À quelques mois des Jeux Olympiques 2024, une crise sanitaire menace Paris : les punaises de lit. De quoi faire rire mais aussi inquiéter la presse internationale qui en fait ses choux gras. Crise sérieuse ou poil à gratter pour le gouvernement ?
Les punaises de lit font la Une de tous les journaux en France, de quoi en faire l’ennemi public numéro un des autorités sanitaires et la persona non grata des transports en commun parisiens. Alors qu’elles avaient disparues de la vie quotidienne dans les années 1950, les punaises de lit ont fait leur retour dans de nombreux pays développés depuis les années 1990. L’Agence nationale de sécurité sanitaire l’explique « par l’évolution de nos modes de vie de plus en plus nomades, par nos modes de consommation favorisant l’achat de seconde main et par la résistance croissante développée par les populations de punaises aux insecticides ». Résultat : 1 foyer français sur 10 en auraient déjà fait les frais entre 2017 et 2022.
Les punaises devenues virales
Problème, la paranoïa s’installe dans la capitale depuis la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux. Les petites bêtes se retrouvent dans les cinémas, écoles, métros ou encore dans la zone d’attente de Roissy. Mardi 2 octobre, la présidente du groupe La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, a même sorti une fiole remplie de punaises de lit à l’Assemblée pour souligner la gravité du fléau : « Madame la Première ministre, faut-il attendre que Matignon soit infesté pour qu'enfin vous réagissiez ? ».
La presse internationale s’en inquiète également, d’autant plus que Paris attend plus de 15 millions de touristes sur la seule période des Jeux Olympiques à l’été prochain. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a réuni ce mercredi les principaux opérateurs de transports et les associations d’usagers pour déterminer un plan d’action. « L’objectif est de faire le point suite aux signalements reçus, d’objectiver la situation et de renforcer les mesures. On veut informer sur les actions engagées et agir davantage au service des voyageurs. Pour rassurer et protéger », a souligné le ministère des Transports.
Les punaises, partout dans la presse internationale
Quand Paris se démange, les correspondants de presse se changent en gratte-papier. Le quotidien italien La Republicca résume ainsi la situation : « Depuis plusieurs jours, la capitale française est infestée par ces nuisibles qui se reproduisent non seulement à l'intérieur des maisons, sur les draps et les oreillers, mais aussi dans les espaces publics, comme sur les sièges de métro ou de cinéma ». « Une vague de panique et de dégoût s'est propagée dans tout le pays », décrit de manière plus alarmiste le quotidien allemand Der Spiegel.
Le média chinois South China Morning Post s’intéresse aux conséquences de la propagation de ces petits insectes : « L'Anses a calculé que le coût des infestations de punaises de lit pour la santé de la nation s'élevait à 83 millions d'euros, soit 87,8 millions de dollars, en 2019. Ce montant comprend 79 millions d'euros liés à la dégradation de la qualité de vie, aux troubles du sommeil et à l'impact sur la santé mentale, 1 million d'euros liés à l'arrêt de travail et 3 millions d'euros pour les soins physiques. »
Le média américain NBC News tente d’expliquer le phénomène : « Les touristes séjournant dans des locations de vacances de courte durée dont les normes de nettoyage et d'hygiène ne sont pas réglementées sont plus susceptibles d'avoir mis le problème en évidence en déplaçant involontairement les insectes dans les quartiers riches du centre de Paris, ce qui ajoute une nouvelle crise pour la ville à l'approche des préparatifs pour les Jeux olympiques d'été de 2024. » Le journal rappelle également que le prix de la fumigation dissuade les populations les plus pauvres de chercher un traitement efficace.
Fumigation oui, fustigation, non
Pour le britannique Spectator : « Paris se vante depuis longtemps que les Jeux de 2024 mettront en valeur "l’inclusion et la diversité" de la ville. Qui aurait cru que cela s’étendrait aux rats et aux insectes ? Il est temps d’adopter une nouvelle devise olympique ? Citius, Altius, Fortius, Rattus. »
Le Guardian tempère les propos envers la mauvaise gestion de la crise en France et surtout les relents nauséabonds de ceux liant le phénomène avec la montée de l’immigration : « La France n'est pas la seule touchée. New York a connu sa propre épidémie en 2010, et le Royaume-Uni vient de connaître une augmentation de 65 % des infestations de punaises de lit d'une année sur l’autre. » L’essentiel est donc dans l’information et la prévention. En attendant le plan gouvernemental, le Guardian propose : « Nous pourrions essayer d'encourager le retour du prédateur naturel de la punaise de lit… le cafard ».