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Siège, bagages, enfants…Les 10 frais aériens les plus absurdes de 2025

Les compagnies aériennes redoublent d’imagination pour facturer leurs passagers. C’est ce que révèle AirAdvisor, plateforme internationale spécialisée avec ces 10 suppléments considérés comme absurdes en 2025. De l’inclinaison du siège au simple appel au service client, plus aucun geste n’échappe à la tarification. Mais est-ce légal ?

un réacteur d'avion au coucher du soleil dans le ciel un réacteur d'avion au coucher du soleil dans le ciel
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 2 décembre 2025, mis à jour le 18 décembre 2025

 

Lepetitjournal.com fait le point sur les 10 frais les plus absurdes pour un voyage en avion présentés par AirAdvisor

 

L’heure des voyages de fin d’année arrive. Oui mais… la note pourrait être un peu plus salée que d’habitude, surtout si vous décidez de vous isoler un peu ou au contraire de voyager à côté de vos proches. Absurde vous avez dit ? Et pourtant certaines compagnies aériennes n’ont pas froid aux ailes.  Lepetitjournal.com fait le point sur les 10 frais les plus absurdes pour un voyage en avion présentés par AirAdvisor, plateforme internationale spécialisée dans la compensation.

Pour répondre à la légalité de ces pratiques, la rédaction a posé la question à Maître Daniella Girondin-Vaudrémont, avocate au Barreau de Paris et experte du domaine aérien et touristique : "Ces frais explosent car certaines compagnies ont fait du billet un “produit d’appel” très bas voire anormalement bas. Tout le reste est monétisé. Les compagnies, notamment low-cost, vendent un billet à un prix très attractif puis recréent de la marge sur les options. On parle de revenus “ancillaires” sur lesquels se rattrapent les transporteurs. Cette logique pousse à la fragmentation extrême du produit aérien. Qu’un service additionnel soit payant n’est pas en soi illégal. Ce qui peut poser problème, c’est le manque de transparence. La loi impose une information claire, loyale et transparente à destination des consommateurs. Le passager a souvent l’impression de découvrir le prix réel de son billet seulement à la dernière étape lorsque les informations communiquées ne sont pas claires ou lorsque les frais sont déguisés/cachés/difficiles à comprendre, ce qui peut s’apparenter à une pratique commerciale trompeuse ”

 

 

Qu’un service additionnel soit payant n’est pas en soi illégal. Ce qui peut poser problème, c’est le manque de transparence

 

Incliner son siège, un privilège payant 

Chez la compagnie canadienne WestJet, la refonte des cabines sur ses Boeing 737 MAX et 737-800 a tourné à la farce : la majorité des sièges en classe économique sont désormais fixes. Pour s’offrir quelques degrés d’inclinaison, il faut passer à la classe “Extended Comfort” ou “Premium”, moyennant 20 à 70 euros supplémentaires.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : "Faire payer l’inclinaison du siège revient à monétiser un élément qui, historiquement, faisait partie intégrante de l’équipement de base en cabine. Juridiquement, cette pratique n’est pas illégale, les compagnies étant libres de définir différents niveaux de confort, mais elle interroge au regard du principe de transparence tarifaire : si la majorité des sièges sont désormais fixes, le passager doit en être clairement informé avant d’acheter son billet. Sinon, on tombe dans une information incomplète ou trompeuse"

 

 

 

 

incliner son siège dans un avion avec hublot

 

 

Le bagage cabine devient un luxe 

Le tarif Basic Economy de United Airlines semble alléchant… jusqu’à ce que vous apportiez une valise cabine. Dans cette formule, aucun bagage standard n’est autorisé à bord : il doit être enregistré à la porte d’embarquement contre environ 23 euros. Résultat : le billet “bon marché” finit souvent plus cher qu’un tarif classique. A noter que l’Union européenne discute d’une interdiction des frais sur les bagages cabine, mais le texte n’est pas encore adopté : pour l’instant, seule la présence d’un petit sac sous le siège est réellement garantie.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : "Le droit européen garantit gratuitement un petit sac personnel sous le siège (sac à main/sac à dos), mais pas encore le bagage cabine standard. Les compagnies exploitent donc cette zone grise leur permettant d’afficher des tarifs d’appel artificiellement bas, alors que le prix réel du voyage augmente dès que l’on ajoute un bagage cabine classique. Le problème n’est pas la légalité, mais la confusion et l’insécurité juridique que cette pratique crée pour les passagers. L’Union européenne travaille en effet à interdire ces frais et plus généralement à harmoniser les règles relatives aux bagages cabine en termes de prix, de dimensions et de poids. Cependant, le chemin est encore long car la Commission européenne et le Conseil européen d’un côté, et le Parlement européen de l’autre, ont des positions divergentes ”

