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Paula Forteza: « Les Français de l’étranger doivent pouvoir être vaccinés »

Paula Forteza, députée des Français de l'étrangerPaula Forteza, députée des Français de l'étranger
Crédits : Mathieu Delmestre
Écrit par Adèle Hourdin
Publié le 24 mai 2021, mis à jour le 28 mai 2021

Paula Forteza, députée de la deuxième circonscription des Français de l’étranger, est revenue dans cette interview sur l’actualité des pays de sa circonscription ainsi que sur le rôle qu’y jouent les conseillers des Français de l’étranger.

Paula Forteza est la députée de la deuxième circonscription des Français de l’étranger, qui comprend 33 pays d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Dans cette interview, elle revient sur le rôle des conseillers des Français de l’étranger, sur la stratégie vaccinale et l’actualité des pays de sa circonscription.

 

Quel est le rôle des conseillers des Français de l’étranger en cette période de crise ?

Les conseillers des Français de l’étranger ont une mission clé qui n’est pas assez valorisée et qui devrait l’être davantage. Nous l’avons particulièrement observé pendant la crise actuelle. J’ai été en lien direct avec un grand nombre d’entre eux et ils ont été d’une grande aide sur place. Ils ont fait remonter les problèmes au niveau local et ont permis de résoudre les cas personnels des Français qui se sont retrouvés bloqués ou de ceux qui devaient rentrer en France pour se soigner. Ils ont aussi été d’une grande aide dans la communication et le remplissage de dossiers concernant les aides sociales qui ont été fournies pour les Français de l’étranger. Ils ont acquis un rôle clé dans cette crise quand les députés des Français de l’étranger ne pouvaient plus se déplacer.

 

J’appelle à voter massivement car les conseillers sont indispensables

 

Pourquoi est-ce important que les Français de l’étranger votent pour ces élections consulaires ?

J’appelle à voter massivement car les conseillers sont indispensables. La situation est très particulière du fait de la pandémie. Il nous faut respecter les mesures sanitaires mais cela a été envisagé avec de nouvelles formes de vote, comme le vote en ligne, qui permet de rendre cette participation plus agile et accessible. Je souhaite remercier tous ceux qui terminent leur mandat pour leur travail et je souhaite bonne chance aux candidats, notamment ceux qui portent les valeurs qui sont les miennes et que je défends à l’Assemblée Nationale : Écologie, Démocratie, Solidarité.

 

Quelle est la situation vaccinale des Français de votre circonscription ?

Les Français de l’étranger sont très préoccupés par la stratégie de vaccination. 84% des Français établis hors de France sont éligibles à des dispositifs de vaccination locaux avec des vaccins homologués par l’Union européenne. Dans ma circonscription, ce n’est pas toujours le cas. Il reste des difficultés et des lenteurs ou alors les vaccins accessibles sont des vaccins non-homologués par l’Union européenne, comme le vaccin chinois ou le vaccin russe. Face à ces difficultés, je le martèle : les Français de l'étranger doivent pouvoir être tous vaccinés avant la fin de l’année.

 

Il faut pouvoir acheminer des doses là où il n’y en a pas

 

Comment atteindre cet objectif ?

Il y a plusieurs mesures à prendre. L’une d’elle est de ne pas retirer ou interdire le retour en France des Français de l’étranger même s’ils viennent de pays où circulent de nouveaux variants comme cela a été le cas avec le Brésil. J’ai plaidé pour que ces Français puissent revenir en France, puisque c’est un droit constitutionnel, mais en renforçant les contrôles sanitaires et les quarantaines à l’entrée du territoire qui jusqu’à présent n’étaient ni surveillées ni contrôlées. Cette mesure permet aux Français qui le souhaitent de rentrer mais aussi de pouvoir se faire vacciner en France, d’autant plus que depuis le 11 mai, la vaccination est accessible à tout âge.

Puisqu’on sait que tout le monde ne peut pas revenir en France pour se faire vacciner, il faut pouvoir acheminer des doses là où il n’y en a pas. Le gouvernement a prévu d’envoyer 500.000 doses d’Astra Zeneca dans le cadre du plan COVAX. Nous suivons cela de très près et interpellons régulièrement le gouvernement sur la question mais les résultats ne sont pas encore entièrement visibles sur le terrain.

 

Quel est votre avis sur le pass sanitaire ?

