L’expatriation représente souvent mille défis et difficultés pour tous les membres de la famille. Pour éviter de se laisser submerger, voilà quelques clés à garder sous la main avant le départ et une fois sur place.
Ecrit pour Expat Pro par Lorraine Favre et Marie-Guénaelle Paulic*
Quand annoncer le départ aux enfants ?
Il est conseillé d’annoncer le départ dès que les parents sont sûrs et que le départ est confirmé. Un enfant de trois ans sent qu’un changement se prépare dans la maison. Autant lui annoncer tôt. L’adolescent va lui aussi sentir le stress ambiant, inutile de lui cacher des choses. Au contraire, permettez-lui de se préparer, de se renseigner sur le pays, de prendre contact avec son école, pourquoi pas avec d’autres jeunes sur place, et de prendre le temps de dire au revoir. Cette période de transition est centrale dans le processus de deuil que représente l’expatriation.
Partir en expatriation avec ses enfants, oui…mais à quel âge ?
Le déménagement et l’expatriation : un deuil
Quitter son pays, sa maison, ses amis est le propre de l’expatriation. La famille va devoir faire le deuil de son ancien pays, de son ancienne maison, accepter ce qui n’est plus. Entre choc, déni, colère, marchandage, tristesse puis acceptation, l’on passe toujours par les six phases du deuil. La période de la « vallée des larmes » peut être longue pour les enfants. Il est nécessaire de l’accueillir et de l’accepter. Comprendre les émotions que l’on traverse pendant cette période permet peu à peu de baisser leur intensité.
Comment traverser cette période ?
Il peut sembler difficile aux parents d’apparaître comme un roc pendant cette période de stress intense, mais il faut garder en tête que nos enfants ont vraiment besoin de notre stabilité dans ces moments difficiles. Pendant ces mois qui précèdent le départ, bien souvent les sollicitations extérieures sont plus nombreuses que nos ressources. Souvenons-nous qu’il est normal d’être en colère et de ressentir du stress. Reconnaissons nos facteurs de stress pour apprendre à les éviter au mieux.
Affirmez aux enfants que c’est normal de ressentir ce qu’ils ressentent : de la peur, de la frustration, de la tristesse un manque de confiance…
Comment réguler le stress en expatriation ?
Pour faire face au stress soulevé par toutes les démarches administratives, il est nécessaire de prendre soin de soi, en veillant bien à remplir notre réservoir affectif tous les jours : pour cela, chacun sait ce qui lui permet de se détendre et de faire retomber la pression. Il peut s’agir d’une bonne marche dans la nature, d’une séance de relaxation, de techniques respiratoires…. Une technique très utilisée dans la réduction du stress est l’EFT (Emotional Freedom Technique) : de nombreuses études scientifiques ont noté une baisse très conséquente du niveau de cortisol (hormone du stress) après une séance d’EFT. L’EFT permet aussi de désolidariser la charge émotionnelle reliée à un souvenir traumatique. Enfin, le ‘point d’urgence’ sur la clavicule permet d’envoyer un signal d’apaisement au système nerveux quand celui-ci s’emballe. Vous retrouverez les points d’accupression sur les sites de référence d’EFT.
Comment aborder sereinement la rentrée scolaire à l’étranger ?
n’oubliez pas de partager à vos enfants une difficulté ou un challenge que vous avez dû surmonter, cela les aidera à comprendre qu’ils ne sont pas les seuls à en vivre.
Premiers mois d’expatriation : accueillir les émotions
Reconnaître et valider des émotions de la famille, en particulier celles des enfants, permet de se sentir mieux dans cette période souvent troublée. Affirmez aux enfants que c’est normal de ressentir ce qu’ils ressentent : de la peur (parce que je navigue en terre inconnue), de la frustration (j’ai du mal à m’exprimer en classe, avec mes camarades), de la tristesse (mes amis et ma famille me manquent), un manque de confiance (je ne vais pas y arriver)…
Souvent, les enfants ne ressentent pas les mêmes émotions que leurs parents : quand un père ressent de l’excitation et de la joie à l’idée de commencer un nouveau poste avec de nouveaux collègues, les enfants peuvent être bloqués dans la tristesse ou la peur, et ne pas oser exprimer leur peine, parce qu’elle ne leur semble pas légitime. Aussi, un enfant enjoué de sa nouvelle école n’osera pas ressentir sa joie s’il voit que sa maman est déprimée en ce moment. C’est pour cela qu’il est essentiel de communiquer avec ses enfants autour des émotions. Cela peut être à l’aide d’une roue des émotions, d’une météo intérieure, d’un jeu de pâte à modeler…Chaque famille trouvera ses techniques pour partager ses moments ‘BOF’ et ses moments ‘WAOUW’ de sa semaine. Enfin, n’oubliez pas de partager à vos enfants une difficulté ou un challenge que vous avez dû surmonter, cela les aidera à comprendre qu’ils ne sont pas les seuls à en vivre. Et si les enfants ne parlent pas beaucoup, pensez à poser des questions ouvertes, par exemple : « Qu’as-tu appris aujourd’hui ? ».
Il est conseillé de ne pas écouter les jugements des personnes restées en France, elles ne peuvent pas comprendre ce que nous sommes en train de traverser.
Se rappeler ses motivations et se reconnecter avec son choix.
Passer du ‘je dois’ au ‘je veux’ permet de se reconnecter à son choix et de se rappeler pourquoi on est là. Repenser aux raisons pour lesquelles on est parti et on a choisi d’être là nous permet de prendre de la distance avec le stress et de se recentrer sur ce qui est essentiel à notre famille : vivre une expérience, sortir de sa zone de confort, partir à la rencontre d’autres cultures…
De plus, rappelons-nous que ça n’est pas parce que c’est notre choix, que ça n’est pas difficile pour nous. Il est conseillé de ne pas écouter les jugements des personnes restées en France, elles ne peuvent pas comprendre ce que nous sommes en train de traverser. Même si c’est voulu, cela n’en demeure pas moins difficile !
Pour finir, prendre soin de soi !
Au même titre que l’on ne peut pas demander à nos enfants de prendre soin de nous, de nous écouter et de nous donner des signes de reconnaissance, c’est tout aussi impossible de le demander à notre conjoint qui vit les mêmes choses que nous et qui a également besoin d’écoute. Lui (ou elle) aussi a besoin d’empathie, et donc ne peut pas nous en donner. Ainsi, il est parfois utile de demander du soutien à une personne extérieure, par exemple un coach de vie. Il existe des ressources extérieures, des professionnelles dont le métier est d’aider les parents et les enfants à se reconnecter à leurs ressources internes. N’oublions pas que demander de l’aide est une force.
*Lorraine est coach de vie de Femm’ille. Elle accompagne des mamans qui souhaitent prendre soin d’elles, se sentir écoutées, comprises et accueillies dans leurs émotions. Parce-que quand la maman va bien, la famille va bien.
Marie-Guénaelle est coach familiale et praticienne EFT. Elle accompagne aussi bien des enfants, des adolescents et des adultes en thérapie brève, et travaille en systémie avec des familles qui vivent des difficultés (divorce, déménagement, problèmes relationnels…)