Influencée par la philosophie confucianiste qui prône une société hiérarchisée, la manière de s'adresser aux autres au Vietnam diffère en fonction de multiples paramètres tels que l'âge, le sexe, la région, les liens familiaux ou la position sociale.
Je, tu, vous : au Vietnam, ces trois pronoms sont remplacés par une multitude de dénominations qui marquent le respect envers la personne à qui on s'adresse. Ces appellations se substituent également aux prénoms. Bien qu'elles aient une importance encore plus marquée dans les campagnes, elles sont usitées presque systématiquement par tous les Vietnamiens et constituent une des spécificités de cette langue complexe.
S'adresser aux personnes non apparentées
Pour parler aux personnes non apparentées (commerçants, amis, collègues, etc.), la dénomination choisie dépend de notre âge par rapport à celui de notre interlocuteur, ce qui explique pourquoi la question de l'âge est évoquée très tôt lors des nouvelles rencontres.
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Homme |
Femme |
Mon interlocuteur a l'âge d'être mon petit-fils |
Cháu |
Cháu |
Mon interlocuteur a l'âge d'être mon fils |
Con |
Con |
Mon interlocuteur est un peu plus jeune que moi |
Em |
Em |
Mon interlocuteur et moi avons le même âge |
Bạn |
Bạn |
Mon interlocuteur est un peu plus âgé que moi |
Anh |
Chị |
Mon interlocuteur est un peu plus jeune que mes parents |
Chú |
Cô |
Mon interlocuteur a l'âge ou est plus âgé que mes parents |
Bác |
Bác |
Mon interlocuteur a l'âge de mes grands-parents |
Ông |
Bà |
Ông est également utilisé en signe de respect envers les personnes occupant une place prestigieuse dans la société. Ông Phật désigne Buddha, Ông Vua un roi et Ông Bà est utilisé aussi bien pour parler des deux grands-parents que pour évoquer les ancêtres.
S'adresser à l'être aimé, à un professeur ou à un pote
Lorsque l'on pénètre dans le monde fascinant de l'amour et de la séduction, les règles précédemment citées ne s'appliquent plus. Dans la langue vietnamienne, l'amour simplifie les choses. En effet, qu'il s'agisse de jeunes tourtereaux ou de couples ayant traversé ensemble les décennies, on utilisera généralement Anh pour désigner le petit copain ou le mari et Em pour désigner la petite copine ou la femme, et ce indépendamment de la différence d'âge. D'une manière plus formelle, on appellera le mari Chồng et la femme Vợ.
Si vous prenez des cours de vietnamien, vous vous adresserez à votre professeur sans tenir compte de son âge :
Enseignante : Cô
Enseignant : Thầy
Enfin, pour parler à un ami proche de manière informelle, vous pouvez utiliser les expressions suivantes :
Mày (tu, toi, mon pote) /Tao (je, moi, ton pote)
S'adresser aux membres de sa famille et de sa belle-famille
Dans trois semaines, à l'occasion des fêtes du Têt, vous rendrez peut-être visite à votre belle-famille vietnamienne. Ce sera alors le moment de sortir le grand jeu et d'appeler chaque personne de la bonne façon. Simple comme bonjour ? Que nenni, car l'appellation correspondant à chaque membre de la famille sera différente selon la région, nos âges respectifs, l'âge de nos parents ou encore la branche familiale.
On appellera différemment ses parents en fonction de la région d'origine :
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Nord |
Centre |
Sud |
Delta du Mékong |
Ils m'appelleront |
Mère |
Mẹ |
Mạ |
Má |
U |
Con |
Père |
Bố |
Bọ |
Ba |
Tía |
Con |
En revanche, c'est l'âge qui détermine la manière d'appeler ses frères et sœurs :
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Plus jeune que moi |
Plus âgé que moi |
Frère |
Em |
Anh |
Soeur |
Em |
Chị |
En ce qui concerne les cousins et cousines, il convient de s'adresser à eux en fonction de l'âge de mes parents par rapport à l'âge de leurs parents :
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Cousin |
Cousine |
Mes parents sont plus jeunes que les siens |
Anh |
Chị |
Mes parents sont plus âgés que les siens |
Em |
Em |
Pour le reste de la famille, les dénominations d'une même personne diffèrent selon son appartenance au côté paternel ou maternel :
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Du côté de mon père |
Du côté de ma mère |
Ils m'appelleront : |
Oncle |
Chú |
Cậu |
Cháu |
Tante |
Cô |
Dì |
Cháu |
Grand-père |
Ông (Nội) |
Ông (Ngoại) |
Cháu |
Grand-mère |
Bà (Nội) |
Bà (Ngoại) |
Cháu |
Arrière-grands-parents |
Cụ |
Cụ |
Cháu |
A la campagne, il est fréquent que les parents attribuent à leurs enfants un surnom animalier (chien, chat, buffle, etc.) qui ne sortira pas du cadre familial. Selon la croyance populaire, cela les rendra dévoués et forts comme les animaux de la ferme, et il sera par conséquent plus facile de les élever. Ces surnoms n'ont alors aucune connotation péjorative.