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Législatives 2024 - Anne Genetet (Re) : "Nous sommes en "état d’urgence" politique"

Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Anne Genetet, députée sortante du parti Renaissance pour la 11ème circonscription (Europe orientale, Asie, Océanie), a répondu à nos questions.

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Écrit par Léa Degay
Publié le 19 juin 2024, mis à jour le 30 juin 2024

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Élue une première fois en 2017, réélue en 2022, je suis la députée de la 11e circonscription des Français établis hors de France, laquelle compte 49 pays d'Asie, d'Océanie et d'Europe orientale. J’ai une formation de médecin généraliste complétée d’un diplôme de journalisme médical. J’ai exercé en cabinet, en centre de santé sociale pour la Croix-Rouge et pour les services sociaux du département des Hauts-de-Seine. Arrivée à Singapour en 2005, où le diplôme français n’est hélas pas reconnu, je me suis reconvertie comme consultante en gestion de crise sanitaire de nature pandémique dans un grand groupe français puis, après quelques années, j’ai choisi de devenir indépendante en montant ma propre activité de formation en santé auprès du grand public.

Mon parcours s’est forgé autour de l’aide aux plus fragiles et de la transmission des savoirs. J’ai une vision originale du rôle de médecin, non pas un guérisseur mais un passeur d’outils de soins, un accompagnant, un aidant. J’aime donner aux autres.

A l’Assemblée nationale, j'étais secrétaire de la commission de la défense et vice-présidente du groupe politique Renaissance. Au titre des fonctions liées à mon mandat de députée, j'étais la présidente de la délégation française à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN et la présidente du groupe d’amitié France - Australie.

 

Pourquoi souhaitez-vous vous présenter aux prochaines élections législatives ?

À la suite des élections européennes, le Président de la République a dissous l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet. Je me représente d’abord pour poursuivre mes combats. Mes combats pour défendre les intérêts de la France, ses valeurs, son image.

Mais nous sommes aussi en "état d’urgence" politique et plus que jamais la France a besoin de clarté politique. Dans ce monde complexe, je refuse de laisser les extrêmes imposer leurs fausses solutions. Choisir les souverainistes ou cette union de la gauche adoubée par le Front Populaire, c’est opter pour la démagogie, le "yakafokon" et finalement le déclin de notre Nation. C’est choisir la politique du pire et s’assurer d’une catastrophe économique, ainsi que de l’isolement de notre pays à l’international.

Juste un exemple : je viens de présenter à l’Assemblée nationale un rapport sur le rôle de la France dans l’OTAN, rédigé avec un député de La France Insoumise (LFI). Sans surprise, tout nous oppose ! Je plaide pour plus de France dans l’OTAN et plus d'OTAN en France, car c’est ainsi que la France sera capable de défendre ses intérêts et sa sécurité, tout en étant une puissance de paix. J’ai été frappée par l’approche de mon co-rapporteur Insoumis totalement imprégné, prisonnier d’une idéologie qui refuse de voir la menace russe, qui refuse d’entendre nos militaires, nos diplomates, nos chercheurs témoigner de l’importance de l'OTAN pour notre pays, qui prône une approche qui nous isolerait comme si nous étions seuls en Europe. En vérité, la vision des relations internationales de LFI ressemble beaucoup à celle du Rassemblement National (RN) : sortie de l’OTAN et démantèlement de l’Europe. Ce projet mettrait la France en grave danger.

D’une manière générale, les projets portés par le RN et cette nouvelle NUPES ou union de la gauche adoubée par le Front Populaire, même si je ne mets pas de signe égal entre les deux, seraient ravageurs pour l’économie française et pour l’influence de notre pays en Europe et dans le monde. Nos compatriotes à l’étranger et nos entrepreneurs se retrouveraient en grande difficulté. Il ne faut se faire aucune illusion là-dessus. Je ne l’accepte pas et je note qu’en dehors de quelques mesures clientélistes, le RN comme la nouvelle NUPES ne s’intéressent pas aux Français à l’étranger qu’ils considèrent être des nantis. Ils ne savent rien des difficultés sociales et économiques rencontrées par certains de nos compatriotes et aux côtés desquels l’Etat français se tient, et je le défendrai, avec des aides sociales et des bourses scolaires notamment.

Pour toutes ces raisons, forte de mon expérience à l’Assemblée nationale et comme Française à l’étranger, je veux continuer d’être une députée de combat parmi les plus actives au Palais Bourbon pour porter la voix des Français à l’étranger et une vision singulière marquée par une connaissance fine de notre circonscription et des enjeux vitaux que la France doit défendre dans notre vaste région.

 

Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

Je suis Française à l'étranger depuis plus de 20 ans et installée à Singapour depuis 2005. J'ai toujours été très investie dans la communauté française locale, avec la volonté d’aider et d’être là pour les autres. J'y ai travaillé, je m’y suis déplacée à titre professionnel ou privé tout en ayant de nombreux engagements citoyens : associations de parents d’élèves, foyer d’hébergement pour travailleurs migrants, association d’émancipation de femmes en situation de précarité économique, etc.

