La rentrée est souvent synonyme de café d’accueil pour se retrouver entre expatriés de longue date et nouveaux arrivants. La Fédération Internationale des Accueils Français et Francophones d’Expatriés (FIAFE) regroupe et conseille les Accueils de 90 pays, et ce depuis 36 ans. Sa présidente, Corinne Levet, évoque avec nous les enjeux et les défis d’une rentrée pas comme les autres.
Comment se porte le réseau des Accueils FIAFE en cette rentrée si particulière ?
Corinne Levet - Le réseau est prêt pour les défis de l’année. Nous devons tout réinventer en fonction des règlementations dans les différents pays où nous sommes présents. Dans chacun d’entre eux, la situation est différente et évolue quasiment d’une semaine à l’autre. Les Accueils doivent être très créatifs pour coller aux restrictions. Nous discutons régulièrement avec les 15 Accueils administrateurs et les Accueils échangent également beaucoup entre eux et avec nous pour s’inspirer des idées des uns et des autres, s’adapter et pour réussir à accueillir les adhérents.
Les grands cafés de rentrée qui réunissent parfois 300 à 400 personnes auront lieu sous d’autres formules. Les visites devront également se faire avec moins de monde. Nous avons développé beaucoup d’évènements et activités en ligne. Les cafés d’accueil pourront se faire par zoom avec une présentation de l’équipe, des interventions de l’Ambassadeur ou du Consul, et des réponses aux questions des nouveaux arrivants. Dans des pays où cela est possible, des cafés d’accueil se dérouleront par quartier, en petits groupes. L’accueil des nouveaux peut très bien se faire en ligne, d’autant plus qu’il y a moins d’arrivées. Les nouveaux adhérents reçoivent toujours toutes les informations pratiques sur leur nouveau pays de résidence et l’accueil devient quasi personnalisé.
Est-ce que la digitalisation des rencontres a permis plus de synergies au sein du réseau ?
Nous avons pu échanger davantage même si rien ne remplace les rencontres physiques. Nous avons fait notre Assemblée Générale digitalisée le 1er avril avec 150 personnes, alors que nous avons d’habitude une centaine de personnes réunies à Paris. Cela a permis à des Accueils très lointains de pouvoir participer. Ils nous ont d’ailleurs demandé de pouvoir faire une partie de notre AG en ligne l’an prochain. Nous avons également organisé une table ronde en juin. De mon côté, j’ai eu une quarantaine de réunions zoom avec des Accueils entre mai et juillet, ce qui est un record ! Au lieu de rencontrer uniquement les bénévoles de passage à Paris, j’ai ainsi pu discuter avec des équipes entières.
Nous avons aussi mis en place des activités partagées. A partir du mois d’avril, beaucoup d’Accueils ont créé des évènements en ligne, comme des conférences culturelles, des cours de yoga ou des lectures de contes pour enfants. Les Accueils mettaient ces évènements à disposition de tout le réseau. Les adhérents de n’importe quel Accueil pouvaient continuer à avoir des activités et échanger avec des adhérents de leur Accueil ou du reste du monde. Tant qu’il y aura moins d’activités en présentiel dans certains pays, les nouveaux adhérents pourront bénéficier d’activités en ligne.
Quelles sont les inquiétudes des équipes sur le terrain ?
Les équipes se demandent comment accueillir les nouveaux arrivants dans ce contexte. Comment être aussi chaleureux et accueillant en ligne et au téléphone qu’on pourrait l’être en vrai ? Cela demande d’être créatif. Nos équipes sont très motivées et même cet été alors que beaucoup de bénévoles et d’adhérents n’ont pu rentrer en France, ceux qui sont restés en ont profité pour proposer des activités, ce que nous ne faisons pas d’habitude. L’inquiétude aujourd’hui est de savoir si les familles pourront rentrer en France pour Noël.
L’entraide a également été au coeur de cette pandémie. Quel bilan peut-on faire de votre côté sur les différentes initiatives mises en place, notamment SOS un toit ?
La plateforme SOS un toit a bien marché. L’idée était de proposer une solution d’attente pour les voyageurs bloqués à l’étranger. Nous avons été très heureux de relayer cette belle initiative du Ministère des Affaires étrangères auprès de notre réseau. Nous avons eu quelques retours de nos équipes qui y ont participé. La situation était compliquée notamment dans les pays qui se confinaient, mais la solidarité a été impressionnante et l’opération s’est mise en place en quelques jours.
Quels sont les projets de la FIAFE pour les prochains mois ?
Notre objectif principal est de traverser cette période et de continuer à développer notre réseau. Deux associations, à Saigon et Princeton, nous ont rejoints récemment. Nous avons également six créations d’Accueils en cours en Europe et en Amérique du Nord. A Paris, notre but est d’accompagner les Accueils dans cette période unique et de continuer à favoriser les échanges. On veut garder ce qui a été positif dans cette période même s’il y a eu des moments moralement durs pour nos équipes. Pourtant, le réseau ne s’est jamais arrêté, même confiné. En cette rentrée, les équipes sont prêtes, la mienne incluse : les bénévoles sont enthousiastes et veulent trouver des solutions pour continuer à accueillir. La force de la FIAFE est de toujours s’adapter. Je dirais même que notre réseau est encore plus formidable en période difficile.