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Législatives 2024 - Yael Lerer (NFP) : "justice et égalité partout et pour tous"

Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Yael Lerer, candidate du Nouveau Front Populaire pour la 8ème circonscription (Italie, Israel, Chypre, Grèce, Malte, Turquie, Territoires palestiniens...), a répondu à nos questions.

Yael Lerer candidate NFP aux législatives 2024Yael Lerer candidate NFP aux législatives 2024
Écrit par Léa Degay
Publié le 21 juin 2024, mis à jour le 25 juin 2024

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

J’ai grandi à Tel Aviv et j’ai été naturalisée française en 2016. Je suis cosmopolite et polyglotte : je maîtrise le français, l’anglais, l’hébreu et l’arabe. Ma vie est un long va-et-vient entre culture et politique. J’ai fondé la maison d’édition Andalus, spécialisée dans la traduction de la littérature arabe en hébreu, et j’ai également contribué à la création du parti Balad, pour lequel j’ai été porte-parole et collaboratrice parlementaire.

Je me présente en binôme avec Salam ISMAIL, franco-palestinien né à Gaza et naturalisé français en 2022. Salam (qui signifie paix en arabe) est musicien et ingénieur en construction. Cosmopolite et polyglotte lui aussi, il maîtrise l’italien, la langue de son épouse, et réside aujourd’hui en France.

 

Pourquoi souhaitez-vous vous présenter aux prochaines élections législatives ?

Je suis une militante de longue date, engagée dès mon plus jeune âge sur la question du féminisme, puis plus tard pour la justice et l’égalité partout et pour toutes et tous. Bien avant ma naturalisation, mon engagement était déjà fondé sur la défense des valeurs de la République française.

Avec cette candidature, Salam et moi, binôme franco-israélien et franco-palestinien, voulons aussi porter un message contre la politique du gouvernement d’extreme droite israélienne mais pas contre les Israéliens, contre l’antisémitisme, contre tous les racismes et contre l’homophobie, pour l’égalité citoyenne, pour la justice, pour le droit international. Dans ce contexte où notre circonscription est endeuillée par des dizaines de milliers de morts civils israéliens et palestiniens, et face aux crimes de guerre qui se succèdent, nous voulons affirmer que la France doit agir pour un cessez-le-feu immédiat si elle veut rester fidèle à ses valeurs. Ce cessez-le-feu est dans l’intérêt de l’avenir des deux peuples mais aussi dans celui de toute la Méditerranée.

 

Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

Comme Salam, je suis née dans cette circonscription et y ai passé une grande partie de ma vie. Nous avons tous deux des attaches fortes, qu’elles soient amicales, familiales ou militantes, non seulement en Israël/Palestine, mais aussi en Italie, en Grèce et en Turquie.

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français·es de l'étranger ?

Je suis moi-même immigrée. Je comprends donc combien il peut être compliqué de naviguer dans les démarches administratives, et combien il faut de temps pour établir des relations et faire dialoguer sa culture avec celle de son pays d’accueil. Accompagner au quotidien des personnes pour faire valoir leurs droits, comme je le fais aujourd’hui en France avec de nombreux sans-papiers et comme beaucoup de Françaises et Français de l'étranger en ont besoin, est le sens premier de mon engagement.

 

Comment voyez-vous le mandat de député ?

Une députée a deux rôles. D’une part, elle doit incarner ses convictions et les faire s’incarner dans la loi. De l’autre, elle doit servir l’ensemble des citoyennes et citoyens de sa circonscription,  quelle que soit leur appartenance politique. Dans les années 2000, j’ai travaillé pendant cinq ans à la Knesset (parlement Israélien) avec un député palestinien. Ce qui a été une expérience très enrichissante, j’ai une bonne connaissance du dialogue constant qui s’établit entre les parlementaires et leurs électeurs concernant leurs droits et leurs difficultés administratives.

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français·es de votre circonscription ?