Pour l’instant, le pass sanitaire n’est prévu que pour les vaccins qui sont homologués par l’Union européenne. Pour cette raison, je plaide pour que ce pass sanitaire ne soit pas rendu obligatoire pour voyager ou accéder à certaines activités sur le territoire français, qu’il soit uniquement utilisé pour faciliter et fluidifier les déplacements.

L’idée est qu’il puisse toujours y avoir une alternative comme un test PCR, comme c’est le cas aujourd’hui. Le système ne peut aujourd’hui pas être imposé parce que toute la population n’a pas encore eu l’opportunité de se faire vacciner mais je reste vigilante à ce que les annonces qui ont été faites ne soient pas dénaturées plus tard.

 

Que pensez-vous du pass sanitaire du point de vue du respect des données personnelles ?

Ce pass sanitaire doit vraiment être protecteur des données personnelles, en particulier les données de santé qui sont très sensibles. Ce qui a été très embêtant lors des débats à l’Assemblée Nationale sur le sujet c’est qu’il nous a été demandé de voter le dispositif avant même d’avoir accès au rapport de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés). Le travail des députés s’est dégradé ces derniers mois par rapport à l’information dont nous avons besoin pour prendre des décisions. Cela a été le cas sur la question du pass sanitaire.

 

La désignation des candidats est un moment aussi politique que le vote lui-même


Vous avez présenté à l’Assemblée le modèle du PASO (primaires ouvertes simultanées obligatoires) argentin. Quel serait l’intérêt d’un tel modèle pour la démocratie française ?

Ce modèle m’a inspirée car il permettrait d’ouvrir et de démocratiser la désignation des candidats aux élections présidentielles. La plupart des citoyens ont la sensation que ces désignations sont verrouillées par les appareils politiques, maîtrisés par des personnes qui font de la politique leur métier. Pourtant, la structuration de l’offre politique par la désignation des candidats est un moment aussi politique que le vote lui-même.

Nous avons discuté de cette idée à l’Assemblée Nationale dans le cadre d’une proposition de loi proposée par la France Insoumise sur le parrainage citoyen. Elle proposait de remplacer la logique de parrainage par les 500 maires qui doivent soutenir un candidat pour pouvoir participer aux élections par 150.000 citoyens qui auraient apposé leur signature. J'étais d'accord avec cette proposition mais je pense qu’il faut aller encore plus loin en faisant participer les citoyens pour plébisciter des candidatures, mais aussi pour choisir entre plusieurs d’entre elles. 

 

Qu’est-ce qui est mis en place pour venir en aide aux Français résidant au Brésil ?

Enormément d’actions sont menées par les postes diplomatiques au Brésil. Par exemple, il était très important de laisser ouverte la possibilité aux Français de rentrer en France parce qu’il y a aujourd’hui un effondrement du système de santé au Brésil. Certaines personnes malades, pas nécessairement atteintes du Covid, n’arrivaient pas à se faire soigner sur place. Il était particulièrement important que ces personnes puissent revenir en France et nous avons eu beaucoup de cas et d’interpellations à ce sujet. Il y a aussi des aides qui sont mises en place, les mêmes depuis le début de la pandémie, qui sont des aides sociales, un soutien logistique sur place, une entraide de la communauté et une présence quotidienne.

 

Tous les indicateurs sont au rouge

 

Quel est votre avis sur la situation actuelle en Colombie ?

Ce qui est en train de se passer en Colombie est très grave. Le degré de violence est vraiment inquiétant. Il y a des cas avérés de violences policières, d’agressions et de morts. Tous les indicateurs sont au rouge, la communauté internationale est très préoccupée par le sujet et suit les événements de près. J’ai pu échanger avec l’ambassadrice sur place ainsi qu’avec l’ambassadrice colombienne en France avec lesquelles nous avons pu exprimer nos différends sur certaines questions.


Qu'attendez-vous du gouvernement colombien ? 

J’attends qu’il prenne toutes les mesures possibles pour qu’il y ait un apaisement et une désescalade de la violence. La réaction punitive et agressive des forces de l’ordre doit s’arrêter immédiatement. Il faut renouer le dialogue, laisser les manifestants s’exprimer de façon paisible et respecter ce droit à l’expression politique tout en garantissant la sécurité des manifestants plutôt qu’en s’attaquant à eux.

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