Élue le 17 janvier à la tête du Parlement européen, la maltaise de 43 ans Roberta Metsola succède à l’italien David Sassoli, décédé le 11 janvier des suites « d’une complication grave due à un dysfonctionnement du système immunitaire ». Membre du parti populaire européen (PPE) conservateur, et connue pour sa positivion anti-IVG, Roberta Metsola a malgré tout reçu le soutien des eurodéputés libéraux et sociaux-démocrates.
Une femme moderne, mère de quatre enfants, profondément attachée à son pays : c’est l’image que Roberta Metsola souhaite donner d’elle-même, à voir le film de campagne pour la vice-présidence du Parlement européen sur son site. L’élection de la candidate du PPE s’est faite sans opposition manifeste mais a suscité des questionnements sur la cohérence de son profil avec la ligne du Parlement européen. Portrait de la troisième femme élue à la présidence du Parlement de l’Union Européenne.
Roberta Metsola, une pro-UE de la première heure
Roberta Metsola raconte que son militantisme politique est né en 2002. Cette année-là, les Maltais se préparent à voter pour le référendum de mars 2003, à propos de l’entrée de l’île dans l’Union Européenne. Roberta Metsola a alors 23 ans. Après un master de droit, elle part à Bruges étudier le droit européen. En parallèle de ses études et à seulement 25 ans, la jeune femme fait campagne pour les premières élections du Parlement Européen à Malte. Elle n’est pas élue, ni la fois suivante. Roberta Metsola fait finalement son entrée au Parlement Européen en 2013, et elle y est réélue en 2014 et 2019. Le 12 novembre 2020, Roberta Metsola est élue première vice-présidente du Parlement Européen.
Entre conservatisme et progressisme, un profil ambivalent
Roberta Metsola siège au Parlement européen au sein du Parti populaire européen (PPE) et se bat depuis toujours pour faire entendre la voix de son pays à égalité avec les autres. La Maltaise se définit comme conservatrice progressiste. Elle s’est de fait toujours opposée à l’avortement mais défend par ailleurs les droits LGBTIQ+ et la liberté de la presse. On lui reproche également son abstention lors du vote d’une résolution sur la criminalisation des violences faites aux femmes en septembre 2021. Durant les premières années de ses mandats d’eurodéputée, Roberta Metsola s’est engagée dans la lutte contre la corruption. Elle a ainsi été l'une des rares personnalités politiques de l’île à critiquer ouvertement le gouvernement après l’assassinat en 2017 de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia qui menait une enquête sur les liens entre la mafia et le pouvoir.
Une élection à la tête du Parlement européen orchestrée par une coalition de partis
La Maltaise de 43 ans a été largement élue avec 458 voix sur 703, mais des voix se sont élevées pour critiquer cette élection. Le positionnement anti-IVG de la nouvelle présidente pose question, alors que le Parlement européen est pleinement engagé dans la lutte pour les droits des femmes. Malte est de fait le seul pays de l’Union Européenne où l’avortement est encore criminalisé, y compris en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la mère. L’élection de Roberta Metsola fait en réalité partie d’un accord des trois partis principaux, les conservateurs du PPE, les centristes de Renew et les socialistes, qui se sont entendus sur une répartition équitable des postes à renouveler. La troisième femme élue à la tête du Parlement européen a néanmoins assuré qu’elle ferait passer la position du Parlement européen avant ses convictions personnelles. « La politique ne peut se résumer à des gagnants et de perdants. Il s’agit d’améliorer la société, les vies. De rendre service. Et c’est là que le Parlement européen doit être un leader » a-t-elle déclaré, lors de sa première allocution. De leur côté, les Verts et le parti de la gauche qui avaient chacun présenté une candidate, regrettent une dilution des débats au profit de calculs politiques.