 

 

Le siège du milieu… vendu vide 

L’idée fait sourire : plusieurs compagnies, dont Lufthansa, Eurowings et Frontier, commercialisent désormais le “siège voisin inoccupé garanti”. Une façon d’assurer un peu d’espace personnel - pour 10 à 60 euros le trajet - mais au prix d’un supplément qui fait grincer des dents.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : Payer pour laisser un siège vide n’est pas illégal, mais cela ne doit pas masquer une réduction volontaire de l’espace vital offert en classe économique. Là où un espace suffisant était autrefois inclus dans le prix, il devient aujourd’hui une option facturée. La proportionnalité du supplément est essentielle ”

 

 

 

voyager en famille se planifie au centime près...

 

 

Enregistrement et carte d’embarquement : gare à l’oubli 

Un simple oubli peut coûter cher. Ne pas s’enregistrer en ligne avant d’arriver à l’aéroport entraîne jusqu’à 55 euros de pénalité chez Ryanair ou Wizz Air, et 20 euros supplémentaires pour réimprimer une carte d’embarquement. La compagnie irlandaise promet de supprimer ces frais d’ici la fin de l’année, mais le mal est fait : ils restent le symbole de la “tarification punitive”.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : Les frais pour absence d’enregistrement ou de carte d’embarquement sont légaux, mais lorsqu’ils atteignent 55 euros, ils deviennent disproportionnés et peuvent être contestés, surtout lorsque le passager n’a pas été clairement informé ”

 

 


 

un enfant dans l'avion

 

 

S’asseoir avec ses enfants, une option payante 

Chez Ryanair, voyager en famille se planifie au centime près. Pour être sûr qu’un adulte soit assis à côté d’un enfant de moins de 12 ans, un siège réservé doit obligatoirement être acheté. Ce n’est qu’après cet achat que les autres membres de la famille peuvent être placés gratuitement à proximité.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : Faire payer un adulte pour s’asseoir à côté de son enfant est contestable car difficilement justifiable. Au-delà de la dimension morale, la réglementation aérienne impose que les enfants soient placés à proximité d’un adulte responsable pour des raisons de sécurité

 

 

La faute de frappe à 160 euros 

Un nom mal orthographié sur un billet ? L’erreur peut coûter cher. Ryanair facture jusqu’à 160 euros pour une correction manuelle, tandis qu’easyJet impose aussi des frais pour modifier un nom complet, sauf si la faute porte sur moins de trois caractères.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : "Corriger une simple faute de frappe pour 160 euros ou facturer une carte d’embarquement oubliée : ces montants peuvent être contestés lorsqu’ils deviennent manifestement disproportionnés par rapport au service rendu. La procédure pour corriger une erreur sur un billet d'avion dépend de la politique de la compagnie aérienne concernée. Certaines compagnies permettent de rectifier gratuitement ces erreurs, d’autres imposent des frais supplémentaires. Seulement, ces erreurs doivent être mineures (erreur d’orthographe jusqu’à 3 lettres maximum ou confusion nom de jeune fille/nom d'épouse, inversion nom/prénom). Concernant les erreurs majeures telles que le prénom ou le nom de famille complet, les compagnies aériennes tendent à refuser de modifier complètement le nom sur un billet en invoquant des questions de sécurité ou pour éviter la mise en place d'un système de revente de billets. C'est la raison pour laquelle il faut être très vigilant car, en cas d'erreur majeure, il faut racheter un billet ”

 

 

Payer pour éviter le siège du milieu 

Chez British Airways, les passagers en tarif Basic doivent s’acquitter d’un supplément pour choisir leur siège à l’avance - même simplement pour éviter le siège central. EasyJet a adopté la même politique, avec des tarifs allant de 20 à 40 euros pour un siège standard avec plus d’espace pour les jambes.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : “ Les compagnies peuvent faire payer les sièges préférentiels, mais cela doit être clairement annoncé. Le siège du milieu n’est pas une sanction : c’est un emplacement standard. La réservation payante des sièges doit reposer sur une information loyale : le passager doit comprendre que le tarif “ Basic ” implique une assignation aléatoire. Le fait de monétiser l’évitement du siège du milieu n’est pas prohibé, mais il doit être clairement expliqué. La transparence est encore ici l’élément clé ”

 

