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Stéphane Vojetta:"il faut protéger les acquis budgétaires des Français de l’étranger"

Député réélu de la 5ème circonscription des Français de l’étranger (Espagne, Andorre, Monaco et Portugal), Stéphane Vojetta revient sur la nomination du nouveau gouvernement et nous parle de ses actions pour la dématérialisation des passeports et la création d’une plateforme de mise en réseau professionnel. Rencontre.

Stephane VojettaStephane Vojetta
Député réélu de la 5ème circonscription des Français de l’étranger (Espagne, Andorre, Monaco et Portugal), Stéphane Vojetta revient sur la nomination du nouveau gouvernement. Rencontre.
Écrit par Léa Degay
Publié le 7 octobre 2024, mis à jour le 8 octobre 2024

 

Le nouveau gouvernement a été annoncé, quelle a été votre réaction face à cette nomination ?

 

C'est un soulagement que nous attendions depuis longtemps : la nomination d'un Premier ministre a pris beaucoup de temps, avec des tergiversations. La nomination du gouvernement a demandé encore quinze jours de plus. J’avais hâte de me remettre au travail. Maintenant, nous plongeons dans le grand bain avec la reprise de la session parlementaire. Nous commençons à découvrir comment vont fonctionner nos équilibres.

Bien sûr, il y a de la surprise de découvrir certains visages qui sont au gouvernement mais surtout de la satisfaction de voir que deux députés français de l'étranger sont aux responsabilités et à des postes stratégiques : l’éducation et l’industrie.

 


Anne Genetet/Marc Ferracci, deux députés des Français de l’étranger au gouvernement

 

En juin 2024, à la veille des législatives, vous aviez confié être indépendant et n’appartenir à aucun parti. Vous souhaitiez participer à une majorité de coalition, une fois élu. Y êtes-vous parvenu ? 

 

Dès l'annonce de ma candidature à ma réélection, je me suis déclaré candidat indépendant. Je ne voulais pas de soutien de parti, je voulais cette indépendance. Il y a deux raisons à cela : d’abord, ce qu’il s'est passé en 2022 et ensuite, parce que ma conviction était de devoir dépasser les clivages partisans. 

Nous aurions dû arriver à l'Assemblée nationale pour construire cette coalition parlementaire de laquelle aurait émané un gouvernement et un Premier ministre. L’inverse s’est produit, nous n’avons pas su nous mettre d'accord. Finalement, trois blocs - qui individuellement ne peuvent rien faire seuls - se sont formés à l’issue des élections. Ce gouvernement est en train d'ébaucher un programme et un budget. De facto, nous devons nous engager et donner le bénéfice du doute pour l'instant à ce gouvernement.  

 

« D'une part, m'assurer que l'argent public dépensé pour les Français à l'étranger le soit de la manière la plus efficace possible et que s'il y en a moins qu’il soit mieux dépensé. »

 

Le budget va être voté, quelles sont vos priorités en tant que député de la cinquième circonscription des Français de l’étranger ?


 

J’aimerais avoir un gouvernement capable de donner à la France un budget qui réponde aux défis. Le défi numéro un est de ne pas vivre la situation de certains pays d'Europe du Sud, acculés à la mise sous tutelle par le FMI durant la crise de la dette souveraine. À l'époque, j'étais déjà Français à l'étranger, arrivé en Espagne en 2005. Entre 2008 et 2012, j'ai travaillé avec la Banque d'Espagne et le gouvernement espagnol pour éviter l'effondrement de son système financier.

Aujourd'hui, les investisseurs demandent à la France les mêmes taux d'intérêts que ceux du Portugal, de l'Espagne ou de la Grèce pour investir dans sa dette. Il s’agit d’un décrochage par rapport à l'Allemagne, montrant une perte de confiance croissante. Ce que j’attends du gouvernement sur le chapitre budgétaire est d'envoyer un message apaisant au monde extérieur, démontrant que nous avons la situation budgétaire sous contrôle. 

