La Géorgie se divise autour d’un projet de loi du parti au pouvoir Rêve géorgien. Des manifestations des deux camps ont lieu dans les rues de la capitale Tbilissi. Le texte en question, inspiré d’une loi russe, impose que n’importe quel média ou ONG soit enregistré comme "agent de l’étranger", si 20% de ses ressources proviennent d’ailleurs.
En mars 2023, le projet de loi controversé sur l’influence étrangère avait pourtant été retiré. Mais, un an plus tard, le texte est à nouveau sur la table du parlement. Que contient-il pour diviser autant les Géorgiens ? Inspiré d’une loi russe, le projet de loi contraint toute organisation non gouvernementale ou média recevant plus de 20% de son financement de l’étranger à s’enregistrer administrativement. L’organisme serait donc considéré comme une “ organisation défendant les intérêts d'une puissance étrangère”.
Les pro-européens en Géorgie rejettent la loi
“Yes Europe” lit-on sur les banderoles de la « marche pour l’Europe », longue d’un kilomètre sur la principale avenue de la ville, pour rejoindre le Parlement géorgien. Dimanche 28 avril 2024, les rues de la capitale Tbilissi sont remplies. 20.000 personnes manifestent contre le projet de loi, accusé d’être un outil supplémentaire d’un gouvernement instrumentalisé par le Kremlin. Pour le dire autrement, le texte est fortement similaire à une loi russe qui aurait permis au président Vladimir Poutine de faire taire toute opposition. Autre grande préoccupation des opposants au projet de loi : de réduire presque à néant toute chance à la Géorgie d’intégrer à l’avenir l’Union Européenne, comme l’a précisé le président du Conseil européen Charles Michel en décembre 2023.
Des milliers de personnes ont participé ce lundi à un rassemblement organisé par le parti au pouvoir en #Géorgie 🇬🇪 pour défendre le projet de loi sur "l'influence étrangère".
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) April 30, 2024
➡️ Une mobilisation au lendemain d'une manifestation de l'opposition contre ce texte jugé liberticide pic.twitter.com/Wykn7gp8bk
La présidente de la Géorgie et ancienne diplomate française, Salomé Zourabichvili est un allié de taille. Malgré des pouvoirs restreints, la dirigeante - en conflit avec Rêve géogien - a promis qu’elle utiliserait son pouvoir de veto à la promulgation de cette loi.
Le Rêve géorgien manifeste à son tour pour son projet
Le parti au pouvoir a bien l’intention de faire examiner son projet de loi au Parlement. Lundi 29 avril, il organise un rassemblement de milliers de personnes dans la capitale. Le milliardaire Bidzina Ivanichvili, président du Rêve géorgien a pris la parole, expliquant que le projet de loi visait essentiellement à “renforcer la transparence du financement des organisations, pour éviter au gouvernement géorgien d’être instrumentalisé par des puissances étrangères". Son parti dénonce dans un communiqué “les révolutions financées par l'argent sale, les attaques contre l'Eglise, les propagandes LGBT, les propagandes de la drogue, le discrédit des institutions de l'Etat, le radicalisme et la polarisation”.
“Le climat à Tbilissi est tendu. Je me souviens que l’une des premières manifestations - mi-avril- a été intense. Hier (lundi 29 avril) j’ai vu des bus arriver à la capitale déversant des partisans de la loi pour manifester. Vers 1h du matin, la situation s’est calmée. Aujourd’hui, je n’ai pas vu de rassemblement. La loi est en train d’être examinée au Parlement il me semble ” nous raconte Olga, une résidente francophone à Tbilissi. Dans les prochains jours, il est fort probable que chaque camp batte à nouveau le pavé.