 

la priorité pour monter dans l'avion a un coût

 

 

Le passage prioritaire à la sécurité devient payant

Autrefois réservé à certains statuts de fidélité, le passage prioritaire à la sécurité est désormais un service vendu par les compagnies et même par certains aéroports comme Dublin ou Manchester. Pour 8 à 20 euros, on peut espérer gagner du temps… ou payer pour éviter une file quasi vide.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : “ Faire payer l’accès prioritaire peut se justifier, mais uniquement si la file “standard” fonctionne correctement. Sinon, le passager paie pour éviter un dysfonctionnement que l’aéroport devrait régler. Les aéroports peuvent monétiser un passage prioritaire, mais cela ne doit pas masquer une dégradation de la file standard. Le passager ne doit pas se sentir obligé de payer pour bénéficier d’un niveau de service normal. Lorsque le passage prioritaire devient indispensable pour ne pas rater son vol, le supplément perd sa légitimité et peut être considéré comme abusif ”

 

 

Appeler un agent humain coûte désormais plus cher que parler à un chatbot

 

 

Réserver par téléphone ? Un supplément 

Appeler un agent humain coûte désormais plus cher que parler à un chatbot. WestJet facture jusqu’à 33 euros de plus pour une réservation par téléphone plutôt qu’en ligne. Un paradoxe à l’heure où l’automatisation est censée simplifier la vie du passager.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : “ A l’ère de l’IA, le chatbot coûtera toujours moins cher que la mobilisation d’agent humain. Cependant, le montant doit rester raisonnable et proportionné au service rendu ”

 

 

Retard, annulation, indemnités… Quels droits en tant que passager aérien en 2025 ?

 

 

Le “deuxième siège” pour les passagers corpulents 

Aux États-Unis, plusieurs compagnies - dont United, American Airlines et Southwest - exigent qu’un passager achète un second siège s’il ne peut s’asseoir “confortablement, accoudoirs abaissés”. Southwest rembourse parfois ce siège après le vol, mais cette pratique continue de diviser.

Maître Daniella Girondin-Vaudrémont : Imposer l’achat d’un second siège à un passager corpulent pose des questions de discrimination. La pratique n’est pas autorisée en Europe dans les mêmes termes. Cette pratique soulève des questions évidentes de discrimination tarifaire et de dignité, surtout lorsqu’aucune solution alternative n’est proposée. En Europe, la politique est différente : les compagnies doivent proposer des aménagements raisonnables et veiller à ne pas appliquer de discriminations indirectes ”

 

 


 

Des recours face à de tels suppléments en avion ? 

Interrogée par la rédaction, Maître Daniella Girondin-Vaudrémont  précise les recours possibles pour éviter les abus : "une pratique légale n’est pas forcément légitime. D’abord, le passager peut contester tout frais abusif qui n’a pas été clairement annoncé au moment de l’achat. Ensuite, il peut invoquer l’absence de proportionnalité ou la violation du droit à une information loyale. Et bien sûr, les protections classiques demeurent : compensation de 250 à 600 euros en cas de vol retardé ou annulé (Règlement EU261/2004), et indemnisation jusqu’à 1.860 euros pour les bagages perdus ou endommagés (Convention de Montréal). Beaucoup de passagers ignorent que ces droits existent ”

 

Un conseil avant de prendre son billet ? 

  • Vérifiez les conditions tarifaires (CGV/CPV) de la compagnie avant d’acheter un billet au tarif Basic
  • Enregistrez-vous en ligne dès que possible
  • Photographiez votre carte d’embarquement si imprimée à l’aéroport
  • Soyez vigilant lorsque vous renseignez votre identité au moment de la réservation et vérifiez les frais de modification
  • Privilégiez une réservation de sièges sur le site des compagnies plutôt que via des comparateurs de vols 
  • Conservez toutes les preuves en cas de litige
  • Et surtout : ne pas hésiter à faire valoir vos droits. Contrairement aux idées reçues, le droit aérien protège largement les passagers, même s’il doit encore évoluer en ce sens ”

 

 

Maître Daniella GIRONDIN-VAUDRÉMONT (EI)  Avocate au Barreau de Paris  Lawyer at the Paris Bar
Maître Daniella GIRONDIN-VAUDRÉMONT (EI)

Merci Maître Daniella GIRONDIN-VAUDRÉMONT (EI), Avocate au Barreau de Paris d'avoir répondu à nos questions. Pour la contacter, par ici : Tél. +33 (0) 6.12.85.55.41 ou dgvaudremont-avocat@orange.fr 

 

 

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