Puis, après ma première élection en 2017, je me suis rendue dans de très nombreux pays parmi les 49 que compte la circonscription, de l’Ukraine et la Russie en passant par l’Asie centrale et l’Iran, le Caucase, l’Inde, l’Asie de l’Est et du sud-est jusqu’aux îles du Pacifique et l’Océanie. Je suis à l’écoute des perspectives, des opportunités et des difficultés. J’essaie, avec mon équipe, de répondre à tout le monde, d’apporter des solutions à des problèmes qui sont souvent politiquement, administrativement et juridiquement complexes. Les politiques mises en œuvre pour la métropole sont rarement pensées pour les Français à l’étranger mais je crois qu’après 7 ans de plaidoyer cette approche commence à changer. Le Ministère de la Transformation publique est particulièrement vigilant aux enjeux spécifiques de la mobilité internationale pour la simplification et la dématérialisation. J’ai agi pour cela mais c’est un travail de longue haleine que je tiens à poursuivre.

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?

Les Français de l’étranger sont le fer de lance d’une France qui réussit dans la mondialisation ; nos compatriotes établis à l'étranger participent, tous les jours, concrètement, sur le terrain, au rayonnement de la France dans le monde. J'ai donc voulu m'engager au service de ces Français parmi lesquels je vivais depuis deux décennies, depuis l'endroit où j'habitais et que je connaissais donc le mieux, en l'occurrence Singapour.

Quand on vit en Asie, on ne peut qu’être impressionné par le dynamisme de son développement et son agilité à embrasser la modernité. Et l’émergence de plusieurs pays de la région doit nous interpeller. Au cours de toutes ces années passées à l’étranger, je me suis toujours interrogée sur l’impact et l’image de la France dans 20 ou 30 ans. Mon engagement repose sur un constat et une conviction. Le constat, c’est que l’influence et la réputation de la France dans le monde sont en jeu, non pas aujourd’hui mais pour l'avenir. La France est déjà une puissance moyenne, ce n’est pas moi qui le dis mais le général de Gaulle. Comment sera-t-elle perçue dans 30 ans ? Quelle sera notre force de conviction ? Notre rôle dans le monde ? Notre pays restera-t-il assez puissant pour rivaliser dans cette région ? Ma conviction, c’est que notre force et notre influence reposent sur notre capacité à nous appuyer sur les sociétés civiles et pas uniquement sur les corps constitués. Les Français à l’étranger, par leurs connaissances des populations locales, des langues, par leurs capacités à prendre des risques, doivent être mobilisés pour maintenir la France au premier rang de la compétition mondiale. Nous avons énormément de talents à l’étranger, des expériences riches et variées, c’est pourquoi y compris lors du retour en France, ces parcours doivent être davantage valorisés.

 

Comment voyez-vous le mandat de députée ?

Notre Constitution est claire : un député est avant tout un député de la Nation, pas seulement d’une circonscription. Et cela recouvre 3 fonctions : avant tout voter le budget et la loi, ensuite contrôler l'action du gouvernement et enfin évaluer et suivre les politiques publiques. Si les deux dernières peuvent porter une dimension locale, en réalité, ces trois fonctions se déploient exclusivement à Paris. S’agissant du travail sur la loi, être député, c’est s’impliquer au sein d’une Commission comme j’ai pu le faire aux Affaires étrangères puis à la Défense, participer à des auditions, rédiger des rapports, faire des propositions, rédiger des propositions de lois, prendre la parole en commission ou en hémicycle, rédiger des courriers, soutenir des porteurs de projet, etc. Pour toutes ces tâches, nous avons une obligation de présence en commission tout comme nous avons une obligation de présence sur les votes dits solennels ; des absences répétées conduisent à des retenues sur indemnité. 

C’est aussi dans l’interpellation et les rendez-vous avec les ministres, leurs cabinets, les responsables d’opérateurs de l’Etat que l’on fait avancer les dossiers. Lorsque je suis interpellée sur un retard de traitement d’un dossier retraite, mon interlocuteur se trouve en France, souvent à Paris, pas à Pékin, Pattaya ou Perth. Tout ceci explique que le travail de parlementaire impose une forte présence à Paris.

Enfin, dans mon cas et au regard de ma circonscription, il y a également un rôle de diplomatie parlementaire pour écouter nos interlocuteurs étrangers mais aussi faire passer des messages.

Ce sont là des missions passionnantes qui nécessitent un dévouement total. C’est ce que je propose aujourd’hui à mes électeurs : continuer à me mettre à leur service et à celui de notre pays. 

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?

Les défis pour favoriser la mobilité internationale restent nombreux. En 2018, j'avais remis au Premier ministre Edouard PHILIPPE un rapport sur la mobilité internationale des Français dans lequel j'avais formulé 215 propositions, préalablement largement concertées, pour améliorer la vie quotidienne et la mobilité internationale de nos compatriotes à l'étranger : fiscalité, protection sociale, simplification administrative, retour en France… Beaucoup a été fait mais une partie de ces  défis reste à relever.