Nous allons traverser une période de turbulences, où même certains soutiens au gouvernement adoptent des postures hostiles face aux efforts demandés. Je serai favorable aux réformes, tout en luttant pour que l'argent public dépensé pour les Français à l'étranger le soit efficacement. Je proposerai des économies, à l’instant de l’envoie de propagande électorale papier aux Français de l'étranger; cet envoi ne sert plus à rien, surtout avec 95 % des adresses électroniques des électeurs disponibles.

Enfin, il est crucial de protéger les acquis. Il faut protéger les acquis budgétaires des Français de l’étranger Si des économies doivent être faites, elles ne doivent pas se faire sur les bourses scolaires. Je préfère que l’on regarde vers l'aide au développement avant de réduire les aides pour les élèves français.

 

Vous avez créé une plateforme de l'emploi pour les Français de votre circonscription. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 

 

Avec ma suppléante, nous avons identifié la nécessité d'aider et de mieux accompagner les Français de l'étranger de la circonscription lorsqu’ils et elles décident de changer leur quotidien professionnel. Nous nous sommes rendus compte, notamment en faisant des sondages auprès des administrés, que les acteurs existants étaient peu connus. Nous avons voulu créer une plateforme qui regroupe et qui rassemble tous les acteurs qui peuvent être des vecteurs de communication et notamment en termes d'offres d'emploi, de demandes d'emploi, mais aussi ceux qui offrent du networking et des formations. Nous avons convaincu tous les acteurs non seulement d'être référencés, mais d'y participer activement et de publier du contenu.

 

« La plateforme est à retrouver sur le site www.carrières-espagne-portugal.com »

 

L'idée est de créer des synergies entre tous ces acteurs qui travaillent beaucoup, qui font des efforts et qui investissent. Cette plateforme se veut complémentaire à ce qui existe déjà. Nous voulons augmenter le trafic pour tout le monde, créer des synergies. Comme il n'y a pas de droits d'auteur, il n'y a pas de droits de propriété. Si l’initiative fonctionne, je ne vois aucun obstacle à le développer dans les autres circonscriptions. Je serais ravi que cela puisse être utilisé à grande échelle.

 

Est-ce que vous avez un message particulier pour nos lecteurs?

 

Nous allons vers un renouvellement au sein de nos rangs, députés des Français de l'étranger. Il faut que nous arrivions à travailler ensemble pour porter nos batailles, pas seulement en termes de budget ou en termes législatifs : il y a peu de lois qui concernent directement les Français de l'étranger. Néanmoins, il y a une échéance importante prochainement : la mission d'évaluation de la phase de test de la procédure dématérialisée de renouvellement des passeports. 

 


Renouvellement des passeports à distance : une première expérimentation au Canada 

 

Des tests ont eu lieu au Portugal et au Canada. Une commission d’évaluation va désormais se pencher sur ces derniers pour déterminer si cette procédure a de l’avenir et si elle doit être étendue au monde. La dématérialisation peut avoir un impact considérable sur le quotidien de nos ressortissants. Imaginez un citoyen français qui habite à Ténérife ou Majorque et qui doit prendre un avion pour Barcelone ou Madrid pour refaire les papiers d’identité de ses enfants ! Il paraît absurde de prendre l’avion pour vingt minutes dans un bureau consulaire… 

Maintenant, il va falloir transformer l'essai. Ce n'est pas gagné, mais nous allons nous y mettre tous ensemble. La mission va bientôt débuter, pendant la semaine de l’AFE, du 14 au 18 octobre 2024 et elle va durer six semaines. Une quinzaine de personnes ont été nommées officiellement pour évaluer ce qui a été fait et en tirer les conclusions. C'est l'événement majeur de l'automne, en dehors du budget. 

 


L'État civil à portée de clic pour tous les Français de l’étranger ?


 

 

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