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Bachelor : révolution dans l’enseignement supérieur français ? 

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Écrit par Justine Hugues
Publié le 30 mars 2018, mis à jour le 3 décembre 2020

Importé du système anglo-saxon, ce cursus en trois ans prolifère au sein des établissements d’enseignement supérieur de l’Hexagone. De par ses enseignements concrets et variés, sa proximité avec les entreprises et son ouverture à l’international, le bachelor séduit toujours plus de bacheliers. Les étudiants y voient aussi l’opportunité d’intégrer de grandes écoles, sans passer par la case prépa.  Regards croisés sur son irrésistible essor. 

 

« La France doit se donner les moyens d'attirer des étudiants internationaux de haut niveau. Ce brassage multiculturel des étudiants va devenir de plus en plus important dans un monde globalisé en constante mutation ». C’est en ces termes que se confiait à notre rédaction Frank Pacard, directeur de l'enseignement et de la recherche à l'X, pour justifier la création d’un bachelor au sein de sa prestigieuse institution. 

Encore inconnu en France il y a dix ans, le cursus en trois ans a d’abord été l’apanage des écoles de commerce et de management, avant de séduire bien d’autres établissements accueillant aspirants ingénieurs, RH et même communicants et journalistes.  Sciences Po a lancé le sien il y a neuf ans. Aujourd’hui, il fait partie intégrante du cursus ordinaire. « Il constitue un diplôme de fin de premier cycle autonome et cohérent permettant à ceux qui le souhaitent de s’insérer sur le marché du travail ou de bifurquer vers d’autres formations en France ou à l’étranger », indique au Monde Bénédicte Durand, doyenne du collège universitaire de l’institution parisienne. 

Le bachelor se veut une formation pluridisciplinaire, professionnalisante et ouverte à l’international. Il intègre souvent une année d’études à l’étranger et/ou un enseignement en anglais. De nombreuses périodes sont réservées aux stages et certaines écoles proposent la formule de l’alternance, généralement en dernière année.

 

Les grandes écoles françaises à la conquête du monde 

Je trouve dommage que certains élèves étrangers de très haut niveau ne pensent pas forcément à la France pour faire leurs études de premier cycle dans l'enseignement supérieur 

« Pourtant, nous offrons d'excellentes conditions d'études et sommes reconnus pour l'employabilité offerte aux diplômés », affirme Frank Pacard. 

A l’instar de Polytechnique, les grandes écoles de l'Hexagone ont d’abord vu dans le bachelor la possibilité d’attirer les étudiants étrangers, pour qui le système de prépa et de concours à la française est peu lisible.  Alors que le processus de Bologne, point de départ de la réforme LMD et du rapprochement des systèmes d’études européens, fête ses 20 ans, la représentation de l’enseignement supérieur a changé. Avec la disparition du deug et la moindre popularité des BTS/IUT/DUT,  faire un premier cycle de trois ans est quasiment devenu la norme. 

Aujourd’hui, intégrer sur dossier le bachelor d’une grande école permet d’entrer dans une institution réputée et d’obtenir un diplôme portant sa « marque ». Bien que l’obtention d’un bachelor ne garantisse pas de pouvoir rejoindre le cursus principal via les procédures d’admission parallèles, il donne un clair avantage à ses détenteurs, face aux concurrents venant de l’université. 

Pour de nombreux bacheliers, le programme est plus accessible qu’une prépa, tout en offrant des perspectives intéressantes, puisqu’il allie théorie, pratique et, presque systématiquement, expatriation. Le profil des étudiants de bachelor change en conséquence. « Non seulement ils sont nettement plus nombreux, mais leur niveau augmente. Nous sommes passés d’une moyenne de 11 au bac à 13,5 », constate Nancy Locatelli, responsable du « bachelor in international business » de Grenoble Ecole Management. 

 

80% des titulaires d’un bachelor poursuivent à bac+5

Bien que le bachelor semble être une alternative satisfaisante aux longues études,  près de 80% des titulaires décrochent ensuite un bac+5. Cette appétence à la poursuite d’études conduit ainsi un grand nombre d’entreprises à pourvoir des postes intermédiaires par des diplômés de master. 

Or, ceux qui choisissent d’intégrer le marché du travail commencent à être bien identifiés et même de plus en plus recherchés. « Ils s’insèrent très facilement. La moitié a déjà un contrat avant même d’avoir soutenu son mémoire », assure Nancy Locatelli, interrogée par le Monde. 

 

Un gage de qualité ?

S’agissant d’un titre non protégé, n’importe quel établissement peut proposer ce programme en trois ans. C’est donc la notoriété de l’école qui détermine, en général, celle du bachelor. Associée à la récente explosion de l’offre de formations, cette absence de protection conduit, selon certains, à complexifier et décrédibiliser l’enseignement supérieur dans son ensemble.  « Les grandes écoles proposent des bachelors sérieux, avec le visa de l’Etat, mais d’autres, à la qualité discutable, ont fleuri un peu partout en France. » déplore Nathalie Hector, directrice des programmes de Kedge Business School. Le coût de la formation, entre 15.000 et 30.000 euros au total, fait également l’objet de critiques acerbes. « Ce phénomène, qui offre une manne financière à certaines écoles, rend en tout cas illisible l’offre de formation », regrette Lilâ Le bas, présidente de l’Unef, dans les colonnes de La Croix. 

Avec les réformes en cours telles que Parcoursup et la volonté du gouvernement du revaloriser la formation professionnelle,  le monde de l’enseignement supérieur français n’a pas fini de connaître des remous. 

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