Il y a aussi la situation de la Caisse des Français à l’étranger qui me préoccupe. Une réforme voulue par la CFE elle-même puis soutenue de façon transpartisane par les Sénateurs puis les Députés devait permettre la pérennité financière de la Caisse. Force est de constater que les résultats ne sont pas là et qu’il est nécessaire aujourd’hui de remettre à plat ce modèle ; il doit faire l’objet d’un audit de l’Inspection Générale des Affaires Sociales, ce que j’ai demandé au ministre de tutelle. C’est la protection santé de milliers de nos compatriotes qui est en jeu, je ne lâcherai rien. J'ai toujours défendu la CFE et je continuerai à le faire.

Nos communautés dans notre région ont aussi besoin d’être davantage accompagnées et que notre diplomatie s’appuie davantage sur elles. Aux prises avec la transformation des rapports de force internationaux et l'émergence d'enjeux transversaux structurants, j'ai ainsi toujours plaidé, dans mes interventions à l'Assemblée nationale et ailleurs, pour que notre diplomatie se tourne davantage vers l'Asie, où se trouvent les moteurs de la croissance mondiale présente et à venir - la Chine, l'Asie du Sud-Est et l'Inde.

Enfin, je voudrais alerter sur un risque qui m'inquiète profondément : l'impôt universel basé sur la nationalité, proposé par les partis politiques de gauche. Ce serait une injustice majeure.

Je plaide au contraire pour une fiscalité équitable des non-résidents, avec des règles d'imposition plus claires, un accès pour des biens immobiliers situés en France à des aides et niches fiscales liées à la transition écologique modulées selon les revenus et, de manière plus générale, pour une baisse de la pression fiscale pour le plus grand nombre. En cette période de pénurie de logements, j’ai toujours défendu l’idée qu’il fallait donner envie aux Français à l’étranger d’investir en France. Beaucoup peut être fait sur ce sujet. Mon suppléant Remi Provendier connaît très bien ce sujet et sera un atout précieux pour le faire avancer.

 

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

J'ai eu l'honneur de recevoir l'investiture de la majorité présidentielle dès le mardi 11 juin. J'ai reçu de nombreux soutiens, aussi bien au niveau local que national. Parmi ces derniers, je sais pouvoir compter sur celui du Premier ministre, Gabriel ATTAL, qui n'est pas seulement un jeune talent déjà expérimenté de notre majorité, mais aussi un ami. Le Ministre des Armées, Sébastien LECORNU m’a également contactée pour m’encourager et je suis en contact permanent avec notre Ministre du Commerce Extérieur et des Français à l’Etranger, Franck RIESTER.

J’ai de très nombreux soutiens parmi les Conseillers des Français à l’étranger. J’ai d’ailleurs demandé au président du Conseil consulaire de Singapour, M. Remi Provendier d’être mon suppléant. J’ai aussi reçu de nombreux messages de soutien d’électeurs qui ne se résignent pas à voir leur pays succomber aux passions tristes mais veulent comme moi une France conquérante, à l’avant-garde dans la mondialisation. Je suis très touchée par l’élan très impressionnant des soutiens depuis l’annonce de la dissolution.

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?

Si les Français de la 11e circonscription des Français de l'étranger me renouvellent leur confiance, je m'efforcerai de mener une action efficace pour obtenir des résultats sur quelques besoins essentiels prioritaires à la fois locaux, donc qui concernent directement les français de notre circonscription, mais aussi nationaux car je suis, je le répète, avant tout une élue nationale selon les termes de la Constitution.

Sur le plan national, l’urgence est à la transition écologique, au pouvoir d’achat, à la sécurité, à la réindustrialisation et au commerce extérieur. Je veux donner un exemple concret : j’ai pu aider et accompagner un investisseur français de notre circonscription à installer un ambitieux projet industriel en France, avec 3 500 emplois à la clé ; le parcours était long et sans mon appui auprès des ministères et administrations concernés, le projet serait parti dans des pays non européens, quel dommage !

S’agissant des Français de notre circonscription, je poursuivrai ma vision inclusive de notre situation c’est à dire sur tous les sujets, être des français à part entière, m’assurer qu’en tous points de notre vaste région ils seront protégés, que les initiatives françaises seront mises en avant, que seront mis dans la lumière tous ceux qui valorisent la "marque France", tous ceux qui participent à la force de frappe de la "maison France".

Nous sommes nombreux à être fiers de notre pays, à avoir envie de l’aider à surmonter ses difficultés, à vouloir continuer à voir des étoiles dans les yeux de nos interlocuteurs étrangers lorsque nous prononçons le mot "France". Je serai aux côtés de tous ces français comme je l’ai toujours été depuis sept ans.

Ensemble, défendons notre pays ! C’est aussi le rôle d’une députée !

 

 

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