’on n’y est obligé : travaillant toute la journée à l’école française, avec une famille et des amis francophones ou anglophones, je n’ai réussi qu’à connaître quelques mots. Je peux comprendre cependant le sens général d’une conversation. Mais je ne désespère pas de m’inscrire un jour à l’université de langues. Hélas, il y a eu le confinement dû à la Covid et avant, les recherches pour l’écriture de mon livre.(*)
Nous avons adoré et adorons toujours notre vie au Vietnam. Nous pensons y rester aussi longtemps que cela sera possible. Nous rentrons une ou deux fois par an dans le Nord et dans la région parisienne car nous sommes très attachés à notre famille et nos amis de là-bas et à la France aussi, qui nous séduit toujours par ses paysages et sa culture.
Si nous sommes arrivés au Vietnam suite à l’emploi de mon mari, nous y sommes restés grâce bien sûr à ses origines vietnamiennes mais surtout grâce à l’école Colette Colette où j’ai particulièrement apprécié de travailler et où j’ai rencontré des gens formidables.
J’ai d’ailleurs écrit mes mémoires :
*« L’école Colette, pour ne pas l’oublier ou l’histoire de l’école française d’Hô Chi Minh-Ville ».
Quelles sont les activités principales que vous avez ici au Vietnam pour profiter pleinement de votre retraite ?
Souvent, on me demande si je ne m’ennuie pas depuis que je ne travaille plus… Bien sûr que non ! J’ai enfin le temps et l’occasion de faire ce que j’ai envie et ce que j’aime.
J’ai su tourner la page et je profite pleinement de ma retraite.
Je lis beaucoup et je vais souvent à médiathèque de l’IDECAF.
Je fais de la marche et du yoga. Juste avant la pandémie, une amie et moi avons fait une retraite yoga formidable à Da Lat.
Responsable de la bibliothèque, je participe activement aux évènements et activités de l’AFV-SA.
Je fais partie de la chorale internationale où j’ai fait la connaissance de personnes de beaucoup de pays. Le chant m’apporte beaucoup de plaisir.
Quels sont les avantages et inconvénients majeurs de prendre sa retraite au Vietnam par rapport à la France ?
La vie est beaucoup moins coûteuse qu’en France à tous points de vue : loyer, nourriture, sorties, voyages… On y trouve pratiquement tout : vêtements, chaussures… puisque beaucoup de choses sont fabriquées ici.
Les soins médicaux sont de qualité et ne nécessitent pas de délais d’attente importants. J’ai trouvé les spécialistes dont j’avais besoin et presque tous les produits pharmaceutiques, les équipements et dispositifs médicaux.
Pension de retraite, assurance santé, visa : comment est-ce que ça se passe dans votre cas ?
Je bénéficie d’une retraite de l’état qui me permet de vivre certes sans excès mais paisiblement avec la CFE et une mutuelle de l’Education nationale, auxquelles se rajoute une affiliation à la sécurité sociale obligatoire pour les soins en France.
Mon mari étant français d’origine vietnamienne, notre famille a une exemption de visa de 5 ans. Mais nous devons sortir du pays tous les 6 mois, ce qui ne pose pas de problèmes car nous retournons régulièrement en France.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui pourraient envisager de prendre leur retraite au Vietnam ?
Il n’y a pas de problèmes tant que l’on est valide et entouré.
Si ma situation venait à changer, je ne pense pas qu’il me serait possible de rester au Vietnam.