Mayotte vit une fin d’année 2024 ô combien difficile après le passage dévastateur du cyclone Chido. Le 14 décembre 2024, le phénomène météorologique a ôté la vie de plusieurs centaines de personnes, à minima, selon Xavier Bieuville, préfet du département français, en plus d’avoir rendu les routes impraticables, détruit les habitations et paralysé les infrastructures essentielles. Cyrille Montain, résident et professeur à Mayotte nous raconte la situation sur place la détermination à aller de l’avant.
“Nous sommes sortis à temps, les plafonds se sont effondrés et nous avons perdu notre toit. Nous logeons chez des amis.”
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Cyrille Montain est professeur, auteur de Piqué au tiare et Dakar expat' et vit à Mayotte avec son épouse depuis 2021. Le 14 décembre 2024, un cyclone compact et intense nommé Chido s’abat sur l’île, pendant plus de 6 heures, dont 45 minutes avec des vents à plus de 200 km/h. “A l’aéroport, les mesures donnaient 226 km/h” raconte le résidant. Cyrille et son épouse voient que leur faux plafond bouge beaucoup, et décident de sortir de leur logement situé au 1er étage dans le village de Sada, centre-ouest. “Nous sommes sortis à temps, les plafonds se sont effondrés et nous avons perdu notre toit. Nous logeons chez des amis.”
Le 18 décembre 2024, le bilan provisoire était de 31 décès confirmés et quelque 1.400 blessés mais le sinistre aurait fait plusieurs centaines voire un millier de morts selon Xavier Bieuville, préfet du département français.
Pas d’eau, pas d’électricité, plusieurs heures avant de rassurer les proches
“Nous sommes plutôt optimistes, au vu des habitants autour de nous qui, dès le lendemain, sortaient leur tronçonneuse pour déblayer les rues et les maisons.” Dès le 15 décembre, Cyrille et son épouse retournent chez eux, mettant en sécurité leurs biens. Le soir, le couple se rend non sans mal à Mamoudzou, capitale de Mayotte pour pouvoir appeler ses filles en France et les rassurer. Au quotidien, Internet n’est pas encore revenu, l'électricité n’est pas de retour avant 3 semaines selon le Préfet, mais l’eau recommence à couler du robinet, quelques heures par jour; “Nous avons des amis qui ont mis des bâches pour récolter l’eau de pluie, c’est le système D” raconte Cyrille, rappelant que la situation est bien pire dans le nord, qu’il se sent, malgré tout, privilégié. La radio a cessé d’émettre en plein cyclone pour ne reprendre que le mercredi 18 décembre 2024 : “c’est très dur d’être sans informations…”
Les enfants donnent du baume au cœur : “tous les soirs, j’entends les enfants de mon quartier jouer au football, de bonne humeur.
Les écoles très abîmées voire dévastées, une rentrée déplacée ?
Les enfants donnent du baume au cœur : “tous les soirs, j’entends les enfants de mon quartier jouer au football, de bonne humeur. Mon propriétaire est très souriant et fait beaucoup de blagues. Les habitants sont immédiatement dans la solidarité et la reconstruction” raconte Cyrille à Sada. Le couple aimerait prendre un avion dès que possible pour la France, non pas pour fuir, insiste le résidant, mais pour souffler : “je sais qu’il y a des polémiques, mais nous ne sommes pas charpentiers ou électriciens, c’est difficile de pouvoir aider à ce stade. Aller prendre du repos auprès de nos proches pour être opérationnels pour la rentrée - peut être décalée - me semble plus approprié.
Les établissements scolaires sont dans un état catastrophique, (...) Je pense que nous allons vivre une rentrée dégradée.
Les établissements scolaires sont dans un état catastrophique, comme le lycée Bamana à Mamoudzou ", constate Cyrille, attendant la décision du préfet de décaler ou non la rentrée scolaire. “Je pense que nous allons vivre une rentrée dégradée. Je ne sais pas si nos établissements seront en sécurité en janvier. Nous sommes déjà en sureffectif au niveau des élèves. Je connais des collègues professeurs traumatisés, certains pourraient ne pas revenir. Nous, nous reviendrons, c’est certain.” conclut plein d’espoir Cyrille.
Appel aux dons : une solidarité essentielle à Mayotte
Si le gouvernement français a débloqué une aide d’urgence, des appels aux dons ont été lancés par différentes organisations locales et internationales, pour venir en aide aux sinistrés. La Croix-Rouge de Mayotte récolte des fonds servant principalement à fournir des biens de première nécessité tels que de l’eau potable, des denrées alimentaires et des kits d’hygiène.
Il est aussi possible de donner au Secours Populaire, en se rendant sur le site secourspopulaire.fr ou bien en envoyant la contribution par voie postale à l'adresse "9/11 rue Froissart, BP 33030, 75123 Paris Cedex 03" en précisant "Fonds d'urgence".
Face à la catastrophe, la Fondation de France a aussi lancé un appel urgent à la solidarité nationale et internationale. Forte de son expérience dans des contextes similaires, comme les cyclones Irma, José et Maria qui avaient frappé les Antilles françaises, l’organisation mobilise ses ressources et ses partenaires locaux dans la zone de l’océan Indien pour répondre aux besoins immédiats. Souhaitons à Mayotte de vivre plus de quiétude et de sérénité dans les mois à venir.