Les enchères des vins des Hospices de Beaune, rendez-vous du luxe et de la charité, s'ouvrent dimanche sous le parrainage de stars hollywoodiennes, dont Eva Longoria et Jean Reno, appelés à pousser une vente moins fournie en raison d'une récolte amputée par les aléas climatiques.
La vente des vins des Hospices de Beaune, grand-messe du luxe et de la charité, est restée loin des records dimanche, en raison d'un nombre de lots réduit et malgré la présence de quatre stars, dont Eva Longoria et Jean Reno.
Les recettes de ces enchères, les plus anciennes du genre au monde, ont plafonné à 13,944 millions d'euros (hors frais), loin du record de 2022 (29 millions d'euros) et sous les 23,3 millions d'euros atteints en 2023.
Le lot-vedette, non inclus dans les recettes totales, n'a été adjugé "que" 360.000 euros, plus un don supplémentaire de 100.000 euros, en dépit des harangues des stars appelées à la rescousse pour doper la vente.
"Faites de belles enchères. Ce que vous achetez aujourd'hui représente des vies sauvées", a lancé aux enchérisseurs le Britannique Dominic West, réputé pour son rôle de Charles III dans la série "The Crown".
"Aidez-nous à aider les autres. Merci beaucoup", a renchéri le Français Jean Reno, mais sans réussir à affoler les centaines d'enchérisseurs réunis dans la "capitale" des vins de Bourgogne, Beaune (Côte-d'Or).
Le lot était un fût de Beaune Premier Cru vendu au profit de deux associations: Médecins sans frontières (MSF), représenté à la vente par Dominic West et Zabou Breitman, et l'ONG espagnole Global Gift Foundation (GGF) qui vient en aide aux enfants vulnérables et dont les ambassadeurs à la vente étaient Jean Reno et l'Américaine Eva Longoria (dans la série Desperate Housewives).
L'acquéreur, le Brésilien Alaor Pereira Lino, est un acheteur régulier des enchères de Beaune. "Au Brésil, il y a beaucoup de dengue, on sait déjà ce que cela signifie", a-t-il déclaré après l'adjudication. MSF avait dit vouloir utiliser ce qu'il toucherait de cette vente pour financer un projet au Honduras visant à combattre la dengue, dont les cas se multiplient en raison du changement climatique.
Le prix obtenu est très loin du record de 810.000 euros obtenu en 2022 pour ce genre de "pièce de charité", un fût de 228 litres (soit 288 bouteilles de 75 cl) réservé à une œuvre caritative autre que les quatre hôpitaux publics et cinq Ehpad gérés par les Hospices de Beaune.
Mais l'adjudication dépasse quand même celle de 2023 (350.000 euros).
L'accalmie des prix peut de plus être bienvenue. "Une détente des prix à des niveaux d'il y a quatre cinq ans peut faire revenir des clients", souligne Albéric Bichot, patron de la maison du même nom et l'un des principaux acheteurs à Beaune.
- Le prix moyen progresse -
La vente était de toute façon limitée par le nombre restreint de lots. Outre la "pièce de charité", seules 445 pièces ont été passées sous le marteau, plus trois feuillettes (demi-fûts), soit le deuxième plus faible nombre de lots de l'histoire de la vente.
La faute à une météo capricieuse qui a amputé la récolte "de moitié par rapport à l'habituel", souligne auprès de l'AFP Ludivine Griveau, régisseuse du domaine viticole des Hospices.
"C'est le quatrième millésime le plus arrosé depuis 1959, avec +87% pour la Bourgogne", explique-t-elle.
"On est quand même content", a brièvement réagi auprès de l'AFP le directeur des Hospices, Guillaume Koch. Le groupement hospitalier, fort de quatre hôpitaux publics et cinq Ehpad, compte sur les recettes de ces enchères pour l'entretien et la modernisation de ses structures, des dépenses non subventionnées par l’État.
Depuis leur fondation, les Hospices vivent ainsi des dons qui sont faits majoritairement en vignes, comme de bien entendu en Bourgogne. Au fil des siècles, ce ne sont pas moins de 60 hectares de vignes qui ont ainsi été amassés, certaines parmi les plus prestigieuses au monde.
"L'argent de la vente, c'est vital", souligne Guillaume Koch auprès de l'AFP.
Le directeur peut se consoler avec cette baisse relativement raisonnable qui ne dément pas l'intérêt pour les bourgognes.
Preuve en est que le prix moyen par pièce vendue a progressé de 2,5% par rapport à l'an dernier, à 31.647 euros. Ce prix a bondi de près de 90% depuis 2018.
"L'intérêt pour la Bourgogne reste plus fort que jamais", estime ainsi Marie-Anne Ginoux, directrice générale de Sotheby's France, leader mondial des enchères de vins, qui gère celles de Beaune.
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