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#LoveIsNotTourism : La France aime l’amour… à distance

#LoveIsNotTourism#LoveIsNotTourism
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 22 février 2021, mis à jour le 1 mars 2021

Et si l’amour était le grand perdant de cette crise sanitaire ? C’est ce que martèlent comme un appel au secours de nombreux couples binationaux non-mariés avec le hastag #LoveIsNotTourism. Alors que des laissez-passer ont été attribués depuis septembre, la fermeture des frontières fin janvier a mis les retrouvailles sur pause.

La France est-il le pays de l’amour ? On peut sérieusement en douter à l’heure actuelle. Alors que les Français de l’étranger crient à la discrimination de ne pouvoir revenir en France sans « motifs impérieux », cela fait des mois, voire presque un an, que des couples binationaux non mariés ou non-pacsés, sont séparés par des frontières fermées par les restrictions sanitaires. Alors que le hashtag #LoveIsNotTourism envahit la toile, le gouvernement français, bien après ses homologues européens, indique en août que des laissez-passer seront délivrés aux couples séparés.

 

Des laissez-passer difficiles à obtenir

Les couples non-mariés et non-pacsés, vivant en dehors de l’Espace Schengen, doivent alors prouver leur relation. Contrairement à d’autres pays qui demandent une attestation sur l’honneur, la France exige que la personne étrangère puisse démontrer par un tampon sur son passeport qu’elle s’est rendue en France avant le 15 septembre 2019 et que l’être aimé soit français. Nicolas Perret, président du collectif Loveisnottourism France, dénonce cette directive qui exclue encore beaucoup de couples, comme ceux qui ont des enfants et ne pourraient pas les emmener avec eux ou ceux qui ont dû refaire leur passeport. Une vidéo réalisée par le collectif LoveIsNotTourism France explique leur position.

Pour les couples qui cochent les cases, il faudra tout de même attendre début septembre pour que le premier laissez-passer soit délivré, les consulats n’ayant pas reçu les instructions nécessaires avant. Plus de 3000 dossiers auraient tout de même été instaurés d’après le secrétaire d’Etat au Tourisme, aux Français de l’étranger et à la Francophonie, Jean-Baptiste Lemoyne.

La fermeture des frontières et des dossiers

Depuis la fermeture des frontières en dehors de l’espace européen au 31 janvier 2021, tous les dossiers sont en suspens et les laissez-passer attribués ne peuvent plus être utilisés. La raison ? Retrouver son partenaire ne fait pas partie de la liste indicative des motifs impérieux.

La sénatrice des Français établis hors de France, Hélène Conway-Mourret s’offusque de cette situation : « Je partage cette souffrance qui est due à la séparation imposée. Je ressens une grande tristesse et parfois des pics de colère en voyant que le gouvernement fait des promesses à des personnes désespérées. Aujourd’hui, suite à la fermeture des frontières, dont l’annonce a été très brutale, la liste indicative des motifs impérieux décide que ceux qui avaient un laissez-passer ne peuvent plus l’utiliser. »

 


La députée des Français d’Amérique Latine et des Caraïbes, Paula Forteza, soutient également le mouvement #LoveIsNotTourism :  « La situation des couples binationaux redevient à nouveau très problématique. Les nouvelles restrictions à l’entrée sur le territoire, conditionnées à des « motifs impérieux », créent des situations délicates et beaucoup d’inquiétudes. Il y a aussi un risque d’inconstitutionnalité d’une telle mesure comme le soulignent plusieurs conseillers consulaires qui ont saisi le conseil d’Etat. Depuis le début de la pandémie, je plaide pour le rapprochement des conjoints. J’ai soutenu le mouvement LoveIsNotTourism et interpellé à plusieurs reprises le gouvernement en ce sens.»

L’amour doit-il attendre ?

Interrogé par Sud Radio, Jean-Baptiste Lemoyne a souligné l’importance d’une mobilité réduite afin de lutter contre les variants mais il a cependant indiqué : « J’ai demandé à ce que l’on continue à instruire les dossiers pour que dès que l’on reprend une mobilité plus normale, ils puissent avoir leur feu vert et ils puissent tout de suite venir. » Pas question donc de modifier la liste indicative des motifs impérieux.

 

Pour la sénatrice socialiste Hélène Conway-Mourret, il faudrait seulement s’assurer que les personnes rentrant sur le territoire tricolore respectent des mesures de contrôle sanitaire strictes.  « Je comprends parfaitement qu’il faille prendre des mesures très strictes pour empêcher les excès. Mais cela implique de prendre des décisions avec un protocole sanitaire et de l’appliquer strictement, comme c’est le cas à Taiwan, en Corée du Sud ou au Canada. Cela fait des mois que je me bats avec le ministre de la Santé car nous constatons qu’à Roissy il n’y a aucun contrôle. On tombe dans l’absurde. Dans tous les témoignages que je reçois, les couples sont prêts à se soumettre à tous les tests et à un isolement le temps nécessaire. », nous a-t-elle confié.

La députée Paula Forteza partage également cette opinion et évoque la situation des expatriés français ne pouvant rentrer en France : « Je souhaiterais que les Français résidents à l’étranger puissent rejoindre le territoire national sur présentation d’un test PCR négatif. Pour une approche encore plus stricte en matière sanitaire, les test PCR pourraient se réaliser à l'aéroport en arrivant sur le territoire. La prise en charge médicale et l'isolement obligatoire pourraient être prévus en cas de maladie. Pour leurs conjoints étrangers, le rapprochement pourrait effectivement être considéré comme une catégorie de motif déclaré comme « impérieux » ».

Devant cette discrimination des couples non-mariés ne résidant pas dans la zone européenne, Nicolas Perret nous a indiqué qu’une action en justice et des demandes en dommages et intérêts pourraient se mettre en place prochainement. Alors que des dizaines de couples s'inscrivent chaque jour sur son groupe, il a évoqué avec nous la situation « inhumaine » dans laquelle se retrouvent de nombreux couples : « Les membres de notre groupe évoquent des dépressions mais aussi des séparations. Il y aurait même eu un cas de suicide au Vietnam ».

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