Singapour, États-Unis, France… Les passeports les plus puissants du monde en 2025

Depuis plus de vingt ans, le Henley Passport Index évalue la puissance des passeports à l’échelle mondiale, en mesurant le nombre de pays qu’un citoyen peut visiter sans visa ou avec des formalités simplifiées. Au-delà du simple classement, le baromètre reflète des dynamiques géopolitiques, de la stabilité politique à la réputation internationale jusqu’à la sécurité intérieure d’un État. Autant de facteurs qui influencent directement la liberté de circulation des habitants. Lepetitjournal.com propose un tour d’horizon de la puissance des différents passeports internationaux.

La méthodologie du classement

Le Henley Passport Index est basé sur les données fournies par l’Association internationale du transport aérien (IATA), croisées avec des recherches internes menées tout au long de l’année. Le classement repose sur un panel de 199 passeports évalués face à 227 destinations dans le monde. Pour chaque pays, un point est attribué si les ressortissants peuvent voyager sans visa, avec un visa à l’arrivée ou une autorisation électronique de voyage, c’est-à-dire sans autorisation gouvernementale préalable. En revanche, les destinations nécessitant un visa traditionnel ou un e-visa obtenu avant le départ ne sont pas comptabilisées. L’objectif est donc de mesurer le niveau d’accès immédiat qu’un citoyen peut avoir, sans démarches longues ou complexes, à l’échelle mondiale.

Le trio de tête mondial : Singapour, Japon et Corée du Sud

Alors que six pays, dont la France, se partageaient la première place en 2024, c’est le passeport singapourien qui trône seul en tête en 2025. Avec 193 destinations accessibles sans visa, Singapour devance le Japon et la Corée du Sud, ex æquo avec 190 destinations. À noter que les trois pays asiatiques n'ont plus quitté le podium depuis 2018. 

Pour expliquer leur réussite, les trois pays bénéficient d’une image internationale extrêmement favorable, tant sur le plan sécuritaire, sanitaire qu’économique. Leur neutralité diplomatique et leur absence d’implication dans des conflits internationaux leur permettent de tisser des accords bilatéraux avec la quasi-totalité des États du globe. En parallèle, leurs ressortissants sont perçus comme fiables, solvables et peu susceptibles d’immigration illégale, facilitant leur acceptation sans visa. Singapour, en particulier, s’est imposé comme un hub stratégique international et incontournable, au centre des routes économiques de l’Asie du Sud-Est, ce qui renforce son attractivité.

La France et l’Europe complètent le podium

Mais si certains passeports asiatiques dominent le classement, l’Europe reste également un leader majeur de la liberté de circulation. La France, avec ses 189 destinations accessibles sans visa, complète le podium, aux côtés de l'Allemagne, l'Italie, l’Espagne, l'Irlande, la Finlande et le Danemark. Mais l’Europe ne s’arrête pas là. Une place en dessous, l’Autriche, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et la Norvège, se classent à la quatrième position avec 188 accès sans visa. Le Royaume-Uni les suit de près, classé sixième avec 186 destinations accessibles.

Souvent décriée, la puissance collective de l’Union européenne permet aussi une coopération consulaire importante et des accords bilatéraux avantageux dans le monde entier. Elle constitue alors un atout considérable pour les citoyens européens, qui disposent d’une mobilité internationale parmi les meilleures au monde, pour les affaires, le tourisme ou les études.

Les États-Unis en chute libre depuis 2015

En revanche la dynamique est tout autre outre-Atlantique où le passeport des États-Unis atteint difficilement la 10ème place avec 182 destinations accessibles sans visa. À titre de comparaison, en 2015, il occupait la première place mondiale aux côtés du Royaume-Uni. Un recul symbolique qui illustre autant l’ascension diplomatique d’autres puissances que les conséquences de choix politiques internes. L’arrivée, puis le retour au pouvoir de Donald Trump a notamment permis la mise en place d'une ligne dure en matière de politique migratoire, en restreignant l’entrée sur le territoire américain, notamment depuis certaines régions du monde jugées à risque. 

Une posture isolationniste, combinée à un durcissement des conditions d’accès aux visas qui a entraîné en retour une réciprocité négative. En effet, plusieurs États ont limité ou complexifié l’accès à leur territoire pour les citoyens américains. Et alors que d'autres pays multiplient les accords bilatéraux de facilitation des voyages, Washington semble privilégier la sécurité intérieure au détriment de la mobilité internationale, un choix qui affaiblit la puissance symbolique et diplomatique de son passeport sur la scène mondiale depuis une décennie.

Les passeports les plus faibles : Afghanistan, Syrie, Irak, Pakistan...

Mais si les États-Unis régressent, ils figurent encore parmi les bons élèves contrairement à certains passeports qui offrent une liberté de déplacement extrêmement restreinte. En 2025, c’est l’Afghanistan qui ferme la marche du classement, avec seulement 25 pays accessibles sans visa, suivi de près par la Syrie (27ème), l’Irak (30ème), le Pakistan et la Somalie (32ème). Au-delà des simples pays accessibles pour les citoyens, le classement illustre ici de lourdes contraintes diplomatiques, sécuritaires et économiques pesant sur les États mal classés.

Dans ces cas, le passeport devient davantage un symbole de contraintes que de liberté. Les conflits internes, l’instabilité politique, la faiblesse des infrastructures consulaires et les sanctions internationales restreignent fortement les négociations d’accords de mobilité. À cela s’ajoutent des perceptions négatives au niveau mondial, qui alimentent la défiance vis-à-vis de certaines nationalités à l’international.

 Parmi les pays les plus connus mais mal classés, l’Iran (91ème avec 42 destinations sans visa), le Bangladesh (94ème, 39 destinations), la Libye (95ème, 38 destinations) ou encore le Soudan (92ème, 41 destinations) illustrent ces difficultés. Même des États densément peuplés et membres des BRICS comme la Chine (60ème, 83 destinations) ou l’Inde (77ème rang, 59 destinations) occupent une place bien éloignée en comparaison à leur poids économique croissant sur la scène internationale. Une preuve que la puissance du passeport n’est pas le seul indicateur à prendre en compte pour mesurer les dynamiques géopolitique internationales.

Top 10 des passeports les plus puissants en 2025

1. Singapour : 193 destinations
2. Japon, Corée du Sud : 190 destinations
3. France, Danemark, Finlande, Allemagne, Irlande, Italie, Espagne : 189 destinations
4. Autriche, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Portugal, Suède : 188 destinations
5. Grèce, Nouvelle-Zélande, Suisse : 187 destinations
6. Royaume-Uni : 186 destinations
7. Australie, République Tchèque, Hongrie, Malte, Pologne : 185 destinations
8. Canada, Estonie, Émirats arabes unis : 184 destinations
9. Croatie, Lettonie, Slovaquie, Slovénie : 183 destinations
10. États-Unis, Islande, Lituanie : 182 destinations