Ces élections sont déjà un défi ! Beaucoup des Français·es de la circonscription sont préoccupés par la montée de l’extrême droite et de ses alliés partout en Europe. Ils comprennent les implications de leur idéologie xénophobe, qui s’est répandue en France bien au-delà des partis RN et Reconquête, où toute personne venant d’ailleurs est par défaut suspecte. C’est un défi pour les libertés publiques, les droits LGBT et notre modèle démocratique, qui refuse de trier les citoyennes et citoyens selon leur origine.

L’autre défi immédiat est celui posé par la crise climatique qui touche de façon dramatique le pourtour méditerranéen : canicules, sécheresses, incendies, inondations, etc. Par ailleurs, il est urgent d’instaurer un partenariat global pour lutter contre la pollution plastique en Méditerranée qui est aujourd’hui la mer la plus polluée du monde.

 

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

Nous avons une équipe formidable d’environ 300 militants, dont une centaine se partage les tâches de rédaction, de graphisme, de montage vidéo et de gestion des réseaux sociaux. Nous avons également une équipe dédiée aux traductions dans toutes les langues de la circonscription. Le reste se concentre sur la mobilisation des électeurs, chacun commençant par ses propres réseaux, car le défi principal est de rehausser la participation qui est d’ordinaire très faible dans la circonscription. Notre campagne se déroule principalement en ligne en raison des délais extrêmement réduits : la dissolution a été annoncée il y a une dizaine de jours et le vote électronique commence déjà dans moins d’une semaine ! Par souci écologique, je préfère éviter les déplacements de campagne. Si je voyage, comme je serai amenée à le faire quand je serai élue députée, c’est pour passer du temps avec celles et ceux que je rencontre, à leur écoute sur les points qui leur tiennent à cœur.

Après le premier tour des élections législatives partielles de l’année dernière, j’ai eu l’excellente surprise de recevoir des messages disant « J’ai voté pour vous » venant de tous les pays de la circonscription : de Rome, d’Athènes, d’Istanbul mais aussi de Tel Aviv et Ashkelon,  de Gaza et Ramallah. Candidate du Nouveau Front Populaire, je suis soutenue par les forces de gauche locales mais aussi par de nombreux concitoyens qui, bien que n’ayant jamais voté à gauche, ne veulent pas suivre le glissement vers l’extrême droite de Renaissance et des Républicains.

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?

Dès le début de la législature, je défendrai les mesures urgentes suivantes pour nos concitoyennes et concitoyens de la 8e circonscription :

-   Le budget des affaires sociales doit être abondé et adapté aux diversités régionales pour répondre aux besoins des plus précaires. La PAC (prestation d’assistance consulaire) doit être rétablie dans les pays du Sud de l’UE pour nos aînés en situation de grande précarité et inéligibles aux prestations sociales de leur pays d’accueil. L’accès aux soins en France doit être réaménagé.

-   Le budget des bourses scolaires doit permettre de couvrir les besoins réels des familles et d’anticiper l’augmentation du nombre d’élèves et des frais de scolarité de tous les établissements : EGD (établissements en gestion directe), conventionnés et partenaires. Le soutien au programme FLAM (français langue maternelle) doit se pérenniser.

-   L’éducation de nos enfants doit être prioritaire, accessible à toutes et à tous et assurer une réelle mixité sociale. Notre école doit devenir véritablement inclusive vis-à-vis du handicap avec une véritable prise en charge des salaires et couvertures sociales des AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap).  Un statut et une formation des AESH doivent être mis en place à l’étranger.

Je collaborerai avec tous les élus de terrain, les conseillers de la 8e circonscription et avec tous les collègues élus du Nouveau Front Populaire à l’Assemblée dont, j’espère, mes amis et anciens députés Sergio Coronado et Karim ben Cheikh (candidats dans les  2e et 9e circonscriptions) qui ont fait un travail remarquable pour les droits de nos concitoyennes et concitoyens à l’étranger durant les précédentes législatures. 

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