La sénatrice Jacky Deromedi est présidente du nouveau groupe d’études dédié aux Français de l’étranger au Sénat. La parlementaire LR revient avec nous sur les objectifs de ce groupe et les enjeux de la représentation politique des Français de l’étranger.
J’espère que nous aurons davantage de poids vis-à-vis de l’Assemblée Nationale
Vous êtes présidente du groupe d’études « Statut, rôle et place des Français établis hors de France », quel est son but ?
Cela fait cinq ans que je me bats pour obtenir une instance représentant les Français de l’étranger au Sénat. J’y tenais et j’y suis arrivée. J’espère que ce groupe nous permettra de tous travailler ensemble sur des sujets chers aux Français de l’étranger. Ce groupe d’études prouve une fois de plus que le Sénat est la maison des Français de l’étranger.
Grâce à cette structure officielle au Sénat, j’espère que nous aurons davantage de poids vis-à-vis de l’Assemblée Nationale car nos propositions n’y sont pas reprises. Nous espérons que cela permettra de motiver l’Assemblée nationale pour qu’ils s’occupent eux aussi des Français de l’étranger.
Ce groupe doit également permettre de faire un point sur la situation des Français de l’étranger. Nous voulons rattacher les Français de l’étranger à la France. Il y a un réel déficit de connaissance, en France, des ressortissants français à l’étranger, qui sont souvent considérés, à tort, comme des exilés fiscaux ou des personnes très riches. Nous voulons donc, dans un premier temps, faire un état des lieux de ce qu’ils rapportent à l’Etat en regardant les impôts versés au centre des impôts des Français de l’étranger. Nous voulons aussi chiffrer ce que les Français de l’étranger nous coûtent par an. Nous pouvons déjà constater que sur beaucoup de sujets (sécurité sociale, chômage…), les Français de l’étranger ne coûtent rien à l’Etat.
Beaucoup de sénateurs, en dehors de ceux des Français établis hors de France, ont adhéré à ce groupe d’études. Etes-vous surprise ?
Je ne suis pas surprise car ils voient que les 12 sénateurs des Français établis hors de France se donnent beaucoup de mal pour défendre leurs sujets. De plus, les autres sénateurs sont nombreux à avoir de la famille ou des amis ou, tout simplement, des Français originaires de leurs départements qui vivent à l’étranger. Ils commencent à comprendre qu’il y a des problèmes et ont envie d’en faire davantage pour eux.
Les élections doivent se tenir
Pouvez-vous nous parler de votre proposition de loi visant à mieux associer les élus des Français de l’étranger à la gestion de la crise sanitaire et à garantir la tenue des élections consulaires en mai 2021 ?
Nous avons déposé une proposition de loi avec les sénateurs Christophe Frassa et Jean-Yves Leconte pour insister sur le fait qu’il n’y a pas de raison que la démocratie ne continue pas malgré la crise sanitaire. Les élections doivent se tenir. Pour cela, nous avons formulé seize propositions pour garantir la tenue de ces élections. Nous avons notamment demandé qu’il puisse y avoir en plus du vote internet et du vote à l’urne, un vote par correspondance et que soit facilité le vote par procuration grâce à des tournées consulaires et à l’appui des consuls honoraires.
Pour ce qui est des élections sénatoriales de septembre prochain, il faudrait autoriser tous les conseillers des Français de l’étranger et délégués qui seront en poste à pouvoir voter mais je souhaite de tout cœur que le processus démocratique puisse continuer avec des élections fin mai comme prévu partout où c’est possible.
L’Etat ne peut pas empêcher un Français de rentrer chez lui
La liste des motifs impérieux pour rentrer sur le territoire français exclut à de nombreux Français de l’étranger la possibilité de rentrer en France. De nombreux expatriés commencent à se manifester notamment via le #Jeveuxrentrerchezmoi. Quelle est votre réaction ?
L’Etat ne peut pas empêcher un Français de rentrer chez lui. Par contre, nous ne pouvons pas laisser rentrer des personnes dont nous ne savons pas s’ils sont porteurs du virus. Personne n’en est sûr, même avec un test PCR de moins de 72 heures.
Je suis tout à fait pour que l’on autorise tous les Français, qu’ils vivent en Europe ou dans le reste du monde, à revenir dans l’Hexagone mais dans des conditions sanitaires sûres. Il faudrait qu’il n’y ait pas, encore une fois, une discrimination entre les Français qui résident dans l’espace européen et ceux qui résident sur d’autres continents.
Concernant les mesures sanitaires à appliquer à l’arrivée en France, c’est au Gouvernement de décider en fonction des capacités qu’a notre pays de faire respecter les règles qui seront fixées. En effet, il faut savoir que le Gouvernement a fait voter la prorogation de l’Etat d’urgence sanitaire jusqu’au 1er juin - ce à quoi le Sénat était opposé - ce qui lui permet de décider par décret des mesures applicables en période d’état d’urgence, c’est-à-dire qu’il a « carte blanche ».