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HISTOIRE - Karl Johan, l'enfant du Béarn devenu roi de Norvège

Rien ne semblait a priori destiner un enfant du Béarn à devenir roi de Norvège. Ce fut pourtant l'étonnant destin de Jean-Baptiste Bernadotte qui en 1818 monta sur les deux trônes de la péninsule scandinave dans cette période post-napoléonienne où l'Europe reconstruisait alliances et frontières

La statut équestre de Karl III Johan de Norvège trône devant le palais royal à Oslo (photo : B.GUENIN)

Pour les touristes, son nom est surtout associé à la principale artère commerçante du centre d'Oslo et rien ne laisse à penser que derrière le nom de Karl Johan se cache un enfant du Béarn devenu roi de Suède et de Norvège. Né Jean-Baptiste Jules Bernadotte à Pau en 1763, ce fils d'avocat s'engage très jeune et c'est ce goût pour les affaires militaires qui forgera son destin. Après un début de carrière plutôt terne, il se révèle à partir de 1792. Devenu général, il accompagne Bonaparte pendant la campagne d'Italie en 1797. Il sera par la suite fait ambassadeur, ministre et maréchal. Pour autant ses relations avec Napoléon resteront compliquées oscillant entre méfiance et fidélité d'une part, disgrâce et reconnaissance de l'autre. Une femme les relie : Désirée Clary, un temps fiancée au futur empereur avant que celui ne rencontre Joséphine de Beauharnais, elle épouse le Béarnais en 1798.
En 1810, le destin de Bernadotte bascule. Lors des états généraux d'Örebro, la Suède lui offre le titre de Prince?héréditaire. Il faut sans doute voir là le résultat de ses campagnes militaires en Europe du Nord et des relations nouées avec certains officiers suédois. Adopté par le roi Karl XIII qui est sans enfant, il se rend à Stockholm et prend le nom de Karl Johan après avoir renoncé à la religion catholique au profit de la religion protestante.

« L'amour de mon peuple est ma récompense »
La maladie du roi lui ouvre très vite les portes du pouvoir. Alors que l'Empire français vacille, il rejoint la coalition réunissant la Grande-Bretagne, la Russie et la Prusse et prend la tête de l'armée du Nord. Il remporte plusieurs batailles décisives et le 14 janvier 1814, il force le roi du Danemark (allié de Napoléon) à céder la Norvège à la Suède lors de la paix de Kiel. De retour à Stockholm, il est accueilli triomphalement. Mais entre temps, la Norvège s'est déclarée indépendante et à l'issue de la Convention nationale réunie à Eidsvoll s'est dotée, le 17 mai 1814, d'une constitution et d'un statut de monarchie constitutionnelle. En outre, elle s'est choisie comme roi un prince danois. Après une courte campagne militaire, une solution est trouvée lors de la Convention de Moss. Moyennant une large autonomie vis-à-vis de Stockholm, la Norvège entre en « union personnelle » avec le roi de Suède.

A la mort de Karl XIII, le 5 février 1818, Bernadotte monte sur les trônes de Suède et de Norvège sous le nom de Karl XIV Johan en Suède et de Karl III Johan en Norvège. Ses relations avec le Parlement norvégien sont régulièrement tendues. En dépit de cela, sa popularité va grandissante rejoignant finalement la devise qu'il a adoptée « l'amour de mon peuple est ma récompense ». S'étant refusé à apprendre suédois et norvégien, il contraint l'administration des deux royaumes et la cour à utiliser le français. Il décède le 8 mars 1844 à Stockholm. Son fils lui succède sous le nom d'Oscar Ier.

Thierry GUENIN (www.lepetitjournal.com/Oslo) lundi 9 février 2009.

Source : Aschehoug og Gyldendals Store norske leksikon, Aschehougs Norges Historie, Wikipédia

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